Le leader français du nucléaire a subi, ce 23 mai, une attaque terroriste sur l'une de ses mines d'uranium au Niger, provoquant la mort d'un de ses salariés. Areva est pris en étau entre le risque islamiste et sa dépendance au minerai nigérien.
Areva est une nouvelle fois la cible des terroristes islamistes au Niger. L'un de ses sites d'uranium a été visé par un attentat à la voiture piégée aux aurores, ce jeudi 23 mai. Quatorze collaborateurs ont été blessés, l'un d'eux a succombé à ses blessures, d'après la direction qui condamne une nouvelle "attaque odieuse contre ses personnels".
Déjà en septembre 2010, sept salariés du groupe et de ses sous-traitants avaient été enlevés, dont quatre sont toujours détenus actuellement. Après quoi, Areva a rapatrié une grande partie de son personnel non-nigérien du pays, pensant dissuader ainsi les attaques.
L'agression de ce jour démontre que cela n'est pas suffisant. Reste qu'Areva n'a pas de marges de manœuvre. Le groupe doit trouver d'autres moyens de renforcer sa sécurité : l'entreprise est bien trop dépendante de ses exploitations nigériennes pour envisager de quitter le pays.
La deuxième plus vaste mine du monde est nigérienne
Selon certaines associations, plus d'un tiers des besoins d’Areva en uranium seraient comblés par le Niger, où elle opère depuis près de 50 ans. Dans ses publications, le groupe avance qu’en 2011, les 8.700 et quelques tonnes produites provenaient à parts égales du Niger, du Canada et du Kazakhstan (voir carte).
Dans ce pays d'Afrique de l'ouest, frontalier du Mali, Areva dispose de trois sites d'exploitation. Deux grandes mines sont actuellement en service dans la région d'Arlit, au nord du pays. L'uranium qui en est extrait, environ 3.600 tonnes en 2012, représenterait 37% de sa production totale.
Une proportion amenée à augmenter encore puisque sa troisième mine, celle d'Imouraren, doit devenir la deuxième plus vaste exploitation d'uranium à ciel ouvert au monde. Mais son inauguration, prévue pour 2012, a été reportée plusieurs fois, justement après des troubles dans la région.
Des tentatives pour réduire cette dépendance
Outre les dangers auxquels elle est exposée, l'entreprise est confrontée à des tensions avec Niamey. Le gouvernement nigérien s'insurge régulièrement du fait que son partenariat avec Areva ne lui rapporte pas autant qu'il le devrait.
Le président du quatrième pays producteur d'uranium au monde n'hésite d'ailleurs pas à menacer de privilégier désormais la Chine, concurrente de plus en plus sérieuse du leader français du nucléaire. En février dernier, Areva a ainsi dû revoir à la hausse le prix de ses permis d'exploitation et promettre des investissements supplémentaires.
Areva tente bien de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'Etat sahélien. Elle projette par exemple d'augmenter sa production au Canada et mène des prospections en Mongolie, en Australie, au Gabon ou en Namibie. Mais ces initiatives ne porteront pas leur fruit avant plusieurs années.... suite de l'article sur Autre presse