La situation qui prévaut dans le nord-est du Nigéria a de lourdes retombées sur l'extrême sud-est du Niger voisin. Les confrontations armées s’étendent désormais jusqu’à certains villages situés à quelques centaines de mètres de la frontière nigérienne et, pour la première fois, des affrontements ont opposé les forces armées nigériennes à des éléments armés actifs dans cette région du pays.
« Les récentes attaques près de la frontière ont une nouvelle fois poussé des centaines de familles en quête de sécurité à se réfugier dans la région de Diffa », explique M. Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Niger. « Nous sommes inquiets des conséquences humanitaires que cette situation entraîne dans cette partie du Niger, qui accueille déjà plusieurs milliers de déplacés. »
Prendre en charge les blessés
Les violences de ces dernières semaines ont fait de nombreux blessés, dont neuf ont été évacués sur l'hôpital régional de Diffa, une structure soutenue par le CICR. Un cas plus grave a été dirigé vers l’hôpital national de Zinder.
Le CICR continue d’approvisionner l’hôpital de Diffa, principal centre de soins de la région, en médicaments et autre matériel médical, afin de renforcer les capacités de prise en charge de l’établissement, en cas d’afflux massif de blessés par balle. Le CICR soutient également le centre de santé de Bosso, sur les bords du lac Tchad, qui admet un grand nombre de déplacés.
Offrir un secours d'urgence aux déplacés
Dans les îles du lac Tchad, une zone isolée située aux confins des frontières du Tchad, du Niger et du Nigéria, des milliers de déplacés, des réfugiés et des personnes de retour chez elles, vivent dans des conditions très précaires.
Niger. 7 mai 2014. Familles de déplacés ayant perdu leur maison et leurs biens obligés de s’installer sur un site de fortune à Arimanga, Région de Diffa
« Plusieurs centaines de familles n’ont pas accès aux services de base tels que l’eau, les soins de santé et l’éducation pour leurs enfants ; certaines ne disposent même pas d’abri », explique Jean-Pierre Nereyabagabo, expert en sécurité économique du CICR. « La situation dans ces îles est d’autant plus complexe qu’elles ne disposent d’aucune d’infrastructure adéquate pour supporter l’afflux actuel de déplacés. Avec la montée des eaux et l’impossibilité de s’y rendre autrement qu’en pirogue, toute opération constitue un véritable défi logistique ».
C’est dans ce contexte que le CICR et la Croix-Rouge nigérienne viennent d’achever une distribution de nourriture pour quelques 1 800 déplacés particulièrement vulnérables ayant trouvé refuge sur les îles de Gadira, Koitamota et Karamga. Cette opération porte à environ 12 000 le nombre total de personnes qui bénéficient d’un appui d’urgence du CICR dans la région.
Niger. 5 mai 2014. Des sacs de riz transbordés des camions du CICR dans des pirogues pour une assistance d’urgence pour les déplacés sur l’île de Karamga.
Par ailleurs, dans le département de Bosso, des dizaines de familles qui avaient perdu leurs maisons et leurs biens, incendiés lors de l’attaque de leurs villages, ont reçu des articles de première nécessité (couvertures, bâches, moustiquaires, nattes, vêtements et ustensiles de cuisine).
« Depuis la déclaration de l’état d’urgence suite à l’escalade de la violence armée dans certains États du nord-est du Nigéria, le CICR a renforcé sa présence dans la région de Diffa. Face à l’évolution de la situation, nous entendons nous donner les moyens de répondre efficacement et rapidement aux besoins humanitaires des personnes qui fuient cette violence et cherchent refuge au Niger », ajoute M. Marti.