Un juriste nigérien a été arrêté dimanche et placé en garde à vue pour avoir commenté un arrêt de la Cour constitutionnelle, qui accusait le président du Parlement, passé à l’opposition, d’avoir "violé la Constitution", ont indiqué lundi ses collègues.
"Dimanche, la police judiciaire a convoqué Boubacar Hassane. Elle l’a interrogé pendant une heure et demi, puis lui a notifié qu’il serait gardé à vue", a expliqué devant la presse Maïna Karté, membre de l’Association des constitutionnalistes du Niger (ACN), dont M. Hassane est le président.
Les commentaires de Boubacar Hassane, figure de la société civile, portaient sur un arrêt rendu vendredi par la Cour constitutionnelle, saisie par les députés du camp présidentiel.
Dans sa décision, la Cour avait accusé le président du Parlement Hama Amadou, ex-allié du régime passé en août 2013 dans l’opposition, d’être responsable du "blocage" de travaux au Parlement et d’avoir par conséquent "violé la Constitution".
M. Hassane aurait déclaré que la Cour a "outrepassé ses attributions constitutionnelles", a rapporté samedi le procureur de la République Boubacar Ibrahim, pour qui le juriste est allé "trop loin dans ses commentaires".
"Nous pensons que le pouvoir ne veut pas tout simplement de la contradiction. Nous n’allons pas nous laisser museler", a averti Maïna Karté, pour qui Boubacar Hassane "a fait un commentaire technique, comme l’autorise la loi".
Le Parlement est bloqué depuis le 17 avril du fait du refus des élus proches du régime, majoritaires à l’Assemblée, d’élire deux opposants à des postes de vice-présidents du Parlement.
A deux ans de la présidentielle de 2016, le climat politique est très tendu entre le régime du président Mahamadou Issoufou et son opposition.
Une dizaine de personnes, pour la plupart journalistes, militants ou opposants, avaient été arrêtées puis relâchées en début d’année pour des délits d’opinion.