Niamey - La bonne tenue des élections en Guinée-Bissau est un gage de succès pour le processus ultérieur dans ce pays, c’est-à-dire pour la réconciliation et la reconstruction nationales, a estimé lundi à Bissau, le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo.
S’adressant à la presse peu après la présentation de la Déclaration préliminaire de la CEDEAO sur le processus électoral qui s’est achevé avec la tenue, la veille, du second tour d’une élection présidentielle calme et pacifique, M. Ouédraogo a tenu à féliciter l’ensemble de la classe politique pour l’exemplarité ainsi démontrée.
Il a exhorté les Bissau-guinéens à «maintenir cette attitude après les élections et à s’engager de façon pacifique dans l’œuvre de reconstruction et de réconciliation nationales», estimant qu’au regard du déroulement des opérations électorales aussi bien au premier qu’au second tour, «tout s’est passé de façon pacifique, libre et transparente».
«Je crois, et c’est l’avis de toutes les missions d’observation, que ces élections peuvent être considérées comme crédibles selon tous les standards internationaux d’observation des élections. C’est assurément une victoire du peuple de Guinée-Bissau, une victoire de la classe politique de Guinée-Bissau, et je voudrais saisir cette occasion pour les féliciter», a-t-il dit.
Le président de la Commission de la CEDEAO a, en même temps, lancé «un appel pour que cette attitude républicaine soit maintenue après les élections afin qu’ensemble, les Bissau-guinéens puissent reconstruire leur pays sur la base d’une vraie réconciliation et également d’une approche inclusive pour la gestion des affaires du pays».
Avec un passé tumultueux marqué par une instabilité due à des coups d’Etat à répétition, la Guinée-Bissau a été, en avril 2012, le théâtre d’un putsch militaire qui a renversé le pouvoir entre deux tours d’une élection présidentielle. Depuis, un régime de transition a été mis en place, qui devra céder la place au pouvoir issu des présentes élections.
Dans la déclaration préliminaire lue devant une nombreuse assistance, la mission d’observation électorale (MOE) de la CEDEAO a estimé que la conclusion de l'élection présidentielle et du processus de transition en Guinée-Bissau a été un réel succès, dû principalement à l'engagement résolu des chefs d'Etat et de gouvernement de la région.
Elle a exprimé sa gratitude au président du groupe de contact régional sur la Guinée-Bissau, Goodluck Ebele Jonathan du Nigéria, au médiateur de la CEDEAO en Guinée-Bissau, Alpha Condé de Guinée, aux présidents passé et présent de l'Autorité, Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et John Dramani Mahama du Ghana, ainsi qu’à tous les Etats membres de la CEDEAO pour leur démonstration de solidarité concrète envers la Guinée-Bissau pendant qu’elle en a eu besoin.
La MOE de la CEDEAO félicite les deux candidats au second tour du scrutin, José Mario Vaz et Nuno Gomes Nabian, pour avoir «fait preuve de sens politique et d’une conduite exemplaire à ce jour», et les invite à «maintenir le cap de la pondération, de la légalité et de la paix jusqu'à la fin du processus».
Elle exhorte en particulier les deux candidats, leurs partis politiques et leurs partisans à accepter le verdict des urnes qui sera proclamé par la Commission nationale électorale (CNE), à ne pas annoncer prématurément les résultats du scrutin, mais à attendre la déclaration officielle par l'autorité compétente, conformément à la loi électorale du pays.
Décrivant le processus électoral depuis le début de ces élections, dont le premier tour s’était tenu le 13 avril, la mission de la CEDEAO en tire un bilan globalement satisfaisant, estimant que dans l'ensemble, le traitement des électeurs et les opérations de vote ont suivi les normes acceptables et ce, en conformité avec les lois et les procédures régissant les élections dans le pays.
Une meilleure gestion du processus de vote, la plus grande familiarité des agents électoraux et des électeurs avec le processus et le nombre considérablement réduit de candidats sur le bulletin de vote ont assuré une opération de vote rapide, chaque électeur n’ayant eu besoin que d'environ une minute pour terminer le processus.
Par conséquent, plus de 50 pour cent de l'électorat avait déjà voté à midi. Vers 15h00, il n’y avait pratiquement plus de file d’attente dans la plupart des bureaux de vote d’autant que tous les électeurs qui le voulaient avaient exercé leur droit, permettant ainsi aux bureaux de vote de fermer à l'heure prévue, à savoir17h00.
La MOE de la CEDEAO souligne, en outre, que le dépouillement et la certification des opérations dans les bureaux de vote ont été menés de manière transparente et professionnelle, en présence des agents des deux candidats, des moniteurs de la CNE et des observateurs.
En conclusion, elle estime que les normes observées dans les élections générales du 13 avril 2014 en Guinée-Bissau ont été maintenues et davantage améliorées dans plusieurs domaines, notamment dans la gestion du second tour de la présidentielle du 18 mai, y compris dans la facilité d'identification des bureaux de vote, l'adéquation du matériel électoral et l'efficacité du droit de vote et du processus de dépouillement.
La présentation de la déclaration de la CEDEAO s’est déroulée sous la présidence du Pr Amos Sawyer, ancien président du gouvernement intérimaire d’union nationale du Libéria, et en présence de l’ancien chef de l’Etat mozambicain Joaquim Chissano, en sa qualité de chef de la mission d’observation électorale de l’Union africaine (UA).
A noter que les missions de la CEDEAO et de l’UA ont abouti à des constats et conclusions identiques, tout aussi semblables à ceux des autres missions venues représenter l’Union européenne, l’Union économique et monétaire ouest-africaine, la Communauté des pays de langue portugaise, l’Organisation internationale de la francophonie, les Etats-Unis d’Amérique, etc.