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Persistance de la crise à l’Assemblée nationale : Un véritable imbroglio juridico-politique !
Publié le jeudi 22 mai 2014   |  La Griffe


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© Autre presse par DR
Assemblée Nationale: Cérémonie d’ouverture de la session budgétaire au titre de l’année 2013


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Malgré l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 15 Mai 2014 exigeant la reprise de l’élection des deux membres du bureau restants de l’Assemblée nationale, la sérénité est loin de revenir au sein du parlement nigérien.

Les députés de la majorité et ceux de l’opposition refusent toujours de s’entendre sur le choix des candidats aux deux postes de vice-présidents. Devant ce qu’elle considère comme une volonté de la majorité de lui imposer des candidats à des postes qui lui reviennent de droit, l’opposition parlementaire a tout simplement décidé de renoncer à occuper les postes de deuxième et troisième vice-présidents.

Exécutant l’arrêt n°006/CC/MC du 16 Mai 2014, dans lequel la Cour constitutionnelle l’accuse déjà d’avoir violé la Constitution, le Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou a convoqué ses autres collègues députés, le samedi 17 Mai dernier, en vue de la poursuite de l’élection des deux vice-présidents de l’Assemblée nationale, notamment les deuxième et troisième vice-présidents qui doivent tous être de l’opposition. Conformément aux instructions de l’arrêt de la Cour, le Président de l’Assemblée nationale a demandé aux groupes parlementaires de l’opposition d’introduire de nouvelles candidatures. Si au niveau du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA-AFRICA) la seule candidature de l’honorable Amadou Sala a été reconduite sans problème, au niveau du groupe parlementaire de l’Alliance pour la réconciliation nationale (ARN), il a été enregistré trois candidatures. Il s’agit de celle de M. Falké Bacharou, qui avait été déjà rejetée par la majorité parlementaire et celles des autres députés qui figurent parmi les treize (13) parlementaires de l’ARN ayant décidé de soutenir les actions du Président de la République Issoufou Mahamadou. A l’issue d’un vote effectué au sein du groupe, la candidature de M. Falké Bacharou a eu le soutien de dix-sept (17) députés sur les trente (30) que compte le groupe parlementaire de l’ARN. C’est donc cette candidature qui a été déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale comme étant celle du groupe parlementaire de l’ARN. Mais à l’issue de deux opérations de vote, M. Falké Bacharou n’a pas pu obtenir la majorité requise pour être élu au poste de deuxième vice-président de l’Assemblée nationale. Seuls trente quatre (34) députés sur les cent (100) ayant pris part au vote ont soutenu sa candidature. Un troisième tour n’étant pas prévu, le Président de l’Assemblée nationale a invité le groupe parlementaire de l’ARN à lui soumettre de nouvelles candidatures. Mais le président de ce groupe a indiqué qu’ils n’ont pas d’autres candidatures que celle de l’honorable Falké Bacharou et que face à la décision de la majorité parlementaire de ne pas le voter, il est inutile que le processus soit repris pour revenir au même résultat. L’honorable Abdoulkadri Tidjani a tout simplement notifié au Président de l’Assemblée nationale que son groupe parlementaire n’a d’autre choix que de renoncer à présenter toute candidature au poste de deuxième vice-président. Le processus devait se poursuivre pour la désignation du troisième vice-président qui revient au groupe parlementaire du MODEN-FA/LUMANA-AFRICA. Mais par solidarité au groupe parlementaire de l’ARN, le groupe LUMANA a aussi décidé de renoncer à présenter son candidat. Faute de candidatures de l’opposition pour ses deux postes de vice-président, le Président de l’Assemblée nationale a ainsi levé la séance.

Un mois donc après le début de sa mise en place, le bureau de l’Assemblée nationale n’est toujours pas au complet. Cette situation est née, d’une part, du refus obstiné de la majorité parlementaire à voter pour M. Falké Bacharou au poste de deuxième vice-président et, d’autre part, au refus catégorique du groupe parlementaire de l’ARN à proposer une autre candidature que celle du même Falké Bacharou. Où va-t-on donc avec un tel scénario ? Le bureau de l’Assemblée nationale peut-il objectivement continuer travailler tout en étant incomplet ? Déjà très critiquée par beaucoup d’observateurs pour la présence à son sein des députés élus dans des conditions pas très démocratiques, en raison du rejet des listes de certaines grandes formations politiques dans leurs fiefs respectifs, notre Assemblée nationale actuelle risque de souffrir d’un autre déficit de légitimité avec l’absence au sein de son bureau de représentants des principaux groupes qui la composent. En vérité, la situation que vit notre parlement, depuis le 17 Mai dernier, est plus un problème politique que juridique. En effet, c’est la première fois dans l’histoire démocratique du Niger qu’on a assisté à une crise entre la majorité et l’opposition à propos de la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale. Toutes les autres fois, l’élection et le renouvellement du bureau du parlement se sont toujours déroulés dans une véritable entente entre les deux parties. Qu’on le veuille ou pas, ce à quoi on assiste aujourd’hui est tout simplement le résultat de la tension qui règne entre le pouvoir et l’opposition sur le plan politique. Et qu’on le veuille ou pas aussi, la solution à cette situation est entre les mains des politiciens.

Habibou Abdou

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