NIAMEY - Les auteurs des deux attentats-suicides perpétrés jeudi au Niger, contre un camp militaire à Agadez et contre un site du groupe nucléaire français Areva à Arlit "venaient de Libye", a affirmé samedi le président nigérien Mahamadou Issoufou.
"Les assaillants, selon toutes les informations que nous avons eues, venaient de Libye, du Sud libyen", a déclaré M. Issoufou, confirmant des informations déjà avancées par des responsables nigériens sitôt après les attentats.
Ces attaques confirment que "la Libye continue d’être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel", a-t-il poursuivi, s’exprimant à l’issue d’une rencontre à Niamey avec le patron du groupe Areva, Luc Oursel.
A Agadez, la grande ville du Nord désertique, 24 personnes ont été tuées, essentiellement des militaires nigériens, selon le dernier bilan officiel. A Arlit, site d’extraction d’uranium, un employé d’Areva a été tué et 14 blessés, tous nigériens, selon le groupe. Dix jihadistes sont morts, d’après Niamey.
Les attentats, les premiers du genre au Niger, ont été revendiqués par Les Signataires par le sang, groupe du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar - qui avait été donné pour mort par le Tchad - et par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Le Mujao est l’un des groupes islamistes liés à Al-Qaïda délogés du Nord malien depuis janvier par l’intervention des forces militaires françaises et africaines, notamment nigériennes.
"J’avais déjà prévenu depuis le déclenchement de la crise libyenne (...) qu’il fallait éviter que les solutions après la défaite (du défunt dirigeant libyen, ndlr) Kadhafi soient pires que le mal, et j’avais précisé que si l’Etat libyen se somalisait ou tombait entre les mains d’intégristes, la
solution serait pire", a souligné M. Issoufou devant plusieurs médias, dont
France 24.
"Aujourd’hui la situation est très difficile, les autorités libyennes font le maximum pour la contrôler, mais le fait est là: la Libye continue d’être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel", a-t-il dit.
Selon de nombreux experts, le Sud libyen est devenu au cours des derniers mois l’un des sanctuaires où se sont reformées les cellules d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et autres groupes islamistes armés après l’offensive française au Mali.
Sitôt après les attentats, les autorités nigériennes avaient pointé la Libye voisine: "les kamikazes viennent effectivement de Libye", "un sanctuaire des terroristes", avait ainsi assuré un haut responsable civil de la région d’Agadez.
"Le Sahel est une zone ouverte, extrêmement difficile à contrôler, il est possible qu’à l’avenir il y ait d’autres infiltrations, donc nous allons tirer des leçons de ce qui s’est passé à Agadez pour voir des mesures supplémentaires à prendre pour mieux défendre notre territoire", a ajouté le président nigérien, sans plus de précision.
"Il n’y a pas eu de failles dans le système de sécurité. Ce qu’il faut dire, c’est que quelles que soient les mesures qu’on prend, il n’y a pas de risque nul", a-t-il insisté.
Dans un communiqué signé de Belmokhtar lui-même, Les Signataires par le sang ont menacé de frapper de nouveau le Niger et les autres pays engagés militairement au Mali.