Une vaste opération de déguerpissement a démarrée ce dimanche 19 mai dans la zone de l’aéroport, sur un domaine appartenant à l’ASECNA.
Ce domaine qui est une propriété de cette institution depuis 1953 a été morcelé et vendu aux particuliers qui ont déjà érigé des demeures. Fort de ce constat, le ministère des transports et de l’aviation civile avait, à travers des communiqués, fixé un délai de deux mois à ces occupants illégaux pour libérer la zone. Quelques jours après l’expiration de ce délai, c’est la consternation. De gros engins ont été utilisés pour démolir toutes les maisons construites sur l’étendue de cet espace. La réticence de ces occupants est fondée sur le fait que pour la plupart, après avoir investi dans ces constructions, ils n’ont pas assez de ressources pour se trouver une autre demeure.
Selon les informations qui ont filtré, c’est une quarantaine de familles qui sont dans cette situation irrégulière, soutenant avoir acquis ces terrains auprès des municipalités pour certains, avec des spéculateurs fonciers pour d’autres et enfin la troisième catégorie d’occupants affirme catégoriquement que ce sont les champs de leurs ancêtres. Aujourd’hui, ce sont 27 maisons construites en matériaux définitifs qui ont été démolies sous l’oeil vigilant des forces de l’ordre qui se sont vues dans l’obligation d’arrêter certains individus qui ont décidé par tous les moyens, d’empêcher ce déguerpissement.
L’on a enregistré une opposition farouche de ces pères de familles qui regardent impuissants les maisons qu’ils ont construites au frais de mille et un sacrifices, fondre comme un château de cartes sous le coup des bulldozers. La scène était tellement pathétique que les âmes sensibles ne peuvent s’empêcher de verser des larmes. A travers donc cette opération et les conséquences de désolation qu’elle vient de créer au sein de la population, c’est la problématique de l’habitat et surtout de la vente des parcelles qui refait surface. L’espace est devenu objet de spéculation à Niamey à telle enseigne que l’on fait face au quotidien à des litiges fonciers.
Pire certains individus tapis jusque dans les mairies, n’hésitent pas à monnayer tout petit coin qui peut leur rapporter quelques billets de banque. Par cette pratique, combien de places publiques prévues pour la construction d’infrastructures publiques, ont été vendues ? Pire, ces hommes sans foi ni loi ont même vendu des petits mètres carrés devant servir de dépotoirs. Ce qui est écoeurant, ces spéculateurs sont bien connus et qui sait s’ils ne bénéficient pas d’une couverture des mairies ? Pour le cas de cette zone, avouons que l’Etat est le premier responsable de ce pourrissement. Le morcellement de ce domaine de l’ASECNA était en cours depuis plusieurs années, au vu et au su de tout le monde.
En lieu et place d’une interdiction à temps qui mettra un terme à cette occupation, aucune réaction n’a été enregistrée. Et c’est donc fort de ce silence complice que ceux qui le pouvaient, se sont procurés ces parcelles afin de pouvoir caser leurs familles. Si dès au départ des mesures idoines ont été prises, l’on serait épargné du spectacle désolant auquel la population et autres curieux ont assisté. Aujourd’hui avec ce passage à la force des autorités et à la veille de l’hivernage, ce sont des dizaines de familles qui se retrouvent sans abris à la belle étoile, sans aucune alternative d’être relogées, encore moins prétendre à une quelconque indemnisation.
Ce qui n’est pas du tout normal quand on sait qu’il n’y a pas longtemps, concernant ce chapitre d’occupation illégale des espaces, une commission parlementaire de l’assemblée Nationale a ficelé un dossier qui a relevé sur toute l’étendue de la communauté urbaine de Niamey des cas similaires. Plus d’un an aujourd’hui, ce dossier n’a connu aucune suite alors même que cette investigation menée par nos honorables députés devait être suivie d’effet. Pourquoi donc ce choix de cible ? C’est dire qu’il est temps que l’Etat mette tout en oeuvre pour veiller sur ces genres d’occupations d’espace dès leur enclavement au lieu d’attendre la fin des constructions pour démolir.