Les bureaux de l'hebdomadaire privé nigérien Le Courrier, très critique envers le pouvoir, ont été fermés vendredi après-midi "sur ordre des autorités", a indiqué samedi son responsable, qui dit ignorer les raisons de cette décision.
"Des policiers qui ont dit avoir +reçu des instructions+ sont venus pour nous dire de +fermer nos bureaux+. Nous avons obtempéré", a expliqué Ali Soumana, le directeur de cette publication.
Le Courrier est réputé pour ses critiques acerbes contre le régime du président Mahamadou Issoufou, l'opposant historique élu en 2011.
"Nous sommes des journalistes professionnels. Nous ne cesserons pas de dénoncer toute dérive d'où qu'elle vienne", s'est insurgé Ali Soumana, qui a dénoncé "une dérive totalitaire".
Les sièges de deux syndicats et d'une organisation de la société civile, situés dans le même bâtiment, ont également été fermés par la police, ont indiqué leurs responsables.
"C'est ma secrétaire qui m'a appelé pour m'informer que des policiers sont venus pour fermer notre bureau", a indiqué Boubacar Gamatié, le président du Syndicat national des conducteurs de taxis (Syncotaxi), membre d'une coalition de l'opposition.
Depuis deux ans, les militants du Syncotaxi observent régulièrement des grèves, largement suivies, pour obtenir des autorités une baisse du prix de l'essence produite et raffinée au Niger.
Les bureaux d'un autre syndicat, la Confédération générale des travailleurs, ont également été fermés, selon l'un de ses dirigeants.
Souley Oumarou, le président du Mouvement nigérien pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Mosadem, société civile) a confirmé sur une télévision privée "la fermeture de ses bureaux par la police".
Le climat politique, tendu depuis le début de l'année, est devenu délétère cette semaine entre pouvoir et opposition à deux ans de la présidentielle de 2016.
Mercredi, le fils et deux proches du président du Parlement Hama Amadou, ancien membre de la majorité passé dans l'opposition, ont été arrêtés après que la maison d'un député de la coalition au pouvoir eut été la cible de tirs dans la nuit de lundi à mardi.
Jeudi, trois personnes ont été blessées, dont une gravement, dans une attaque au cocktail Molotov contre le siège du parti au pouvoir.
Et vendredi, un juriste renommé a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir critiqué une décision de la Cour constitutionnelle.
L'opposition a appelé à manifester dimanche contre le régime.