Le chef de file de l’opposition nigérienne, Seïni Oumarou, a appelé vendredi à une "marche pacifique de protestation" contre le président Mahamadou Issoufou, accusé de vouloir "imposer une dictature" dans le pays.
"Trop c’est trop", s’est indigné devant la presse Seïni Oumarou, qui a exhorté militants et citoyens "à sortir massivement" dimanche "pour une marche pacifique de protestation" afin d’"exiger du président Mahamadou Issoufou le respect strict de la Constitution".
"Depuis 48 heures, le régime densifie la violence d’Etat en passant à un stade inadmissible dans les abus", a déclaré M. Oumarou, président du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), l’ex-parti au pouvoir battu par M. Issoufou à la présidentielle de 2011.
L’actuel chef de l’Etat avait alors bénéficié du soutien de Hama Amadou, l’actuel président du Parlement passé en 2013 dans l’opposition.
M. Oumarou, réputé modéré, s’est insurgé contre les "arrestations arbitraires" mercredi de plusieurs proches de Hama Amadou, dont l’ex-ministre de la Santé, Soumana Sanda, et le maire central de Niamey, Oumarou Dogari, limogé par décret pris en conseil des ministres.
La vague d’arrestations au sein des militants du Mouvement démocratique nigérien (Moden) dirigé par Hama Amadou, "s’est poursuivie" vendredi, selon des radios locales, sans plus de précisions.
"Le gouvernement, sans discernement, étend sa violence aux simples citoyens avec l’interpellation et les sévices corporels sur le fils aîné de Hama Amadou", également arrêté mercredi, a dénoncé Seïni Oumarou.
M. Oumarou a rejeté "l’implication de l’opposition" dans les tirs d’armes à feu lundi contre le domicile d’un député proche du pouvoir, qu’il accuse de "paranoïa".
D’après un communiqué de la police, trois hommes circulant à moto ont mitraillé dans la nuit de lundi à mardi la façade du domicile de Mohamed Ben Omar, quatrième vice-président du Parlement et membre de la coalition au pouvoir.
"La majorité au pouvoir, avec à sa tête le président Issoufou, foule au pied la Constitution", en vue d’"instaurer la dictature" au Niger, a affirmé l’opposant.
Un juriste nigérien, arrêté dimanche pour avoir commenté un arrêt de la Cour constitutionnelle, a été condamné vendredi à quatre mois de prison avec sursis.