Depuis sa création le 5 octobre 2013, l’opposition nigérienne réunie au sein de l’Alliance pour la réconciliation, la démocratie et la République (ARDR) a visiblement de la peine à inscrire son combat dans le sens d’atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés. En effet, plus de six (6) mois après sa mise en place par une dizaine de partis politiques, dont trois des quatre principales forces politiques nigériennes, l ’ARDR n ’a tenu qu’un seul meeting à Niamey et quelques déclarations qui n’ont malheureusement pas suffi aux observateurs à mesurer ses réelles capacités de mobilisation.
Dans la déclaration annonçant la création de leur cadre, les partis membres de l’ARDR s’étaient engagés «à faire échec à l'entreprise de démolition des partis politiques, élaborée dans le cabinet du Président de la République, afin de contrecarrer toute possibilité d’alternance démocratique, mettant ainsi en grand danger la stabilité des institutions de l’Etat, la cohésion nationale, la démocratie et la paix sociale» et avaient convenu «de conjuguer leurs efforts et d’unir leurs forces aux fins de constituer une alternative crédible au pouvoir corrompu et corrupteur de Monsieur lssoufou Mahamadou».
Compte tenu du fait que trois des quatre grands partis du Niger faisaient partie de ce nouveau regroupement politique, beaucoup d’observateurs avaient prédit des lendemains difficiles pour le régime du Président lssoufou Mahamadou puisqu’il avait à faire à une forte opposition. Mais sept (7) mois après l’ARDR, force est de reconnaître que l ’opposition politique actuelle est loin de perturber le sommeil des tenants du pouvoir en place. Ces derniers ont même réussi à inoculer le virus de la division au sein de ses principaux partis au point où si une élection devait être organisée un de ces jours, tous les grands partis de cette opposition auront de la peine à constituer des listes consensuelles. Voilà une opposition qui prétend constituer une alternative à un régime qu’elle, accuse d’avoir violé toutes les lois de la République et qui est incapable d’exercer un de ses droits les plus élémentaires qui est le droit à la manifestation ? ll suffit qu’un maire d’une commune de Niamey lui interdise de manifester pour que l’ARDR se résigne et cherche des alibis du genre «nous sommes des légalistes» pour espérer calmer ses militants. La seule action de rue que l’ARDR a organisée est un meeting tenu à la place de la concertation de Niamey. Et même à ce niveau, il a fallu que le Front pour la défense de la justice et de la démocratie (FDJD) qui - l’a depuis quittée - saisisse la Cour d’ Etat pour obtenir l’annulation de la mesure scélérate et discriminatoire du ministre de l'intérieur interdisant les manifestations des partis de l'opposition. En dehors de ce meeting et la bataille que ces députés livrent à leurs collègues de la majorité depuis le 17 avril dernier, l’opposition politique regroupée au sein de l’ARDR n’a servi que quelques déclarations et communiqués de presse à l’opinion. Une démarche qui n’a absolument rien de commun avec l’opposition menée par l’actuel Président de la République lssoufou Mahamadou. Avec les militants de son parti et ceux de quelques petits partis politiques qui le soutenaient il avait réussi à troubler le sommeil des dirigeants des 5ème et 6ème Républiques, non seulement avec desmanifestations de rue (meetings et marches), qu’il avait personnellement dirigées, mais aussi avec des déclarations sur des scandales financiers dont il avait toujours brandi les preuves à l’opinion. C’est de cette façon que l'homme avait réussi à discréditer les dirigeants de l’époque et à se poser en vraie alternative crédible. Certes le chemin n’a pas été toujours facile, car lssoufou Mahamadou et ses lieutenants avaient, à des moments, fait face à la répression des forces de l’ordre, mais leur combat a finalement payé. C’est une évidence, en Afrique le pouvoir ne s'acquiert pas sur un plateau en or. Quiconque veut le conquérir doit absolument se battre