Le mardi 20 mai dernier, trois députés de l’opposition parlementaire plus précisément du parti Lumana ont été interpellés par la police judiciaire en violation des franchises de l’Assemblée nationale. Pour les députés, les motifs de l’interpellation n’ont pas été énoncés par l’officier de police judiciaire, et qu’ils ne sauraient lui répondre sans une autorisation expresse de l’Assemblée nationale, chose toute logique qui a conduit le parlement à opposer une fin de non recevoir à ces interpellations totalement en déphasage avec les principes en la matière dans notre pays.
Il s’agit des députés Karimoun Boureima, Amadou Boubacar Alkali et Djaharou Moumouni dont les actes d’interpellation sans motif préalable ont été lus en plénière par le Président de l’Assemblée lui-même. Une autre grosse pointure du parti Lumana, Soumana Sanda, coordonnateur Lumana Région de Niamey, lui, a été interpellé dans la journée de mercredi 21 mai, interpellation à laquelle il a répondu, même si jusqu’alors les motifs le concernant ne sont clairement expliqués à l’opinion. L’ancien Président du conseil de ville de Niamey, Omarou Moumouni Dogari a été arrêté à son tour au lendemain de l’interpellation de Soumana Sanda, coordonnateur régional Lumana de Niamey. Omarou Dogari était venu rendre visite à son camarade militant et codirigeant du Bureau Politique Lumana quand il a été interpellé par la police qui le soupçonne d’un acte délictuel qu’il aurait posé.
Le fils de Hama Amadou, lui aussi a été arrêté dans les mêmes conditions c’est- à-dire en visitant les militants du parti de son père arrêtés sans motifs énoncés à l’avance ou du moins sans que ces motifs ne soient encore portés à la connaissance du public. Cette situation de cabale contre les militants de Lumana à tort ou à raison n’honore pas le régime de la renaissance qui s’est beaucoup chanté comme un régime soucieux des valeurs démocratiques et de l’Etat de droit. Face à cette vague d’arrestations dans les rangs de l’opposition, les députés élus sous la bannière des partis politiques membres de l’opposition ARDR ont rendu publique une déclaration pour dénoncer et condamner ce qu’ils appellent le « gangstérisme politique érigé en mode de gouvernance par le régime en place. Une situation, qui selon eux, continue de crisper le climat politique et social et ceci au mépris de toutes les conséquences fâcheuses probables que cette attitude peut produire.
Les députés de l’opposition se sont transportés dans les locaux de la police judicaire en vue de visiter les personnes arrêtées et aussi de leur témoigner leur compassion et leur soutien moral mais ils se sont heurtés au refus des patrons de ces locaux qui leur ont interdit l’ac- cès. Et ce fut le même cas lors du leur déplacement lorsqu’ils se sont rendus dans le but de visiter le constitutionnaliste Amadou Boubacar interpellé et placé sous mandat dépôt, le même comportement a prévalu du coté des forces de la police qui ont même sommés les députés de quitter les lieux. Les situations nées des différentes contestations sociales comme en témoignent les attaques du siège du PNDS Tarayya et du domicile du député Ben Omar 4ième Vice-président de l’Assemblée nationale et les échauffourées entre les étudiants et les forces de l’ordre, ces derniers ayant causé des dégâts énormes sur le plan matériel mais surplombés par le nombre de blessés hospitalisés dans les centres de santé, doivent cesser tout de suite pour le bien de tous.
Le climat politique et social a connu une détérioration jusqu’à entacher la sécurité et de la cohésion sociale très chères aux pauvres populations qui ne demandent pas plus que l’amélioration de leurs conditions de vie. Les pratiques politiques et l’échelle des valeurs sociales sont à repenser dans notre pays car des comportements qui sortent de l’ordinaire sont constatés çà et là et qu’il faille agir énergiquement et à tous les niveaux pour restaurer l’éducation sociale et citoyenne. Le civisme et le patriotisme sont devenus les derniers des piliers qui sous-tendent l’attitude de la population ces derniers mois à cause de la tension politique ayant intervenu depuis renouvellement du Bureau de l’Assemblée natio- nale, tension qui malgré le verdict de la Cour constitutionnelle qui est censé tout redéfinir et orienter vers les voies et is- sues de sortie de crise n’a pas produit l’effet escompté.
Les deux camps apprécient diversement la décision de justice, examen qui ne relève d’aucune base réelle et légale mais plutôt de la sensibilité évidente des auteurs des analyses qui demeurent plus que partisanes et égoïstes, celles-là ne servent en rien l’intérêt général mais elles servent tout de même l’intérêt d’une petite minorité nantie au détriment de la grande masse. Quoiqu’on dise, les députés et leaders de l’opposition estiment que toutes ces manœuvres sont de nature à remettre en cause les fondements de la démocratie et de l’Etat de droit. Nous reviendrons plus en détails sur ces événements qui alimentent l’actualité nationale dans nos prochaines livraisons.