Après une traversée tumultueuse du désert pendant près de vingt ans dans la galère politique, le PNDS devait attendre 2011 pour remporter – et dans quelles conditions ! – des élections et prendre un pouvoir inespéré.
Pour certains, cette ascension est la résultante de ces années d’engagement où, par des discours et des prises de positions assez tranchées le « Lion » séduisait, et l’on croyait à l’éthique dont il se faisait prévaloir. Pour d’autres, il ne devait cette position que par les choix mal calculés d’un CSRD trompé.
L’on avait alors vu en cette victoire du Lion, le triomphe des forces combattant pour la liberté et la démocratie. C’est donc à juste titre que les Nigériens dans l’euphorie de la reconquête de leur démocratie, avaient démesurément rêvé que le Guri changerait leur vie.
Deux ans. Deux années d’attente et l’on ne voyait rien venir. Mais l’on avait vu la commande de plus de vingt tonnes de produits dangereux qui servent ces derniers jours, dans les velléités dictatoriales du régime, à étouffer les libertés publiques pourtant chèrement acquises. Le Guri oublie vite…
Un pouvoir se mérite non pas que par des élections mais surtout par la manière de le gérer et de le conduire. Mais le Guri est étourdi par l’or du pouvoir et les livres qu’il a lus : Machiavel, Rousseau, et d’autres et d’autres. Le mélange des pensées éparses a fini par gripper le régime dans la confusion idéologique.
Et parce que des livres auraient enseigné qu’en politique il faut être prévoyant, les socialistes nigériens n’ont trouvé mieux que de regarder avec un appétit féroce les élections de 2016, oublieux de ses engagements vis-à-vis du peuple et oubliant qu’à cette échéance, il ne sera jugé non pas sur ses discours mielleux mais par les actions palpables qui auraient changé la vie du Nigérien lambda qui attend encore sous l’abribus ensoleillé de la 7ème République, le fameux train de la Renaissance qui peine à démarrer.
Le peule attend. Il attend et ne voit rien ; du moins rien de ce qui serait une priorité pour le pays et qui est d’avoir sa stabilité, sa paix et son mieux-être. Aujourd’hui la matraque tombe sur toutes les bouches différentes qui ne savent pas se taire et qui ne savent pas chanter la Renaissance, et qui ont l’audace, de dire des vérités qui fâchent.
Ce socialisme contrefait, dans sa violence révélée au grand jour, n’épargne personne : ou, on le chante pour être tranquille, ou, on le dénigre, le dénonce pour être dans ses fers. Ils ont été surpris dans leurs « manzement » et réveillés de leur repas copieux, ils sont tout frileux et furieux : ils frappent, ils arrêtent les opposants devenus bavards et encombrants, ils déportent les étudiants devenus incontrôlables. Tous dérangent parce que les uns pensent différemment, et les autres sont têtus à réclamer des droits qu’on leur dénie aujourd’hui.
On emprisonne et on juge souvent rapidement. Les Nigériens sont abasourdis, incapables de comprendre ce socialisme violent et bagarreur qui tente de « fermer toutes les bouches », ils ne peuvent pas comprendre ce socialisme qui panique, qui frappe, qui complote,…
Mais aucune violence fut-elle socialiste, ne peut faire fléchir ce peuple qui se veut debout pour sauvegarder sa liberté. On l’a paupérisé davantage, et ce peuple rumine dans son silence grondant, la misère abjecte qu’on lui a imposé aujourd’hui. L’enlisement de ces derniers jours n’est pas de bon augure pour un régime chancelant qui ne peut trouver ses marques car refusant tout compromis qui sauve la République, tout dialogue, tout consensus avec le peuple.
Faut-il voir en ces scènes qui frisent la guerre dans la ville où l’on voyait des véhicules affolés de policiers, dans une frénésie épique, poursuivre comme des terroristes, de pauvres étudiants qui ont eu la malsaine idée de dire à leur Etat qu’ils ont faim ?
Face à ces scènes qui ne peuvent pas faire rire même si le ministre de l’intérieur s’en satisfait pour rire de joie à l’occasion de son point de presse, le rire pourtant n’est pas de ses habitudes, mais on aura compris que c’était juste pour dissimuler la colère qui l’a poussé à cet exercice périlleux pour lui d’un point de vue communicationnel. Les « bouches des Nigériens étaient coupées ! ». Le Guri system est dans la déchéance…
Un peuple peut vivre dans la misère, l’endurant autant que possible, mais jamais il ne le peut avec l’injustice. C’est pourquoi, il faut s’inquiéter légitimement pour ce Niger ou la myopie politique a déréglé la vision socialiste. Les choses sont en train d’évoluer de mal en pis, les socialistes et leurs affidés disent ne rien voir du genre.
C’est leur droit. Mais la vérité est qu’aujourd’hui la crise est certaine et profonde. Dans l’angoisse terrible de perdre un pouvoir et ses privilèges, ils sont aveugles, ils ne voient rien. Devant l’histoire, les alliés pourtant mal-aimés, payeront leur silence coupable.
Mais le monde qui nous regarde, la CEDEAO et autres Organisations savent écouter les voix lucides qui se lèvent pour aider le peuple à conjurer le chaos que les socialistes lui ont commandé.
On a même oublié que le Niger est au milieu de foyers multiples d’insécurité et l’on a l’audace de jouer avec la République. Souvent dans la vie, il faut apprendre à avoir de l’humilité et apprendre à faire des concessions pour préserver l’intérêt général. Ce n’est jamais une faiblesse pour celui qui gouverne.