Réunion du G5 du Sahel sur le Programme d’Investissement Prioritaire (PIP) : Feuille de route commune pour la sécurité et le développement dans les pays membres
La réunion du G5 du Sahel entre les ministres et les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) sur le Programme d'Investissement Prioritaire tenue vendredi dernier, au Palais des Congrès, s'est achevée sur un note de satisfaction générale. C'est le ministre d'Etat, ministre du Plan, de l'Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire, M. Amadou Boubacar Cissé, qui a présidé les cérémonies d'ouverture et de clôture des travaux.
Né de la volonté de cinq Chefs d'Etat des pays du Sahel à l'issue du sommet de Nouakchott, en Mauritanie, tenu le 16 février 2014, le G5 du Sahel constitue un cadre de consultation permettant au Burkina Faso, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad de mutualiser leurs efforts en vue de faire face aux multiples défis sécuritaires et de développement. Suite logique des travaux des experts, cette réunion s'inscrit dans le cadre d'une dynamique de consultations et de plaidoyer auprès des partenaires. Elle a permis aux cinq pays directement concernés par la question de présenter aux bailleurs de fonds le Programme d'Investissement Prioritaire (PIP) du Groupe et de recueillir leurs avis ; d'identifier les programmes spécifiques qui bénéficieront des interventions immédiates des partenaires ; de faire le plaidoyer pour l'appui des partenaires dans le processus de formulation de la stratégie régionale pour le long terme, et enfin de clarifier le dispositif de coordination institutionnelle. Le PIP vise la cohérence en renforçant l'alliance et la synergie entre les priorités concernant la sécurité, le développement et le travail humanitaire au Sahel, aux niveaux national et régional, priorisant une réponse aux défis affectant le Sahel.
Bâti sur des critères objectifs d'intégration régionale, de faisabilité, de pertinence, de durabilité et de pragmatisme, le PIP est un pont indispensable entre l'humanitaire et le développement, entre les court, moyen et long termes, avec pour objectif fondamental de contribuer à assurer la sécurité et le développement dans les pays membres. 7.208 milliards de FCFA sont nécessaires à sa mise en œuvre pour la période 2015-2017. C'est pourquoi le ministre d'Etat M. Amadou Boubacar Cissé a expliqué que la spécificité du G5 du Sahel c'est qu'il englobe des facteurs économiques, culturels, géographiques et politiques. Les 5 pays directement sur la ligne de front des menaces terroristes constituent donc le cadre de concertation des efforts pour éradiquer définitivement les causes endogènes et exogènes de l'insécurité. Ainsi, le G 5 du Sahel se révèle comme l'unique cadre régional de coopération entre ces cinq pays qui visent la sécurité, la prospérité et la concorde. Aussi, le Programme d'Investissement Prioritaire dont le financement et la mise en œuvre sont l'objet principal de la rencontre, traduit éloquemment le leadership des Etats du G5 du Sahel sur leur politique et stratégie. ''Nous sommes convaincus qu'il constitue le programme de référence qui permet de résoudre de manière cohérente les problèmes de sécurité et de développement en donnant une large part au renforcement de la présence de l'Etat afin de ramener les zones à faible densité, déshéritées et isolées, soumises à la vulnérabilité, aux risques sécuritaires dans une dynamique de croissance inclusive'', a souligné le ministre Amadou Boubacar Cissé.
Importantes annonces enregistrées et parfaite adhésion des PTF
Selon les conclusions, la réunion a débouché sur des résultats satisfaisants. Ainsi, l'ensemble des PTF présents ont unanimement salué l'initiative du G 5 Sahel visant à conjuguer les efforts et des actions harmonisées pour la sécurité et le développement, tout en veillant à la synergie avec les autres initiatives.
Après examen du PIP, les PTF ont apporté leurs contributions pour son amélioration, affirmant leur disponibilité à fournir des appuis techniques pour sa mise en cohérence et à poursuivre les réflexions avec les Etats. Ils ont par ailleurs réaffirmé leur adhésion au processus et confirmé leurs engagements antérieurs suite à la mission conjointe conduite par le SG des Nations Unies dans les pays du Sahel en novembre 2013.
Il faut souligner que la Banque Mondiale appuie le Sahel pour environ 1,5 milliard de dollars, un appui articulé autour de la réduction des vulnérabilités et du renforcement de la résilience des populations et des économies, de la création des opportunités et du renforcement de l'intégration. Elle apportera aussi un appui pour les populations déplacées internes.
Le représentant de la BAD a confirmé l'engagement du président du groupe en novembre 2013 pour un montant de 1,9 milliard de dollars pour l'ensemble des pays du G 5 du Sahel. Une stratégie pour le Sahel est en cours d'élaboration et mettra principalement l'accent sur la résilience, pour environ 105 milliards de FCFA.. Cette stratégie concernera le développement des infrastructures rurales, des chaines de valeurs et des marchés régionaux.
Le chef de délégation de l'Union Européenne a aussi confirmé l'enveloppe annoncée par le Commissaire au Développement de l'UE en novembre 2013. Cette enveloppe, d'un montant de 5 milliards d'euros dans le cadre du 11ème FED 2014-2020, sera investie dans les programmes nationaux et régionaux.
Quant au représentant du Système des Nations Unies, il a rappelé le processus d'élaboration, les principes directeurs et les objectifs fondamentaux de coordinations interne et externe de la plateforme de Bamako de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. Cette stratégie avait été approuvée par le Conseil de Sécurité en juillet 2012 et endossée en novembre 2013 par les Etats. Le Système des Nations Unies soutient les axes du PIP qui sont en cohérence avec ceux de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.
Les partenaires ont par ailleurs soutenu l'option de la mise en place d'une structure transitoire pouvant servir d'interface avec les PTF jusqu'à la mise en place formelle du Secrétariat permanent. Dans cette optique, il a été retenu la nomination par le Niger, dans les plus brefs délais, du Secrétaire permanent ou à défaut d'un haut fonctionnaire exerçant provisoirement le rôle et la désignation des points focaux par les pays membres. Ces derniers ont suggéré de mettre en place une coordination interne provisoire de partenaires. C'est ainsi que la Banque Mondiale s'est engagée à apporter son soutien au Secrétariat du G 5 afin de rendre opérationnel le PIP dans les meilleurs délais. Tous les partenaires seront conviés à une table-ronde dont la date sera déterminée par les Chefs d'Etat.
En clôturant les travaux, le ministre d'Etat M. Amadou Boubacar Cissé s'est réjoui du fait que les besoins en financement exprimés aient trouvé une oreille attentive et favorable, comme en témoignent les annonces de financement faites par les différents délégués. ''Nous gardons l'espoir que les partenaires qui n'ont pas directement annoncé leur contribution pourront le faire après cette réunion et très prochainement au cours de la table-ronde qui regroupera l'ensemble des Partenaires Techniques et Financiers des pays du G 5 Sahel'', a-t-il déclaré, souhaitant un déblocage rapide des fonds déjà promis.
Les participants à la réunion se réjouissent des résultats obtenus
Pour le ministre de l'Elevage et de l'Hydraulique du Tchad, M. Ali Attaher, la réunion s'est achevée avec un sentiment de satisfaction pour trois raisons: ''l'initiative Sahel est particulière en ce sens que l'on ne peut nulle part en trouver dans les autres pays. Cette particularité réside dans le fait qu'il y a, dans l'espace Sahel, des peuples qui ont des caractéristiques communes, des modes de vie semblables ; la similitude de mode de pastoralisme qu'il faut moderniser à travers les appuis des PTF et trouver les moyens nécessaires pour développer ces régions du Sahel.''
Son homologue de la Planification, de l'Aménagement du Territoire et de la Population de la République du Mali, M. Diawara Cheickna Sydi, s'est félicité du climat de compréhension mutuelle qui a prévalu tout au long des travaux. ''Nous avons noté un soutien fort des partenaires techniques et financiers. Nous avons également discuté des principes qui doivent présider à la mise en place du Secrétariat permanent qui doit être une structure légère en termes de budget, mais efficace',' a-t-il précisé.
Le directeur des opérations de la Banque Mondiale au Niger, M. Paul Noumba, a renouvelé l'appui de son institution. ''C'est pour aider les pays du Sahel que nous avons lancé, il y a à peu près un an, une initiative Sahel pour un montant de 1,5 milliard de dollars. Pour l'année 2014, il a été approuvé environ 645 millions de dollars de projets d'investissement dans l'espace Sahel. En 2015, la Banque Mondiale compte approuver 775 millions de dollars de projets d'investissement. C'est dire que la Banque Mondiale reste aux côtés des pays du Sahel pour les aider à surmonter les défis susmentionnés'', a ajouté M. Paul Noumba.
M. Ferdinand Bakoup, spécialiste en chef Economie de la Banque Africaine de Développement (BAD) a félicité les pays du G 5 Sahel qui ont pris toute la mesure des difficultés spécifiques auxquelles ils font face. La BAD est satisfaite de la qualité du Programme d'Investissement Prioritaire présenté au cours de la réunion. C'est pourquoi, M. Ferdinand Bakoup a renouvelé, une fois de plus, l'engagement de la BAD à soutenir la mise en œuvre du PIP. ''Nous allons appuyer le PIP en déployant l'ensemble des instruments, notamment les projets nationaux et les ressources régionales. En outre, l'un des programmes phares de notre appui régional sera la mise en œuvre d'un programme d'appui au renforcement de la résilience des populations et à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays membres du G 5 Sahel'', a-t-il conclu.