Après plus de dix huit mois de dures négociations, notre pays et le géant nucléaire français, Areva sont parvenus à la signature d’un accord global, le lundi 27 mai 2014.
Même s’il faut se féliciter de l’aboutissement de cet accord bénéfique pour les deux parties, il faut aussi reconnaître que la victoire, pour le Niger, est plus politique qu’économique.
En tenant tête pendant dix-huit longs mois au groupe nucléaire français Areva, pour finalement arracher un accord, les autorités de la 7ème République ont réussi un exploit politique jamais obtenu au Niger. Cela, à n’en point douter, remonte leur côte de popularité, au moins du point de vue diplomatique car nous sommes dans un pays où il n’est pas aisé de changer la vision et le choix de citoyens dans le domaine politique. Cet accord, bien qu’il apporte un plus dans le Produit intérieur brut (PIB) du Niger, est diversement apprécié par les Nigériens, notamment les acteurs de la société civile qui militent dans le secteur des industries extractives. En effet, la surprise générale de ces acteurs avertis est liée au report sine die de l’exploitation du gigantesque gisement d’Imouraren que la société Areva a décidé de reporter aux calendes françaises, sous prétexte que les prix de l’uranium ne sont pas très
compétitifs). Même le financement de la route Tahoua-Arlit, que le gouvernement nigérien considère comme un des points forts du fameux accord, ne semble pas satisfaire les acteurs de la société civile qui luttent depuis des mois pour la signature d’un véritable accord gagnant-gagnant entre le Niger et Areva. Pour ces acteurs, Areva ne va participer que partiellement à la reconstruction de cet important axe routier où passe l’uranium et à travers des financements qui vont s’étaler sur quatre (4) années. Pour ce qui est du site Imouraren, le report de sa mise en exploitation a d’autant plus surpris les Nigériens que c’est l’un des sites uranifères les mieux garnis du monde et tous les analystes s’accordent à dire que le Niger pouvait prendre en charge beaucoup de ses dépenses de souveraineté une fois que ce site commence à être exploité. Selon ces analystes, l’argument avancé par Areva pour obtenir le report de la mise en exploitation du site d’Imouraren ne tient pas la route, dans la mesure où c’est Areva elle-même qui fixe les prix de l’uranium. On rappelle que ce site devait commencer à être exploité à partir de 2015, avant qu’à la demande d’Areva son exploitation soit reportée en 2016 avant d’être aujourd’hui encore décalée pour 2017. Avec l’accord qu’elle vient de signer avec le gouvernement nigérien, la société Areva est désormais seul maître de cet important site. Elle l’exploitera quand elle le voudra parce qu’elle sait que le Niger n’a aucune possibilité de le rétrocéder à un autre repreneur, puisse-t-il le plus disant. Dans l’accord Niger/Areva il est aussi question de nommer des Nigériens aux postes de Directeurs généraux de la Société des mines de l’Aïr (SOMAÏR) et de la Compagnie minière d’Akouta (COMINAK), les deux filiales de la société Areva. Cela va certes générer quelques milliards à certains Nigériens et au Trésor national. Mais quel impact cela aura-t-il réellement sur le vécu quotidien du citoyen lambda ? La société Areva s’est aussi engagée à construire – enfin ! – son propre siège à Niamey. C’est une bonne chose car on verra certainement un nouvel immeuble sortir du sol dans une capitale comme Niamey qui en a grandement besoin. Mais là aussi, quel changement positif cela peut-il avoir sur la vie des Nigériens ? S’il est effectivement mis en œuvre, c’est plutôt l’engagement de la société Areva de financer le programme agricole dans la vallée de l’Irhazer qui peut véritablement profiter à la grande masse de Nigériens. En effet, l’exploitation de cette vaste et riche vallée peut bien contribuer à la réussite du combat pour l’autosuffisance alimentaire.