Ils sont au total 72 étudiants interpellés suite aux violentes manifestations organisées le 20 mai dernier à Niamey, par les étudiants de l'université de Niamey pour protester contre le non-paiement de l'aide sociale destinée aux étudiants non-boursiers.
Le parquet, par réquisitoire en date du 23 mai dernier, a ouvert une information judiciaire « pour destruction d'édifices publics et dégradation de monuments publics, dégradations de véhicules, participation à un attroupement armé. » Ces faits, « sont prévus et punis par les articles 389,391, 397 et 398 du Code pénal, » a expliqué le procureur général adjoint, lors d'un point de presse.
A l'issue de leur audition, 41 étudiants ont, ce lundi 09 juin, bénéficié d'une liberté provisoire. Les autres doivent encore attendre et le secrétaire général de l'Union des Etudiants de l'Université de Niamey (UENUN) se dit confiant que « les autres camarades recouvreront également leur liberté. »
Vandalisme
Les manifestations organisées le mardi 20 mai sur certaines artères de la capitale ont subitement dégénéré en actes de vandalisme. « Elles ont occasionné plusieurs blessures sur les citoyens ainsi que d'importants dégâts matériels portant aussi bien sur les biens immeubles privés et publics, » explique le procureur Samna Chaibou.
A l'issue des manifestations, 72 personnes ont été interpellées. Parmi elles, « il y a bien sûr des étudiants et il y a des non étudiants. Il y a des étudiants qui se disent non étudiants et il y a des non étudiants qui se disent étudiants, » explique Samna Chaibou. Mais du côté des étudiants, on parle de « 60 camarades arrêtés. »
Dans une déclaration rendue publique, les étudiants ont demandé « à l'Etat du Niger et précisément à son ministre de l'Intérieur de nous dire où se trouvent les autres étudiants. » Pour le procureur, il s'agit en fait de 77 personnes. « Les 72 personnes interpellées et déférées au parquet ne sont pas celles qui sont poursuivies dans cette procédure. Il faut plutôt parler de 77 personnes, en réalité, le parquet est allé au-delà des personnes qui ont été déclarées, parce que le réquisitoire du 28 mai par lequel nous avons saisi le juge d'instruction, 77 personnes ont été citées, dont 72 ont été inculpées et pour les cinq autres nous avons requis la délivrance d'un mandat d'arrêt, » précise le procureur général adjoint.
Il s'agit, selon la même source, de savoir qui a fait quoi et comment, mais aussi de déterminer et évaluer les préjudices subis.
Manipulation
Face à la détermination la justice et à la sortie médiatique du ministre de l'Intérieur accusant les étudiants d'être à la solde d'hommes politiques, l'UENUN a adressé une lettre pour demander l'intervention du président de la République. Cet appel semble avoir eu un écho favorable. « Nous avons sollicité l'intervention de certaines personnalités religieuses et coutumières, » a reconnu le secrétaire général de l'UENUN. Tout compte fait, les étudiants qui ont trouvé un terrain d'entente avec le pouvoir, ont décidé de reprendre le chemin de la fac. Dans un communiqué diffusé dimanche, ils ont annoncé également que des dispositions sont prises pour la reprise du paiement de l'aide sociale.
Pour rappel, cette aide a été initiée par l'ancien président nigérien Tandja Mamadou, pour soutenir une fois par an, les étudiants non boursiers. Elle a été perpétrée avec le nouveau régime et l'enveloppe a été même revue à la hausse, de 113 000 francs CFA à 150 000 francs CFA.
Cependant, des problèmes se sont posés cette année, lorsque des étudiants exerçant comme appelés du service civique national ont voulu profité de l'aide. Le directeur général de l'Agence Nationale pour l'Allocation et la Bourse (ANAB) a voulu régler ces irrégularités, ce qui n'a pas plu à l'UENUN qui a appelé ses militants à une manifestation spontanée. Le politique a aussi tôt qualifié cette sortie de manipulation.