Débaucher un bon paquet des leaders politiques au niveau de chaque région et organiser des élections législatives anticipées avant la fin de l’année en cours, afin de donner au chef de l’Etat Issoufou Mahamadou, une nouvelle majorité.
C’est à cet exercice que s’est donné le principal parti au pouvoir le PNDS Tarayya, dans la perspective de finir le mandat sans le parti de Hama Amadou, le Moden FA Lumana. Déterminé à gagner ce pari, le parti rose est prêt à mettre tous les moyens. De Diffa à Maradi, en passant par Zinder, Bazoum Mohamed et ses camarades ont depuis plusieurs mois entrepris des manoeuvres politiques qui visent à débaucher des militants influents issus des grands partis politiques. Le RSD-Gaskiya, RDP-Jama’a, CDS-Rahama, MNSD-Nassara et surtout Lumana FA, sont les partis qui pour l’instant se plaignent de cette « saignée rose ».
Dans les milieux proches du PNDSTarraya, beaucoup pensent que c’est la seule façon de conjurer la surprise politique que les partis de l’opposition et surtout le Moden Lumana de Hama Amadou comptent réserver au chef de l’Etat. En effet, selon des sources dignes de foi, un groupe de partis politiques non contents de la façon dont le pouvoir est géré par le PNDS, auraient proposé plusieurs scénarii politiques, afin de sauver ce qui reste encore. Le scénario le plus réalisable en ce moment vise à créer les circonstances de création d’une nouvelle majorité, cette fois-ci composée de Lumana en tête, suivi du MNSD, de RSDGakiya, de RDP-Jama’a, d’UDR-Tabbat et de CDS-Rahama, pour ne citer que ceux ci.
Ces formations politiques, une fois réunies, constitueront une majorité politique forte. Ceci permettra à la nouvelle majorité de proposer son premier ministre et un gouvernement de cohabitation. Les leaders de ces partis politiques ont d’ores et déjà choisi le nom de leur premier ministre et la liste de leurs représentants dans le futur gouvernement de cohabitation. Parmi les noms qui circulent pour diriger ce gouvernement, on cite le nom de Mahaman Ousmane, président de CDS-Rahama et de Wassalké Boukari technocrate du MNSD-Nassara. Ce gouvernement de cohabitation, comme son nom l’indique, lorsqu’il sera mis en place, tentera d’appliquer sa propre politique qui n’est pas celle du président Issoufou. Toute chose que le chef de l’Etat va essayer de contrecarrer.
Ce qui rendra cette cohabitation difficile car les partis membres de la nouvelle majorité, vont à leur tour aussi vouloir tirer la couverture de leur côté. A la longue, il ne trouvera pas d’autres moyens que de dissoudre l’Assemblée nationale et organiser des nouvelles élections législatives. Si cela devait arriver, le parti au pouvoir est assuré de ne pas jouer une bonne partition. Dans tous les cas ce scénario de dissolution de l’Assemblée nationale, est inévitable. Que Lumana se détache de la majorité actuelle pour former un nouveau camp avec l’opposition actuelle, les leaders du PNDS ont eux aussi un calcul derrière la tête. Il faut vite prendre le devant et empêcher cette recomposition fatale du paysage politique.
Telle est la mission du président par intérim du PNDS, Bazoum Mohamed, appuyé par l’homme d’affaires Sahirou Mangal du Nigeria et de son allié Laouali Gago de Maradi. Ces derniers ont entrepris depuis quelques mois des opérations de débauchage des militants dans tous les partis, alliés comme ceux de l’opposition, afin d’amener le gros de leurs militants à rallier le PNDS-Tarraya. Même si pour l’instant, seule la région de Maradi est plus touchée par ce phénomène de débauchage des militants, il faut dire que des personnalités et hommes d’affaires, et même des ministres, ont reçu des instructions fermes, pour marchander à tout prix les militants d’autres partis et les amener à prendre la carte du PNDS.
Une telle saignée ne peut s’arrêter que lorsque le parti de Issoufou Mahamadou fini de faire le trop plein qui lui permettra d’arracher la majorité absolue, avec les seules contributions de ses alliés traditionnels, tels que l’ANDPZaman Lahiya. C’est ce qui explique les séries de défection enregistrées ces derniers temps au profit du PNDS-Tarraya. C’est surtout les régions de Zinder, Diffa, Maradi et Tillabéri, qui sont concernées par ces défections que les militants de Moden Lumana qualifient « d’actes déloyales vis-à-vis des alliés ». Pour l’instant on ne sait pas lequel des deux scénarios va se réaliser d’ici la fin de l’année. Pour empêcher au PNDS de prendre le devant, certains leaders du parti Lumana pensent qu’il faut vite agir.
D’autres vont jusqu’à proposer un chambardement politique à la prochaine session de l’Assemblée nationale qui s’ouvre en mars prochain, qui pourrait être déclenchée par le vote d’une motion de censure contre le gouvernement de Brigi Rafi. Conscients des capacités de nuisance du PNDS-Tarraya, plusieurs responsables des partis qui se proposent de former une nouvelle majorité, multiplient des rés, à Niamey comme à l’intérieur du pays pour faire accélérer les choses afin de faire échec aux manoeuvres du parti rose.