NIAMEY - Deux gardiens (bien deux) de la prison de Niamey, la capitale du Niger, ont été tués samedi par des détenus inculpés pour "terrorisme" lors d’une tentative d’évasion, a-t-on appris de sources officielles.
Cet incident, attribué par le gouvernement à des détenus "poursuivis pour terrorisme", survient une dizaine de jours après un double attentat suicide dans le nord du Niger, revendiqué par des groupes jihadistes qui ont mis en cause la participation de ce pays à l’intervention franco-africaine au Mali voisin.
"Entre 15H00 et 15H30 (locales, entre 14H00 et 14H30 GMT), trois détenus déjà inculpés pour +association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste+ et écroués à la prison civile de Niamey ont tenté une évasion massive", a déclaré le procureur de la République, Ibrahim Wazir Moussa, sur la télévision publique.
"Ils ont agressé les gardes, les gardes ont riposté", a-t-il indiqué.
Le premier bilan "fait état de deux gardes tués, nous dénombrons également trois blessés parmi les gardes", a-t-il poursuivi. L’un des blessés a été atteint grièvement.
"Les trois détenus ont été maîtrisés", a affirmé à l’AFP le ministre nigérien de la Justice Marou Amadou.
Selon lui, l’enquête, confiée au service central de la lutte antiterroriste, devra notamment "déterminer l’origine" des armes dont étaient munis les assaillants, qui peuvent avoir "saisi l’arme d’un garde".
"Le Niger est désormais en guerre (contre le terrorisme, ndlr). Nous avons besoin de la population, du sens des responsabilités de nos compatriotes pour mener cette guerre avec beaucoup d’engagement et beaucoup de sérénité", a insisté M. Amadou, par ailleurs porte-parole du gouvernement.
Dans un premier temps, le ministre avait évoqué une attaque de la prison par "un groupe armé" non identifié, ce qui suggérait une opération venue de
l’extérieur.
"On entend des tirs depuis la prison centrale. Tout le monde est barricadé chez lui", rapportait en début d’après-midi un riverain de la prison, située dans le centre-ville entre un quartier d’habitation et des casernes militaires.
Les tirs ont cessé plus tard dans la prison, qui avait été encerclée par les forces de l’ordre, selon des témoins.
"C’est la panique partout, nous avons très peur", a raconté une habitante du quartier. Selon elle, le grand marché de Niamey tout proche "a fermé".
Des sources pénitentiaires ont dit que la prison devait être fouillée samedi soir.
Après les deux attentats suicide de la semaine dernière, les premiers de l’histoire du Niger, la sécurité a été renforcée à Niamey, en particulier autour des sites sensibles comme les ambassades. Les patrouilles des forces de l’ordre ont été intensifiées.
Le 23 mai, les deux attaques quasi-simultanées contre le grand camp militaire d’Agadez, la principale ville du Nord, et un site d’uranium du groupe nucléaire français Areva à Arlit (à plus de 200 km au nord) avaient fait plus de vingt morts, essentiellement des militaires nigériens.
Ces attentats ont été revendiqués par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et un autre groupe jihadiste, les Signataires par le sang de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
Cet ex-responsable d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a menacé de frapper de nouveau le Niger et les autres pays engagés militairement au Mali, où une intervention franco-africaine a permis depuis janvier de reprendre le Nord aux islamistes armés qui le contrôlaient depuis 2012.
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