NIAMEY, Une vingtaine de détenus, dont plusieurs
"terroristes", se sont évadés lors des troubles survenus samedi à la prison de
Niamey, a annoncé dimanche le gouvernement nigérien.
Cette évasion a eu lieu une dizaine de jours après un double attentat
suicide dans le nord du Niger, revendiqué par des groupes jihadistes qui ont
mis en cause la participation de ce pays à l’intervention franco-africaine au
Mali voisin.
"Les événements d’hier (samedi) ont permis l’évasion d’environ 22
personnes, parmi lesquelles des terroristes", a déclaré lors d’un point presse
le ministre de la Justice Marou Amadou.
"Parmi ces personnes il y a le nommé Chedani qui était déjà condamné pour
l’assassinat de quatre Saoudiens et d’un Américain. Ce monsieur est activement
recherché", a-t-il indiqué, sans plus de précision.
Le "terroriste" cité, de son vrai nom Cheïbane Ould Hama, est désormais
recherché par les services de sécurité maliens.
"Cheïbane Ould Hama, un grand criminel de nationalité malienne, figure
parmi les personnes évadées samedi d’une prison nigérienne. Nous le
recherchons activement sur notre territoire", a déclaré à l’AFP à Bamako une
source sécuritaire malienne.
"Nous ne savons pas s’il a pu quitter le Niger pour venir sur notre
territoire", a toutefois souligné cette source.
"Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités nigériennes
pour que ce criminel et les autres ne s’échappent pas. Ils constituent un
danger pour la région", a relevé une autre source sécuritaire malienne.
Cheïbane Ould Hama avait été extradé au Niger et condamné pour le meurtre
de quatre touristes saoudiens en décembre 2009, tués dans l’attaque de leur
convoi dans la zone frontalière entre le Niger et le Mali.
Le ressortissant américain auquel il est fait allusion avait été tué en
2000 devant un bar de la capitale nigérienne.
Concernant les fugitifs, "nous demandons la collaboration de la population
pour les intercepter aux frontières de notre pays partout où ils se trouvent",
a lancé M. Amadou.
Selon le dernier bilan, trois gardiens ont été tués lors de l’évasion de
samedi, l’un des trois gardiens blessés ayant succombé, a poursuivi le
ministre, par ailleurs porte-parole du gouvernement.
Les autorités avaient évoqué samedi une tentative d’évasion perpétrée par
des "détenus déjà inculpés pour +association de malfaiteurs en relation avec
une entreprise terroriste+".
"Il ressort des premiers constats établis sur les lieux que les agresseurs
ont manifestement bénéficié de complicités extérieures quant à l’arme
introduite dans la prison", a souligné le ministre de la Justice.
Une enquête a été ouverte et les Nigériens doivent "rester sereins" et
assumer leur "devoir de vigilance", a-t-il insisté.
Le Niger, qui subit depuis plusieurs années des attaques et des rapts
commis par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est sous forte tension après
avoir été frappé le 23 mai dans le Nord par deux attentats suicide, les
premiers de son histoire.
Les deux attaques quasi-simultanées contre le grand camp militaire
d’Agadez, la principale ville du Nord, et un site d’uranium du groupe
nucléaire français Areva à Arlit (à plus de 200 km au nord) avaient fait plus
de vingt morts, essentiellement des militaires nigériens.
Ces attentats ont été revendiqués par le Mouvement pour l’unicité et le
jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et un autre groupe jihadiste, les
Signataires par le sang de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
Cet ex-responsable d’Aqmi a menacé de frapper de nouveau le Niger et les
autres pays engagés militairement au Mali, où une intervention
franco-africaine a permis depuis janvier de reprendre le Nord aux islamistes
armés qui le contrôlaient depuis 2012.