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Le collectif «sauvons le Niger» accuse le gouvernement de vouloir faire modifier la loi minière 2006 pour favoriser AREVA
Publié le vendredi 13 juin 2014   |  La Griffe


Le
© Autre presse par DR
Le patron d`Areva, Luc Oursel


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L’accord conclu le 24 mai dernier entre l’Etat du Niger et la société française AREVA continue de susciter les réactions au sein de l’opinion publique, principalement au niveau des structures organisées. Si pour certains cet accord est «équilibré», pour d’autres il s’agit plutôt d’un accord qui arrange plus les affaires de la société AREVA.

Parmi les structures organisées qui pensent que cet accord est plus profitable à AREVA qu’à l’Etat du Niger, il y a le collectif «sauvons le Niger qui est constitué de plusieurs organisations de la société civile et syndicales.

Lors d’un point de presse qu’il a organisé, la semaine dernière à son quartier général sis au siège de l’Association Alternative Espace Citoyens, le collectif «sauvons le Niger » a donné sa lecture du contenu de l’Accord de Partenariat Stratégique (APS) signé entre le Niger et la société française AREVA, après plusieurs mois de négociations.

Et cette lecture est à mille lieues de celle du Gouvernement et de certains citoyens qui présentent cet accord comme un trophée national que seuls les apatrides peuvent critiquer. «Un examen attentif de cet accord nous a permis de comprendre que le Gouvernement du Niger est pratiquement passé à côté de la plaque et les intérêts stratégiques de notre pays ne sont pas véritablement pris en compte.

De ce fait, on peut affirmer sans risque de se tromper que le partenariat entre le Niger et AREVA demeure encore déséquilibré aux dépens de notre pays et son peuple», a martelé le collectif «sauvons le Niger».

Là où le Gouvernement dit avoir obtenu de la société AREVA le renouvellement des conventions minières de la Société des mines de l’Aïr (SOMAÏR) et de la Compagnie minière d’Akouta (COMINAK), le collectif «sauvons le Niger » parle «de la duperie car en vérité cette loi en question fera l’objet de modification pour tenir compte de tous les désidératas d’AREVA et sera soumise pour adoption à l’Assemblée nationale, le tout avant le 30 juin 2014, date retenue pour la signature des conventions en objet».

Pour le collectif, l’accord du 24 mai 2014 ne vise ni plus ni moins qu’à créer «les conditions favorables à AREVA pour la signature des conventions SOMAÏR et COMINAK conformément à la volonté d’AREVA et non à la loi minière 2006». Le collectif précise que cette loi «fera l’objet de trituration pour intégrer les exigences de AREVA en matière fiscale notamment l’introduction du mécanisme de neutralisation de la TVA, le report des droits et autres créances sans contrepartie (amende, pénalité, etc.).

Même l’acceptation par AREVA de la nomination de citoyens nigériens comme directeurs généraux de la SOMAÏR et de la COMINAK ne semble pas convaincre le collectif «sauvons le Niger» qui estime que «cette décision s’inscrit dans une dynamique globale de restructuration des coûts de production au niveau des deux sociétés avec toutes les conséquences sociales gravissimes pour les travailleurs…».

S’agissant de l’engagement pris par AREVA de contribuer à hauteur de cent (100) millions d’euros pour la réhabilitation de la route Tahoua-Arlit et la construction d’un siège devant abriter les sociétés minières, le collectif «sauvons le Niger» regrette que cette décision de AREVA soit conditionnée par le report de la mise en exploitation de l’important site minier d’Immouraren.

«Prévue pour être achevée en fin décembre 2012 conformément à la convention signée en 2008, le projet Immouraren a connu plusieurs reports pour finalement déboucher sur le dernier annoncé dans l’APS, qui s’apparente à un report sine die car laissé à la merci d’un comité dit stratégique, qui se chargera de juger de l’opportunité de relancer le projet en fonction de la situation favorable du marché dit-on; alors que les textes en vigueur prévoient en pareille circonstance, le retrait pur et simple du permis en question pour le reverser dans le domaine public et attendre de nouvelles occasions pour le réintroduire sur le marché à l’initiative exclusive de l’Etat du Niger le moment choisi», s’est offusqué le collectif.

De manière générale, le collectif «sauvons le Niger» retient que «le contenu de l’APS viole délibérément les textes de la République en vigueur et les engagements antérieurs souscrits par AREVA notamment la convention d’Immouraren signée depuis 2008». Face à cette situation, le collectif «sauvons le Niger» demande au Gouvernement «de se ressaisir et de renoncer à sa volonté de triturer négativement la loi minière 2006 pour faire plaisir à AREVA moyennant un cadeau empoisonné dont la valeur ajoutée véritable pour le pays demeure équivoque».

Le collectif a tenu à préciser aux citoyens nigériens «qu’à ce jour encore, les deux conventions SOMAÏR et COMINAK ne sont pas signées et que cela n’interviendra qu’après la modification de la loi minière 2006 exigée par Areva de manière sournoise dans le fameux APS et accepté par le Gouvernement, qui a promis de soumettre le texte en objet à l’adoption par les députés, qui seront ainsi, à leur tour, mis devant leur responsabilité citoyenne».

Tout en estimant que «rien n’est encore perdu si les députés assument correctement leur responsabilité et mettent en avant les intérêts supérieurs de la Nation et du peuple et veillent au respect strict de la notre loi fondamentale et de nos textes en vigueur en la matière», le collectif «sauvons le Niger» a lancé «un vibrant appel à l’endroit de tous les députés pour qu’ils défendent la souveraineté de notre pays et la loi fondamentale du piège d’AREVA qui n’a aucun respect pour nos lois et règlements en refusant de voter toute modification tendant à remettre en cause les acquis de la loi minière de 2006».

Habibou Abdou

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