A Zinder, ville située au centre-est du Niger à plus de 900 kilomètres de Niamey, la capitale, une persistante pénurie d’eau trouble le sommeil des habitants estimés à près d’un million de personnes.
Dans cette ville, les robinets ne coulent plus le jour. Pour se procurer le liquide précieux, hommes, femmes et enfants sont obligés de veiller autour des bornes fontaines voire de parcourir des distances de plusieurs kilomètres.
‘’Aujourd’hui même les hommes qui par le passé étaient dispensés de la corvée d’eau ne sont pas épargnés. Ils accrochent des bidons de 25 litres à leurs engins à deux roues et partent dans les villages environnants de Zinder pour puiser l’eau au puits’’, raconte à APA, Maman Siragi, 48ans, boulanger au grand marché de Zinder.
Sur la grande artère qui conduit à la gare routière toutes les cinq minutes passe un groupe de jeunes et de femmes, un bidon de 25 litres sur la tête rempli d’eau. ‘’Les élèves arrivent en retard à l’école. Ils passent tout leur temps à la recherche de l’eau’’, se plaigne Madame Ali Fadjimata, enseignante à Zinder.
Avec cette pénurie d’eau beaucoup d’activités sont au ralenti dans la ville de Zinder. Sur les chantiers de construction les maçons travaillent deux jours sur cinq. ‘’ En plus du calvaire que nous donne le problème d’eau, est venu se greffer celui du chômage technique’’, raconte les dents serrées Abdou Chaibou, apprenti-maçon.
Les femmes restauratrices ne sont pas mieux loties et leur business est sérieusement atteint. ‘’ Il arrive des jours où nous ne cuisinions pas à cause du manque d’eau’’, déplore hadji Adi, restauratrice.
Selon la direction régionale de l’hydraulique de Zinder, la nature granitique du socle de la ville de Zinder est à l’origine du manque d’eau. Une explication qui ne convainc pas la majorité des habitants qui parlent de manque de volonté politique des régimes passés et actuels.
‘’Les régimes qui se sont succédé n’ont pas fait les investissements nécessaires’’, dénonce Sidikou Moussa, âgé de 62 ans et qui habite Zinder depuis une quarantaine d’années.
Cependant, cette situation profite aux vendeurs d’eau qui font la pluie et le beau temps. Le prix du bidon d’eau a quadruplé. De 75 FCFA, les deux bidons de 25 litres sont vendus aujourd’hui à 300 FCFA voir 500 FCFA dans certains quartiers de la ville.
‘’ Combien de temps nous pouvons tenir face cette situation ?’’, s’interroge Adam Nouhou, un sexagénaire qui dépense 2000 FCFA par jour pour subvenir aux besoins en eau de sa famille.
La Société d’exploitation des eaux du Niger (SEEN) n’est pas en mesure de satisfaire le besoin journalier en eau de la population de la ville de Zinder qui est estimée à 14.000 mètres cubes. Et pour cause plusieurs forages sont en panne au niveau des champs de captage d’Arroungouza qui alimentent la ville de Zinder. Aujourd’hui, la production en eau de la SEEN est estimée à 9.000 mètres cubes par jour.
‘’Nous procédons chaque jour au système de délestage pour atténuer les souffrances des populations. Un plan de délestage a été établi pour toute la ville’’, explique Elhadji Rabiou Issoufou, directeur régional de la SEEN.
Pour éviter les émeutes de l’eau qui ont secoué la ville de Zinder, l’année dernière, les autorités régionales ont implanté des citernes d’eau dans les quartiers. A quoi, elles ont ajouté des tanks.
‘’ Nous veillerons à ce que toute la population ait de l’eau potable à boire’’, a souligné Dr Bachir Sabo, maire central de la ville de Zinder.
Un comité de gestion du problème d’eau de la ville de Zinder composé de toutes les couches socio-professionnelles a été mis en place.
Au plan national, l’Etat du Niger a contracté un prêt de 25 milliards de FCFA au niveau de la banque chinoise Eximbank pour alimenter la ville de Zinder en eau potable dans les mois à venir.
Il sera ainsi réalisé 20 forages, une conduite de transport et une nouvelle station de reprise. Avec ces nouvelles installations, la capacité de production atteindra les 20.000 mètres cubes jour.