Quelque 3.500 personnes selon la police, 60.000 selon l'opposition, ont marché sans heurts dimanche à Niamey contre le régime du président Mahamadou Issoufou, alors que le climat politique s'était fortement dégradé ces derniers mois, a constaté l'AFP.
Les autorités avaient montré leur bonne volonté en permettant une telle manifestation la semaine dernière, mais trop tard pour que l'opposition puisse effectivement l'organiser.
L'opposition s'était vue refuser à deux reprises l'autorisation de manifester, le 25 mai et le 1er juin, les autorités municipales invoquant notamment le risque de "troubles à l'ordre" et "la possibilité" que la marche "soit infiltrée par +des terroristes+".
Arborant des tee-shirts et brandissant des fanions et parapluies aux couleurs de leurs partis, les manifestants ont défilé sur quelques kilomètres aux cris de: "A bas le régime", "A bas le gouvernement" ou encore "Non à la dictature".
Seïni Oumarou, le chef de file de l'opposition, l'ex-président Mahamane Ousmane (1993 à 1996) et Hama Amadou, l'actuel président du Parlement et allié du régime passé en 2013 dans l'opposition, ont participé à la marche.
"Nous exigeons la libération immédiate des détenus politiques contre lesquels ils ne pèse aucune charge sérieuse autre que le montage grotesque des autorités politiques actuelles", a lancé Mahamane Ousmane, exhortant les Nigériens à "se mobiliser" dans ce but.
"Rien ne nous découragera dans le combat qui nous oppose au gouvernement injuste de Mahamadou Issoufou", a de son côté averti Hama Amadou. Le reste des interventions avait une coloration très politicienne, moins centrée sur les évènements survenus ces dernières semaines.
Quelque 44 membres du Moden, un parti d'opposition, ont été arrêtés en mai, dont 38 ont été relâchés une dizaine de jours plus tard. Six cadres de cette formation, dont Hama Amadou est le leader, demeurent incarcérés, inculpés d'"atteinte à la sécurité de l'Etat".
La situation politique s'est fortement détériorée ces derniers mois au Niger. Les maisons de deux hommes politiques ont été la cible de coups de feu, tout comme le siège du parti au pouvoir, attaqué au cocktail Molotov.