On les croyait réconciliés, revenus à la raison, et prêts à unir leurs intelligences pour faire avancer le Niger.
Mais, finalement, les derniers développements de la situation politique au Niger sont en train de faire mentir tous ceux qui pensaient que Hama Amadou et Mahamadou Issoufou pouvaient travailler main dans la main. Le premier est l’actuel président de l’Assemblée nationale du Niger, le second, Mahamadou Issoufou, est le chef de l’Etat en exercice.
Les deux hommes sont tous ambitieux
Aujourd’hui, le torchon brûle entre ces deux plus hautes autorités du Niger, au point qu’ils ne s’adressent même plus la parole. Une querelle d’individus, une querelle d’ego qui, aujourd’hui, met en danger la paix sociale et la sécurité du peuple nigérien que chacun jure pourtant de vouloir protéger. A l’origine de cette mésintelligence profonde, il y a l’arrestation d’une quarantaine de militants du parti du président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou. Le pouvoir les accuse de troubles à l’ordre public et de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Des accusations suffisamment graves pour que les intéressés soient condamnés à passer une bonne dizaine d’années derrière les barreaux. L’opposition, elle, a une autre lecture de la situation. En effet, pour Hama Amadou, ce sont là des arrestations politiques qui ne visent ni plus ni moins qu’à l’affaiblir, et l’empêcher d’être candidat à la présidentielle de 2016. C’est bien là que se situe la pomme de discorde entre ces deux grosses têtes de la politique nigérienne. On se rappelle que c’est en 2009, que les deux hommes se sont rapprochés pour s’opposer au président Mamadou Tandja qui voulait s’offrir un bonus à la tête de l’Etat du Niger. Une alliance que les deux hommes ont formalisée en 2011 et qui a permis à Mahamadou Issoufou d’être élu président et à son allié d’occuper le deuxième fauteuil le plus convoité de la République. Une Alliance contre-nature, que dénonçaient à l’époque déjà, certains observateurs avisés de la scène politique nigérienne. Les deux hommes sont tous ambitieux, téméraires, et ne rêvaient à l’époque que d’accéder ou d’occuper le plus longtemps possible, le palais présidentiel au Niger.
Mahamadou Issoufou doit adopter l’attitude responsable d’un homme d’Etat
Aujourd’hui, Hama Amadou que l’on dit « prêt à tout pour monter les marches du péron de ce palais » semble désormais pressé, trouvant trop long un second mandat de son allié d’hier. Mahamadou Issoufou, de son côté, s’accommode plutôt mal des volte-faces ainsi que des chantages à répétition de son ancien allié.
Ce à quoi on assiste aujourd’hui n’est donc rien d’autre que la rupture d’une alliance contre-nature de deux hommes aux ego surdimensionnés, qui prend en otage le développement de tout un peuple.
Cela dit, Mahamadou Issoufou, qui a jusqu’ici donné des signaux encourageants pour la démocratie au Niger, ne doit pas revenir en arrière. Il doit se montrer plus visionnaire et surtout éviter de brader les résultats des quelques années de lutte, notamment la brillante victoire que son gouvernement vient de remporter sur le groupe nucléaire français Areva. Face aux comportements d’un homme politique comme Hama Amadou, Mahamadou Issoufou doit adopter l’attitude responsable d’un homme d’Etat. L’avenir lui rendra justice. Sinon, tous deux seront comptables d’un éventuel retour en arrière de la démocratie au Niger, et devront, un jour, rendre compte sous l’autorité de la grande muette.
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