Une fois de plus, se riant de la paupérisation croissante des populations, le Président de la République et son Premier ministre ont saisi l'occasion du troisième anniversaire de son accession à la magistrature suprême, pour chanter, non sans cynisme, « qu'il fait bon vivre au Niger », pays à l'orée do l'émergence, que tout va très bien et que le Peuple leur est «reconnaissant» !
Mais vous avez relevé en même temps que l’Opposition Politique, à travers ma modeste personne, le tissu de contres- vérités que constituaient les bilans de l'An 1 et 2 alors servis à l'opinion nationale et internationale. Ce troisième bilan n'est que la somme des premiers bilans mensongers. Depuis lors, en plus du péché originel lié aux conditions de son accession au pouvoir, le Président lssoufou Mahamadou et son gouvernement se voient désormais affublés du titre peu glorieux de spécialistes de faux bilans.
Consciente de ce que les gouvernants actuels, longtemps restés dans l’Opposition, ont faussement revêtu le manteau de l'état de droit, de la démocratie, de la défense des droits humains et de la bonne gouvernance pour se hisser au pouvoir auquel ils s'agrippent à présent avec l'énergie du désespoir, l'Opposition politique, malgré les menaces de tous genres, entend pleinement jouer son rôle. Par devoir de vérité, comme par souci de permettre à toutes et à tous d'être mieux informés, nous avons décidé de vous livrer notre analyse du bilan des 3 ans de mise en œuvre du programme dit de «renaissance du Niger».
Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur des données pertinentes, d'une part, publiées dans les documents et sites officiels nationaux et internationaux et, d'autre part, recueillies sur le terrain. L'exploitation de toutes ces informations nous autorise à vous donner un autre éclairage sur le fameux bilan des trois (3) ans de gouvernance « Guri ». A cet égard, nos propos couvriront particulièrement:
-D'abord la réalité des réalisations au niveau de la gestion des finances publiques, de l'économie et de la prise en charge des préoccupations de base des populations;
-Ensuite les aspectes essentiels liés à la gestion politique, administrative, institutionnelle, juridique et judiciaire du pays.
Mesdames et messieurs
En matière de gestion de l'économie, si le retour en théorie de la planification peut s'inscrire dans le bon sens, encore faudrait-il que l'exercice soit participatif, inclusif, basé sur les besoins réels des populations et les capacités d'absorption des crédits d'investissement. Le Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2012-2015, mal conçu, a été présenté aux Partenaires Techniques et Financiers du Niger à l’occasion de la table ronde organisée à Paris en novembre 2012. Or il ne sera soumis à la sanction de la Représentation nationale qu'en novembre 2013, tout juste pour que le Président de la République puisse faire le décompte de ses nouveaux alliés à l'Assemblée Nationale. Les laborieuses populations quant à elles, royalement ignorées lors de l'élaboration de ce PDES, ont dû attendre les missions ministérielles du mois d'avril 2014 pour en connaître les grandes lignes contrairement aux propos tenus à Paris par le Ministre en charge du Plan. Ces missions ministérielles ont parlé de lendemains meilleurs. Elles n'ont pas dit aux nigériennes et aux nigériens qu'en 2013, ils se sont appauvris davantage. En effet le taux de croissance économique qui est estimé à 3,6 % a été inférieur à celui de la croissance démographique (3,9%) malgré une importante production pétrolière et minière.
Mesdames, Messieurs,
Selon la version du 31 mars 2014 du tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE) les ressources internes mobilisées de 2011 a 2013 s'élèvent à 1555 milliards de francs Cfa alors que le bilan des 3 ans mentionne le chiffre de 2253 milliards de FCFA pour la même période. Le souci de bonne gouvernance tant prôné nous amène à demander aux gouvernants d'expliquer aux nigériens où sont passés les 698 milliards de Francs qui constituent la différence entre ces deux chiffres. En matière de mobilisation de ressources extérieures, au titre du PDES, le Bilan annonce la signature d'accords et de conventions de financement pour un montant de 3203 milliards de F CFA. Mais le Président de la République s'est gardé de reconnaître qu'à en croire le TOFE, le taux de décaissement effectif des ressources mobilisées n'est que de 27%. Cette situation dénote clairement l'incapacité du régime à monter des dossiers crédibles de financement et à consommer les crédits, pourtant nécessaires à l'amélioration des conditions de vie des populations.
Mesdames et Messieurs
Pour ce qui est du climat des affaires, l'adoption d'un cadre institutionnel et réglementaire pour son amélioration procède du bon sens. Nul besoin de se le faire recommander par les partenaires au développement. Cependant, faudrait-il encore que les principaux acteurs y soient pleinement associés et que les compétences nationales soient effectivement utilisées dans la mise en œuvre.
C'est pour toutes ces raisons que les mesures réglementaires prises soit disant pour l'amélioration du climat des affaires ne se traduisent pas, loin s'en faut, dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale 2014 où le Niger passe de la 174ème place sur 185 pays en 2012 à la 176ème place sur 189 pays en 2013 soit un recul de deux (2) rangs.
Mesdames et Messieurs,
L'Opposition politique relève pour le dénoncer que la frénésie avec laquelle les autorités actuelles s'emploient à accroitre le taux d'endettement du pays est de nature à compromettre sa capacité de financement dans l'avenir, d'autant plus que, les investissements réalisés ne sont pas, dans beaucoup de cas, en phase avec les besoins exprimés et réels des populations et lorsqu'ils le sont, ces investissements ne sont pas de qualité ou sont scandaleusement surfacturés. Pour preuve le pont enjambant le boulevard du Zarmaganda initialement prévu pour couter tout au plus 9 milliards de francs a finalement coûté 17 milliards. Ce pont pompeusement appelé échangeur n’a pas solutionné le problème de l'embouteillage au niveau de ce carrefour. Aujourd'hui l'opacité qui entoure la signature de certaines conventions de i financement dont les montants en cause sont chiffrés en milliards de dollars doit inquiéter les citoyens nigériens à cause des incidences catastrophiques que ces accords ainsi conclus auront sur leur avenir immédiat ainsi que sur celui des générations futures. Car s'endetter pour des dépenses courantes de fonctionnement, des dépenses de prestige ou pour assurer des prébendes à une pléthore de conseillers et chargés de mission, n'est pas un signe de bonne gouvernance.
Mesdames et messieurs,
Dans le secteur des Mines, sous couvert de la poursuite de la politique de diversification des partenaires, débutée en 2007, le régime de lssoufou Mahamadou a engagé le Niger dans la distribution anarchique d'une multitude de permis miniers dans l'opacité la plus parfaite, en violation des articles 149 et 150 de la Constitution et du code minier. Pour preuve, près de 17 milliards de F de bonus de signature sont encore attendus par le Trésor Public et paradoxalement ce montant n'a toujours pas été budgétisé. L’opposition politique qui fait de la défense des intérêts nationaux son credo, salue dans le principe, la signature d'un accord entre le Gouvernement et AREVA sur la base des dispositions de la loi du 9 aout 2006. Cependant nous attendons d'être en possession de l’accord pour livrer aux populations notre position par rapport à ses conclusions et ses conséquences pour le Niger. Mais d'ores et déjà, au vu du document que certaines agences de presse ont publié, nous pouvons faire les remarques ci-après:
Le taux de prélèvement de la redevance demeurera invariable à 5,5% puisque l'accord prévoit des dérogations en violation des dispositions de la loi minière du 9 août 2006, ce dont la société civile a déjà fait écho. Le taux de rendement financier supérieur à 20% et les recettes supplémentaires ne seront jamais réalisés. Le prix d'enlèvement de l'uranium métal par les filiales d'Areva sera sous le seul contrôle d'Areva car la formule retenue est liée au prix spot et au prix des contrats à long terme, Areva est le principal acteur dans la manipulation de ces prix. Avec cette formule, Sopamin ne sera plus capable de vendre sur le marché international la quotepart du Niger ;
La neutralisation de la TVA avec effet rétroactif, oblige l’Etat du Niger à renoncer aux recettes fiscales et douanières de l'exercice 2013 et de la période du premier semestre 2014. Le versement de 100 millions d'euros dont le décaissement sera rééchelonné est intimement lié à l'existence du projet lmouraren alors s qu'aucune disposition ne prévoit sa non déductibilité des frais de développement du dit projet. Et d'ailleurs même en cas de décaissement Areva trouvera certainement le moyen de se faire rembourser en diluant les montants dans les états de gestion de ses filiales au Niger.
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes intimement convaincus que la bataille pour l'autosuffisance alimentaire ne saurait être gagnée à travers des slogans creux du genre «les Nigériens Nourrissent les Nigériens » lorsqu'on observe que la tromperie et la mise en scène ont pris le pas sur l'action concrète. A cet égard, après trois années de gouvernance chaotique, nous constatons que le régime, comme à son habitude, confond, volontairement, la forme et le fond.
Là où la tromperie atteint son paroxysme c'est quand le Président de la République confond le passé, le présent et le futur dans son bilan au lieu de dresser la situation des actions tangibles, incontestables, qu'il a lui-même réalisées.
C'est ainsi par exemple qu’il affirme avoir réalisé 10.824 forages maraîchers, 43 forages profonds, 2.254 puits maraîchers et 21 barrages en faisant l'amalgame entre ce qui existait déjà, ce qui est en cours de réalisation et ce qui est tout simplement projeté. Le Président lssoufou Mahamadou s'approprie ainsi les bilans de tous les autres régimes qui l'ont précédé, en oubliant qu’il n'a fait que poser sa pierre sur un édifice déjà entamé avant lui. A moins qu'il ne soit convaincu que le Niger n'a commencé à exister qu'à partir du 7 avril 2011. C'est ainsi que, lorsque la FAO a effectivement primé le Niger (avec 17 autres pays) pour avoir atteint les OMD 1 relatifs à la faim, le Président de la République récupère à son propre compte l'intégralité de résultat. Il y a en cela un manque d’égards vis-à-vis des techniciens de l'illustre institution onusienne. En effet, les données de la FAO montrent clairement que la prévalence de la sous-alimentation qui était de 37% en 1990-92 est passée à 33 % en 1995-97, puis à 24 en 2000-2002, à 18% en 2005-2007 et enfin à 13% en 2010-2012, période qui ne comporte qu'une seule année de pouvoir du régime de Mahamadou lssoufou.
C'est donc l'ensemble des interventions antérieures et présentes qui ont permis au Niger d'atteindre un tel résultat. Par ailleurs les opérations : Reconstitution du Stock National de Sécurité de I'OPVN. Vente de Céréales à Prix Modérés, Distribution Gratuite de Vivres et Food for Work qui n'ont pas été inventées par le Président lssoufou Mahamadou, sont exhibées dans son bilan comme autant de trophées.
Mesdames et Messieurs
Lors de la résiliation du Contrat des travaux de construction du barrage de Kandadji avec l’entreprise russe ZVS en Août 201 3, les autorités avaient annoncé et répété à maintes reprises, que les travaux du barrage reprendraient au plus tard en février 2014 et que celui-ci serait livré sans coûts additionnels et dans les délais initialement prévus. Ces affirmations sont contredites par le Ministre en charge du Plan qui a annoncé sur les antennes de RFI le 18 Avril 2014 que «le coût du barrage est de l'ordre du milliard de dollars et le financement est totalement bouclé». Ce qui constitue un surcoût de 33% par rapport aux estimations initiales du coût du Programme Kandadji. ll a affirmé par ailleurs que la mise en eau est prévue en fin 2017. Mais ni lui, ni le bilan de l’an 3 ne font cas d'appel d’offres international avec pré qualification, censé être lancé immédiatement après la résiliation du contrat initial, afin de recruter une nouvelle entreprise. Sachant que le processus de sélection d'une entreprise selon la procédure imposée parle Code des marchés publics et les règles des bailleurs de fonds, ne peut aboutir avant un minimum de temps de 12 mois et qu’à la date du bilan ledit processus n'a même pas été entamé, il y'a lieu de conclure que la construction du barrage de Kandadji sera retardée de plusieurs années.
Mesdames et Messieurs,
Dans le domaine de l'hydraulique les chiffres annoncés dans le bilan de l’an 3 sont en contradiction flagrante avec ceux fournis par le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans son propre rapport-bilan établi en mars 2014. En effet, selon ce rapport, le nombre de Points d'Eau Modernes réalisés jusqu’à cette date s'élevait à 5.587 et 955 autres seraient en cours de réalisation. Il apparaît ainsi que, les 6.542 PEM annoncés dans le bilan de lssoufou Mahamadou comme réalisés, ont été obtenus en additionnant les nouvelles réalisations (5.587) et les réalisations en cours (955). Bizarrement le bilan mentionne en plus 923 Points d'Eau Modernes qui seraient en cours de réalisation et qui ne figurent nulle part dans le rapport du Ministère technique. Ceci traduit comme vous le constatez, une volonté manifeste de trafiquer les chiffres. Au cours de l'an 3, en réalité ce sont 1.323 Points d’Eau Modernes nouveaux qui auraient été réalisés soit un taux de 44.1% par rapport à la promesse faite aux nigériens qui est de 3000 Points d’Eau Modernes pour cette troisième année de gestion du pouvoir. En matière de réhabilitation de Points d’Eau Modernes, le Président lssoufou Mahamadou a promis de la réfection de 1650 Points d’Eau Modernes par an soit 4950 pour les 3 ans. Il apparait que cette promesse comme toutes les autres ne sera pas tenue puisqu'en réalité, il n’a réhabilité que 2169 sur les 4950 attendus.
S'agissant des ouvrages d'assainissement la promesse est de 144 000 sur les trois ans. Or seuls 31.527 ouvrages d'assainissement de base auraient été réalisés en trois ans. Avec de telles performances, les promesses du Président de la République ne seront jamais tenues, à fortiori l'atteinte des OMD en matière d'approvisionnement en eau et d'assainissement.
Messieurs et Messieurs
S'agissant des infrastructures routières, du chemin de fer et de l'énergie, l'objectif poursuivi est la réalisation de 1.246 km de routes bitumées, soit une moyenne de 249 km par an et 748 km sur les trois ans. Le bilan fait état de 285 km de routes neuves réalisées. Or, même de ces 285 km annoncés, il faut soustraire les tronçons Niamey-Ouallam (94 km) et Tibiri-Dakoro (115 km) réalisés bien avant l'avènement de la 7ème République, soit 209 km. Ce qui ramène la performance des autorités actuelles à 76 km sur les trois années au lieu de 748 kms attendus, soit un taux de réalisation de 10% en matière de routes neuves. En outre plusieurs axes routiers importants peinent à être achevés (Bella-Gaya, Say-Tapoa, Filingué-Abala Sanam, Moudjia-Badaguichiri, etc.). Et pour justifier son incapacité à faire face à ses promesses, le Président lssoufou Mahamadou fait endosser la responsabilité à la mauvaise performance des entreprises. En matière d'infrastructures énergétiques, on note des incohérences entre le programme de la Renaissance, la DPG, et le PDES. Aujourd'hui, force est de constater que le bilan des trois années de ce régime n'est pas à la hauteur des attentes. En effet, l'Administration de l'énergie ne peut pas être efficace, en l'absence d'une véritable planification énergétique en cohérence avec l'évolution de la demande. En dépit de l'existence, depuis 2004, d'une Déclaration de Politique Énergétique, on assiste à la mise en œuvre de projets coûteux, budgétivores, inopportuns, notamment le cas de la centrale de 100 Mw de Gorou Banda , alors que des ouvrages tels que le barrage de Kandadji (130 Mw) et la centrale à charbon de Salkadamna (200 Mw) auraient pu connaître une programmation prioritaire et bénéficier de plus de soutien politique et financier.
Les coupures d'électricité sont toujours d'actualité, malgré les innombrables promesses faites aux populations de rompre avec ces dernières, et surtout après d'importants investissements supposés avoir été réalisés. S'agissant de la promotion des ressources pétrolières, il y a lieu de noter que la construction de la raffinerie de Zinder (SORAZ) et du pipeline reliant cette dernière au site d'exploitation est l'œuvre des autorités des 5èmes et 6ème Républiques. Malgré cet héritage censé profiter à tous les nigériens, les autorités actuelles affichent un mépris total face à la légitime revendication des populations relatives à une diminution significative des prix des hydrocarbures. Pire, on assiste à un bradage éhonté des ressources pétrolières au profit d'intérêts étrangers et le pouvoir en place ne s'embarrasse pas de scrupules, pour endetter le pays de façon inconsidérée en se fondant sur ces ressources, hypothéquant ainsi l'avenir des générations présentes et futures.
Mesdames et Messieurs
S'il y a un domaine dans lequel la propagande mensongère du régime a atteint son paroxysme malgré les démentis que la réalité quotidienne lui oppose, c'est bien celui du développement social. Ainsi, au niveau de l'enseignement primaire, l’école gratuite et obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans est restée au stade de slogan électoraliste. Le Président lssoufou Mahamadou ne fait plus cas de l'objectif de 100% de scolarisation promis aux nigériens. En effet, le Programme Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF), adopté par le gouvernement pour la période 2014-2024 n'a retenu que 82% de taux de scolarisation primaire en 2016. De toute évidence, cette promesse n'est qu'une chimère (encore une) car en se référant à la nouvelle option du gouvernement, les 100% de taux brut de scolarisation(TBS), pourtant promis pour 2015 ne seront pas atteints même en 2024.Concernant les constructions de salles de classes au primaire, la promesse faite est de construire 2500 classes par an, soit 7500 classes sur les 3 ans. Cette habitude du Président lssoufou Mahamadou à la falsification des chiffres, l'a conduit dans son bilan des 3 ans, a annoncé que 5151 classes sont construites et 3586 autres sont en cours, soit un total cumulé de 8737 classes. Ce bilan n'est pas sincère. Il est très loin d'être sincère. En effet, la réalisation effective des 5151 classes suppose que les ressources financières nécessaires aient été préalablement inscrites aux différents budgets des exercices con cernés et qu'elles aient été effectivement décaissées. Or, il n'en est rien du tout et cela de l'aveu même de la Ministre en charge de l’Enseignement Primaire qui avait avoué aux députés nationaux le 29 octobre 2013, soit cinq (5) mois se seulement avant la date anniversaire du 7 avril 2014, que le besoin de financement pour apurer les dettes du programme 2012 de construction des classes était de plus de 3 milliards de F.CFA et le besoin de financement du Programme 2013 de construction de classes était de plus de 23 milliards, soit un cumul de près de 54 milliards. Or selon la ministre, à la date du 30 septembre 2013, seuls prés de 17 milliards ont pu être délégués dans les régions pour le paiement des entrepreneurs au titre des deux programmes 2012 et 2013.
Elle concluait en disant que plus de 36 milliards restants (soit 69% des besoins) sont à recherche toujours au titre des deux programmes 2012 et 2013. Merci Madame la ministre en charge de l'éducation primaire, pour avoir communiqué ces chiffres qui nous ont permis, de démontrer le caractère irréaliste du bilan du Président de la République en matière de construction de classes.
Mesdames et Messieurs
Comment, dans ces conditions, peut-on soutenir que les objectifs de 7.500 classes pour les 3 ans sont atteints et même dépassés ? A-t-on vraiment besoin d'être un ingénieur pour comprendre qu’en termes d’exécution du budget de l’Etat on ne peut, en aucune manière, toute chose étant égalé par ailleurs, réaliser un programme au-delà des objecj tifs? Comment le Président la République est-il arrivé à réaliser 8737 classes en trois ans alors qu’il n’a inscrit que 7500 classes sur les budgets 2011, 2012 et 2013 ? Appelons les choses par leurs noms : le bilan présenté par le Président de la République n’est pas conforme à la réalité. Le Ministre.des Finances lui-même, a reconnu clairement et ouvertement, devant la Commission des Finances de l‘Assemblée Nationale, que «les capacités des entrepreneurs du secteur ne permettent pas de réaliser plus de 500 classes par an». Dans cette logique du Ministre, au meilleur des cas, on ne pouvait s’attendre qu'à la réalisation de 1500 classes sur les 3 ans. Et d'ailleurs, le bilan de l'an 3 a corroboré cet état de fait en mentionnant qu'en matière d'infrastructures : « le retard souvent accusé dans la réalisation des constructions est imputable au non décaissement à temps des fonds alloués à cet effet et à la faible capacité de certaines entreprises à exécuter les travaux dans les délais impartis».
En réalité, les 17 milliards délégués dans les régions sur les trois ans d'exercice budgétaire ne pouvaient, au meilleur des cas, réaliser que 1670 classes à raison de 10 millions de francs la classe, coût unitaire pratiqué actuellement. A la vérité, les programmes de constructions 2011, 2012 et 2013 se sont tous plantés, faute de financement. A titre illustratif, nos investigations nous ont permis de découvrir, ici aux portes de Niamey, dans la Commune Rurale de Karma précisément, que sur les 22 classes prévues sur le programme de constructions 2012, onze (11) classes ne sont pas encore achevées. Aucune construction de classe n'a démarré sur les 28 classes prévues dans le programme de construction 2013.Sur un autre plan, le nombre de classes en paillotes au primaire, délibérément omis dans le bilan des 3 ans, est passé de 18.300 classes en paillotes en 2010 à 24.388 en 2013, soit une augmentation de 6088 classes en paillotes pendant les 3 ans de gestion dite de la Renaissance. Comment expliquer cette augmentation sans précédent du nombre de classes en paillotes si le fameux programme annuel de construction des 2500 classes en matériaux définitifs avait été respecté. ll y a lieu de souligner que même construites les classes sont livrées non équipées de tables-bancs, autres accessoires, la conséquence est toute simple : la dégradation continue des conditions d’enseignement et d'apprentissage dans nos écoles attestées parles multiples revendications des scolaires et des enseignants. Pour fuir ses responsabilités le régime est obligé de mettre sur le dos de l’opposition politique les légitimes revendications des organisations syndicales des enseignants et scolaires.
C’est d’ailleurs cette réalité décrite par deux responsables scolaires qui leur avait valu le courroux des autorités en charge de l’Education. Concernant l'enseignement préscolaire, le chiffre de 2076 établissements du préscolaire annoncés créés en trois (3) ans est le cumul de tous les établissements préscolaires existants au Niger depuis la création de ce niveau d'enseignement c’est-à-dire depuis 1948. En réalité, sur les 3 ans, le nombre d'établissements préscolaires créés est de 793 car selon l’Annuaire statistique 2012-2013, le nombre total d’établissements préscolaires était de 1283. ll faut mentionner que la plupart des 793 établissements préscolaires prétendument créés ne sont en fait que des classes préscolaires logées dans des écoles primaires déjà existantes. Au niveau des Enseignements secondaires, l’engagement pris par le régime de porter le taux de transition CM2-6ème de 55% en 2009 à 63% en 2015 est complètement abandonné.
Dans le cadre du Programme Sectoriel pour l’Éducation et la Formation 2014 -2024, le gouvernement a pris la criminelle décision de réduire de façon drastique les chances des jeunes nigériens d’accéder au collège. En effet, le taux de transition CM2-6ème qui était de 65% en 2010 sera ramené à 50 % en 2016 et maintenu comme tel jusqu’en 2024.
Dans le domaine de la Santé publique, pour la première fois au Niger et en dépit de ses engagements le régime du Président Issoufou Mahamadou s’est accommodé de nouveau-né sans vaccination. En effet, l’indicateur majeur en matière de santé qu’est le taux de couverture sanitaire qui était de 71,3% en 2009 est passé sous la barre de 50% dés 2011 pour se situer à 47,73 % en 2013. Il est en pleine dégradation. C’est dire qu'aucun des engagements du Président de la République ne sera atteint.
Même les centres mère-enfants, en dehors de celui de Dosso, ne sont pas fonctionnels car dépourvus d'installation électrique, de médicaments, de consommables, de réactifs et dans certains cas du personnel nécessaire. La gratuité des soins censée soulager les familles démunies et Dieu seul sait qu'elles sont nombreuses, est abandonnée à cause des arriérés de paiement.
La raison de ces contreperformances est la réduction drastique des allocations budgétaires qui sont passées de 6,36% du budget national en 2011 à 4,53% en 2012 et à 5,55% en 2013, soit un taux moyen annuel de 5,42%. Et pourtant dans le programme de la Renaissance il avait promis d'affecter chaque année, 10% du budget national à ce secteur vital.
Mesdames et Messieurs
Dans le domaine de L’Urbanisme et du Logement, au lieu des 1000 logements sociaux promis par an, le régime n'a pu engranger que la finition de 114 logements hérités de la transition militaire à Sarry-Koubou à Niamey. C'est pourquoi nous suggérons au Président de la République de créer toutes les conditions nécessaires à la prise en charge de ce dossier important par le secteur privé dont les premiers investisseurs sont bloqués par les courtisans du régime à cause de la politisation à outrance de l’Administration.
Mesdames et messieurs
En considérant que la création d'emplois est à la fois un objectif et un moyen résultant de la mise en œuvre d'une série de politiques cohérentes et inclusives dans un environnement où la bonne gouvernance est une réalité, nous pouvons affirmer une fois de plus que lssoufou Mahamadou est un marchand d'illusions. En effet, sur les 100.000 jeunes qu’il s'était engagé à insérer sur l'ensemble du mandat dans les différents secteurs porteurs de l'économie le Président lssoufou Mahamadou a lui-même, reconnu n'avoir inséré que 150 jeunes, soit un taux de réalisation de 0,25% par rapport aux 60.000 qui devraient être insérés sur les trois ans. En matière de création d'emplois au profit des jeunes, le bilan est très peu crédible. En effet, selon le bilan des 3 ans, aucun emploi temporaire n'a été crée dans les domaines de l'Education, de l'Eau et Electricité, des Banques-Assurances-Finances, Et là ou il y a eu création d'emploi, les chiffres dépassent l'entendement.
Tenez! Dans le secteur «Agriculture-Élevage le nombre d'emplois temporaire est passé, de 2 dans le bilan des deux ans à 56.220 emplois temporaires dans le bilan des trois ans, soit un taux d’accroissement abyssal de plus de 2.800.000% en une seule année!
Dans le domaine de l'Entrepôt-Transport-Communication, le nombre d'emplois temporaires est passé de 1209 dans le bilan des 2 ans à'96.528 dans celui des 3 ans soit une augmentation de 7884% en une année. ll faut remarquer que plus de 68% des emplois temporaires dits créés concernent les opérations séculaires de récupération de terres qui n'ont pas été inventées par le régime du Guri.
En ce qui concerne la création d'emplois permanents, le bilan n’est pas moins entaché de fausseté. En effet, pour 25.883 emplois permanents annoncés dans le domaine de l'Education, le cumul de tous les emplois créés dans ce sous secteur devrait être normalement de 21.234 (15000 au Primaire; 6080 au Secondaire, 104 au Supérieur, et 50 en Formation Professionnelle et Technique) soit une exagération du bilan de 4649 emplois permanents uniquement dans le secteur de l'éducation. Il est par conséquent inutile de s'attarder sur les chiffres des autres secteurs.
Mesdames et Messieurs
Vous comprenez donc que devant le peu de résultats enregistrés, les tenants du pouvoir n'ont d'autres choix que de tenter de museler le peuple et de gouverner dans l’affabulation oubliant les responsabilités d’Etat qui sont les leurs.
Comme vous le savez, s'agissant de la gouvernance politique, les autorités actuelles avaient promis la mise en place d'institutions républicaines, l'observation stricte de la séparation des pouvoirs, l'égalité de tous devant la justice, le respect du statut de l'Opposition, le respect des droits et libertés constitutionnels, suscitant ainsi beaucoup d'espoir chez les nigériens, quant à l'amélioration de ce préalable indispensable dans tout système qui se veut démocratique et Et tourné vers le progrès. Après trois (3) ans de gestion politique, vous constatez avec moi que les institutions républicaines ont effectivement été mises en place dans les délais constitutionnels prévus. Toutefois, il faut le relever pour le condamner, cette obligation constitutionnelle a a été honorée, sous le sceau du marchandage politique, du copinage et des récompenses pour services rendus et à venir et de la corruption, introduisant ainsi la soûlerie politique dans nos mœurs.
En effet, jamais de mémoire de nigériens, la mise en place d'institutions aussi honorables que la Commission Nationale des Droits Humains, le Conseil Supérieur de la Communication et la Cour Constitutionnelle, n'a fait l'objet d'autant de marchandages et d'achats de conscience, dans le seul but d'en contrôler le fonctionnement et les détourner de leurs missions. L'immixtion flagrante et personnelle du Président de la République, dans la gestion du pouvoir législatif est une atteinte grave à la forme républicaine de l'Etat et aux institutions démocratiques telle que stipulée par l'article premier de la Constitution du 25 novembre 2010. La nécessité de préserver l'indépendance des magistrats a présidé à la dernière sortie du Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN) qui ont fustigé avec des exemples concrets les tentatives du régime à placer la justice nigérienne sous coupe réglée en la politisant comme l'Administration générale de l'Etat. C'est la preuve, à suffisance, d'un démenti cinglant aux déclarations tous azimuts des autorités selon lesquelles la justice est rendue en toute indépendance. La peur de l'heure de son bilan politique qui doit, dans une démocratie véritable, lui valoir ou non le renouvellement de la confiance du peuple souverain, pousse le Président lssoufou Mahamadou à engager de véritables opérations de débauchage des militants et des élus des partis politiques de l'opposition, sur fond d'achats de conscience et d’intimidations. La tentative de museler l’Opposition politique dans le but d'instaurer un régime basé sur l'oppression et la pensée unique a conduit le régime, à prendre une décision inique et scélérate à l'égard de l'opposition pour lui interdire toute manifestation. Comment dès lors ne pas faire le parallèle entre le comportement du Président lssoufou Mahamadou et les propos prémonitoires du Président Obama lors des obsèques de Mandela, quand il l fustigeait le comportement des Chefs d’Etat qui se réclament de l'illustre disparu tout en bâillonnant leur opposition.
En même temps que les frotte-manches du régime claironnent la signature de la Montagne de la Table par le Président de la République oubliant par ailleurs qu'il l'a signée bien après d'autres, des journalistes et des acteurs politiques sont poursuivis et condamnés pour avoir simplement exercé un droit constitutionnel, celui de la liberté d'expression et d'opinion. Ce n'est donc pas un hasard si, dans le cadre d'une enquête effectuée en 2013 par Afrobaromètre, en rapport avec le LASDEL, le nombre de nigériens qui affirment ne pas être satisfaits de la démocratie au Niger sous la 7ème République est nettement supérieur à celui ce d'il y a dix ans, c’est-à-dire sous le régime de la 5ème République. Il n'est pas non plus étonnant, que les promesses faites au niveau de la gouvernance administrative, consistant en la réhabilitation de l’Administration publique afin d'en accroître la performance, aient rejoint le paquet de promesses fallacieuses servies ut au Peuple. En effet, il est de notoriété et publique que notre Administration, du moins pour ce qui en reste, est devenue très malade et corrompue. Elle est malade de l'absentéisme, du clientélisme, des passes droits, du favoritisme, d'affairisme effréné parce que politisée et clanisée à outrance. En lieu et place de la compétence, de l'intégrité, de l'expérience et du sens du service public comme critères de recrutement et de promotion, le régime privilégie la proximité dans l’appartenance politique, familiale et régionale. Comment dès lors dans ces conditions, ne pas conclure que c’est le régime de monsieur lssoufou Mahamadou lui-même qui encourage la démotivation, la recherche maladive de gain personnel au détriment de l’intérêt général ? Cette situation explique, dans une large mesure, les contre-performances enregistrées dans la conduite des projets et programmes de développement comme en témoigne la faible consommation des crédits d'investissement mis à la disposition de l’Etat par les Partenaires Techniques et Financiers (PTF).
Mesdames, Messieurs,
Le verrouillage des institutions constitutionnelles et le «mode de gouvernance par le chaos» consciemment choisis par le Président de la République, ont défini- ont définitivement installé le Niger dans l’incertitude et l'instabilité, ennemies de tout progrès tangible car, portant un coup fatal à l’espoir de départ dont se nourrissaient aussi bien la frange des nigériens ayant cru au Guri que les investisseurs et partenaires de développement. Les citoyens nigeriens qui attendent à juste titre de bénéficier des progrès tant promis par le régime en matière de gouvernance économique à travers une répartition équitable des fruits de la croissance, une transparence dans la gestion des finances publiques et une lutte implacable contre la corruption et les inégalités, en sont pour leurs frais et doivent savoir garder patience.
Mesdames, Messieurs,
En conclusion je voudrais vous rappeler que, réagissant au bilan des deux premières années de pouvoir du Président de la République, je relevais le caractère mensonger, irréaliste et démagogique de ses propos. Je dénonçais les multitudes travers de son régime et décriais la mal gouvernance qui s'est installée dans notre pays depuis l'avènement de Mahamadou lssoufou au pouvoir. Nous lui avions même conseillé de changer urgemment de boussole, car à l'analyse de ses orientations, la sienne semblait avoir perdu le Nord, faisant planer sur le pays une menace lourde de conséquent ces. Nous lui disions qu'il était possible et qu'il était temps de gouverner autrement. Le présent bilan nous a donné une fois de plus l'occasion de faire l'amer constat que nos différents messages n'ont guère été entendus car, ce faux bilan a été servi au Peuple, sur fond de dégradation de la situation sociopolitique nationale, de détérioration de la plupart des indicateurs socle-économiques et de recul sans précédent de la démocratie et du respect des droits humains. Le Président de la République et le Gouvernement croient pouvoir continuer allègrement à masquer la réalité nationale aux yeux de l'opinion en présentant des faux chiffres aussi fantaisistes les uns que les autres, obsédés qu'ils sont par l'illusion d'un fort taux de croissance. Mais savaient-ils seulement que la croissance économique ne se décrète pas ? Sont-ils conscients de la place que le Niger continue d'occuper au titre de l'indice de Développement Humain IDH ? A ce sujet, un taux de croissance même à deux chiffres tout comme un niveau de taux d'inflation inférieur à 3% voire nul ne sont en soi, synonymes ni de bonne gouvernance, encore moins de développement, lorsque l'écrasante majorité de la population arrive à peine à s'offrir un repas quotidien, et n'a pas accès ni à l'eau potable, ni à une énergie acceptable et continue, ni à des conditions minima de santé, d'éducation et de transport, ni à des emplois décents et pérennes. Une gouvernance sur fond de corruption et concussion institutionnalisées, aboutit généralement a une situation de « croissance sans développement », un dépérissement de l’Etat, une désorganisation du tissu social avec toutes les conséquences qui pourront en découler.
Mesdames, Messieurs,
Les nigériennes et les nigériens sont aujourd'hui édifiés sur la vraie nature de l'homme qui est en charge de la conduite du pays. Peu scrupuleux pour prendre des engagements démesurés dans tous les secteurs, il égrène comme un chapelet des résultats soi-disant obtenus, tellement éloignés des promesses correspondantes, qu’ils relèvent de la mythomanie et du manque de respect pour les pieuses populations n'attendent de lui que le respect de serment coranique. La volonté du Président lssoufou Mahamadou, maintes fois affichée d'imposer au Niger, de droit ou de fait, une pensée unique qui n’aurait d'autres objectifs que de l’exalte, aboutira inexorablement au verrouillage et à la caporalisation des Institutions de la République et de la société civile. Il faut y voir pour les combattre, des signes patents d'une mentalité et d'un comportement dictatoriaux. Les multiples arrestations opérées dans les rangs de l'opposition, loin de nous démoraliser, raffermissant au contraire chaque jour davantage nos rangs et mettent en évidence notre devoir sacré de combattre la dictature et défendre même au prix du sacrifice suprême la démocratie et la liberté pour les Nigériens. Nous ne doutons pas que les magistrats respecteront leur serment et défendront leur indépendance octroyée par l'article 118 de la Constitution. Il revient dès lors, dans le respect des lois et règlement en vigueur, à tous ceux qui, comme nous, sont soucieux de l'avenir de ce beau pays, de poser les actes qui conviennent pour stopper les velléités des politiques de Mahamadou lssoufou. C'est dans cette dynamique que j'en appelle aux militantes et militants, sympathisantes et sympathisants des partis membres de l’ARDR et au delà à tous les démocrates sincères d'assister massivement à la marche pacifique de protestation qui aura lieu à Niamey le dimanche 15juin 2014.
Qu’Allah Le Très Haut préserve le Niger de toute dictature
Qu’il bénisse le Niger et son Peuple. Je vous remercie.