Si la politique devait être un sport où la mise à mort est permise, comme le dit le célèbre leader sportif et homme politique français Bernard Tapis, le Président du MODEN Lumana FA Hama Amadou devait être plutôt disqualifié, tant il n’a pas l’esprit sportif.
S’il est pouvoir, il ne respecte pas l’adversité normale en démocratie. Ne lésinant pas sur l’usage disproportionné de la force, il est prompt à écraser ses adversaires, avec une force et une hargne inégalée, et un mépris souverain pour la contradiction, qui est le socle et l’essence même de la démocratie pluraliste. Ne supportant pour rien au monde la moindre contrariété, il a toujours écrasé ses adversaires, sans ménagement. Ce furent les étudiants en 1995, 1996, puis de 2001, année où le gendarme avait été tué par des manifestants, jusqu’à sa chute en 2007, de suite de la motion de censure. Dans la même furie de lutte de pouvoir, il a littéralement écrasé le groupe de militants MNSD-Nassara des Foukori, Ali Sabo, Wassalké Boukari, etc., qu’il considérait, à tort ou à raison comme ses adversaires politiques internes.
Mais là, quand il s’est agi de leur régler leurs comptes, il les a traités non pas en adversaires, mais en ennemis. Même le calme et placide Almoustapha Soumaïla en a eu pour son compte, au moment où il dirigeait les chantiers des 5èmes jeux de la Francophonie, quand le cordon de la bourse lui a été si solidement attaché, qu’il a quasiment échoué dans le parachèvement des travaux, entrainant dans sa chute brutale la notaire Maître Aissata Djibo. Dans son cynisme, Hama les a poussés tous les deux jusqu’aux portes de la prison. La notaire dû son salut à une mobilisation exceptionnelle de ses collègues et des avocats, qui ont transformé un week end entier les cellules de la Police Judiciaire, où était détenue leur collègue, en une seconde faculté de droit, pour l’extraire des griffes de Maty Elhadji Moussa, c’est-à-dire de Hama Amadou, avant lundi, faute de quoi elle allait se retrouver en prison.
Almoustapha Soumaïla, pour lequel la lumineuse formule de » substitution de garantie « , qui a sauvé Maître Aïssata n’a pas été trouvée, a du garder prison, jusqu’à ce qu’il comprenne que le seul coq qui chante dans la basse-cour sous la 5ème République, c’est Hama Amadou, et personne d’autre après ! Une fois libéré, il s’est reconverti à la société civile discrète avec son ONG ABC Ecologie.
A l’inverse, le jour de son renversement par la motion de censure, quand le Premier ministre Hama Amadou a tout tenté pour résister, sans succès, il s’est résigné à jouer à la victime, face aux assauts répétés des députés Bazoum Mohamed, des Sanoussi Tambari Jackou et Issa Lémine, décidés ce jour-là à en découdre.
Après avoir essayé de récupérer par la main gauche son pouvoir perdu de la main droite, en parvenant à hisser comme Premier ministre Seyni Oumarou qu’il était sûr d’instrumentaliser, comme il l’a fait quand il était ministre du commerce, il s’est rendu finalement compte que le pouvoir lui a vraiment échappé, pour de vrai. Parce qu’entre temps, son ami Seyni s’est découvert des ambitions qu’il n’avait pas.
La suite, tout le monde la connaît. Ne digérant pas ce énième échec, il multiplie les actes de provocations, jusqu’à ce que Tandja l’arrête pour l’envoyer à la prison de Koutoukalé. Là également, il joue à la victime en s’arc-boutant à l’idée d’une tentative d’homicide du système Tandja contre sa personne. Profitant d’une baisse de vigilance du régime, il prend la poudre d’escampettes, en criant, depuis le Ghana, puis Abuja au Nigeria, où il a pu se réfugier que » Tandja veut me mettre la main dessus et me tuer… »
Si sous la transition de Djibo Salou il n’avait pas crié qu’on voulait le tuer, c’est parce qu’il croyait son heure venue. Il voulait juste se donner un peu de contenance, pour ne pas afficher le profil d’un chef d’Etat qui se déculotte à la porte du pouvoir. Mais il a suffi juste qu’il n’ait pas ce qu’il cherche pour que cette idée maléfique de complot reprenne son petit bonhomme de chemin et qu’il se mette à la propager de façon éhontée et maladroite.
Pendant deux ans qu’il était en bon terme avec le régime, il n y avait pas l’ombre d’un nuage, personne n’en voulait à sa vie. Maintenant qu’il a travaillé à créer sa propre disgrâce, tout le monde en dehors de lui sent le loup, et il faut le lyncher. Voilà comment raisonne Hama Amadou ! Point de saint et d’honnête homme en dehors de lui, telle est la doctrine de ses partisans, qu’il a réussi à propager autour de lui. Si bien qu’il est impossible d’enlever de l’esprit d’un partisan de Hama qu’en dehors de ce dernier, personne dans la classe politique ou dans le milieu diplomatique ne croit à l’idée de vouloir tuer ce dernier.
Et de toutes les façons, à force de la manipuler cette denrée qu’il veut vendre aux gens, il a fini par ne représenter aucune valeur, parce que même les plus naïfs n’y croient absolument pas, pour la raison bien simple que si c’était vrai, il y a suffisamment d’esprits malins et criminels qui tuent des nigériens, et dont on ne découvre le crime qu’après. A moins que la baraka ne soit un label entre ses mains, dont il a l’exclusivité de servir en tant voulu. Et là, ce n’est pas un attribut humain !
De toutes les façons, avec de telles idées, de plus en plus de gens doutent de la capacité de Hama Amadou à diriger un Etat Tout au plus disent-ils, il n’est bon que dans un rôle de préfet, là où il y a des sacs de céréales de vente à prix modérés qu’il pourrait détourner.