Des acteurs de la société civile réunis autour de la campagne "Cultivons" de l'Ong Oxfam invitent l'union africaine (UA) à investir dans l'agriculture et aux chefs d'Etat africains de prendre de nouveaux engagements pour une agriculture transformée.
"Contrairement aux engagements pris en 2003 à Maputo par les chefs d'Etat africains de consacrer 10% de leur budget à l'agriculture, aujourd'hui le constat est amer. Seuls 8 Etats (Burkina Faso, Éthiopie, Ghana, Guinée, Malawi, Mali, Niger et Sénégal) consacrent cette part de leur budget à ce secteur", a dit Jérôme Gerard, coordonnateur de la campagne "Cultivons".
Il s'exprimait au cours d'un point de presse de la société civile en prélude au sommet (20-27 juin) des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA à Malabo, autour du thème central l'agriculture et de la sécurité alimentaire en Afrique.
En vue de cette rencontre, ce consortium de la société civile parmi laquelle il y a l'Ong oxfam Grande-Bretagne, l'Institut de prospective agricole et rurale (Ipar), et le Réseau des éleveurs d'Afrique de l'Ouest, a initié une pétition signée par plus de 2 millions d'Africains pour demander à l'Union africaine d'"investir dans nos agriculteurs, nos élevages, notre alimentation et notre avenir".
"En dehors des huit États cités, tous les autres pays africains ne consacrent que 4% de leur budget à l'agriculture. C'est pourquoi nous voulons un nouvel engagement des chefs d'Etat africains et des actions concrètes pour une agriculture transformée capable de garantir la sécurité alimentaire", a poursuivi Jérôme Gérard.
En Afrique, plus de 223 millions de personnes souffrent de la faim alors que les producteurs et les éleveurs clament leurs capacités à nourrir le continent si les conditions sont réunies. Selon le consortium de la société civile, investir dans l'élevage qui représente 40% du Pib africain, est 11 fois plus efficace pour réduire la pauvreté que dans d'autres secteurs et entraînerait un changement durable dans la vie de millions d'Africains.
"Pour une agriculture performante, des investissements conséquents à travers des budgets transparents sont nécessaires. Les gouvernements qui n'ont pas encore atteint les 10% doivent le faire dans de meilleurs délais. Tous les pays devraient identifier des mécanismes adéquats pour mobiliser les ressources domestiques en faveur de l'agriculture", a indiqué Mohamed Lamine Ndiaye, responsable panafricain de la campagne "Cultivons".
Selon lui, le sommet de Malabo devra être le rendez vous de l'engagement et de l'action pour que les conditions d'une agriculture saine et durable capable de nourrir les Africains soient réunies.
Parmi les dix recommandations politiques faites aux chefs d'Etat et de gouvernement, la société civile prône l'augmentation du volume des dépenses dans l'agriculture, l'amélioration de la qualité des dépenses dans ce secteur de même que l'élaboration d'une politique agricole plus efficace, mutuellement redevable et participative.
Il s'agit aussi de l'amélioration de la transparence des dépenses dans l'agriculture, l'élimination des disparités entre les sexes et la promotion des jeunes dans le secteur, entre autres.
Il est également recommandé aux Etats de renforcer les droits fonciers des producteurs familiaux, d'augmenter les investissements dans la recherche agricole inclusive, les services de vulgarisation et de conseil, de favoriser l'accès aux marchés pour les producteurs familiaux agricoles, d'intégrer la durabilité et la résilience climatique dans les plans agricoles nationaux et de mettre en place des mécanismes de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles récurrentes.