La tradition est désormais bien établie. A chaque bilan du président de la Répu- blique, le chef de file de l’opposition fait aussi son contre bilan. Pour la troisième fois consécutive, Seïni Oumarou a mis 2 mois 7 jours pour répondre du tic au tac au bilan présenté par le président Issoufou le 7 Avril 2014. Point par point, chiffre par chiffre, réalisation par réalisation, le patron de l’opposition nigérienne a littéralement démantelé ce que le chef de l’Etat avait présenté comme les prouesses de son régime.
Seïni Oumarou commence par donner les sources de son contre bilan « nous nous sommes appuyés sur des données pertinentes, d’une part, publiées dans les documents et sites officiels nationaux et internationaux et, d’autre part, re- cueillies sur le terrain » a-t-il précisé. Commençant par les ressources prétendument mobilisées par le gouvernement, le président du MNSD-Nassara relève déjà des contradictions qui frisent le scandale : « Selon la version du 31 mars 2014 du Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE) les ressources internes mobilisées de 2011 à 2013 s’élèvent à 1555 milliards de francs CFA alors que le bilan des 3 ans men- tionne le chiffre de 2253 milliards de FCFA pour la même période. Le souci de bonne gouvernance tant prôné nous amène à demander aux gouver- nants d’expliquer aux Nigériens où sont passés les 698 milliards de francs qui constituent la différence entre ces deux chiffres. »
De même que Seïni Oumarou constate que les investissements du régime de Issoufou Mahamadou pour la plupart sont fantaisistes et/ou surfacturés à outrance. Le chef de l’Opposition s’inquiète alors de l’impact de tels investissements sur la vie des générations présentes et futures lorsqu’on sait qu’ils sont financés par des dettes.
« Pour preuve le pont enjambant le boulevard du Zarmaganda initialement prévu pour coûter tout au plus 9 milliards de francs a finalement coûté 17 milliards. Ce pont pompeusement appelé échangeur n’a pas solutionné le problème de l’embouteillage au niveau de ce carrefour. »
Ensuite, le chef de file de l’opposition s’intéresse à l’éducation. « Concernant les constructions de salles de classes au primaire, la promesse faite est de construire 2500 classes par an, soit 7500 classes sur les 3 ans.
Cette habitude du Président Issoufou Mahamadou à la falsification des chiffres, l’a conduit dans son bilan des 3 ans, a annoncé que 5151 classes sont construites et 3586 autres sont en cours, soit un total cumulé de 8737 classes. Ce bilan n’est pas sincère. Il est très loin d’être sincère (…) Le Ministre des Finances lui-même, a reconnu clairement et ouvertement, devant la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, que ‘’les capacités des entrepreneurs du secteur ne permettent pas de réaliser plus de 500 classes par an’’. Dans cette logique du Ministre, au meilleur des cas, on ne pouvait s’attendre qu’à la réalisation de 1500 classes sur les 3 ans. »
Et pour terminer, le chef de file de l’oppo- sition n’a pas mâché ses mots, il parlera du président de la République Issoufou Mahamadou comme d’un « marchand d’illusions ». Il lui attribue également le dessein de « mode de gouvernance par le chaos » pour installer le Niger dans « l’incertitude et l’instabilité, ennemies de tout progrès tangible … » avant de dénoncer le « caractère mensonger, irréaliste et démagogique » des propos du président Issoufou.
Seïni Oumarou a fini en appelant les Nigériens à combattre le « verrouillage et à caporalisation des Institutions de la République et de la société civile » ainsi que « la dictature » « même au prix du sacrifice suprême ».