Six ans après les fuites désastreuses de pétrole dans le Delta du Niger, provenant d’un oléoduc de Shell, la Haute Cour de justice de Londres a jugé que la compagnie pouvait être poursuivie pour ne pas avoir protégé de façon adéquate ses oléoducs contre le sabotage.
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Il s’agit d’un premier jugement avant un procès prévu en mai 2015. Mais pour le cabinet d’avocats londonien qui défend les 15 000 pêcheurs du village nigérian de Bodo, c’est une avancée extrêmement significative. Car si Shell a toujours reconnu sa responsabilité pour les deux fuites en 2008 et 2009, la compagnie anglo-néerlandaise continue néanmoins de contester l’ampleur des déversements et donc le montant des indemnisations.
Shell estime que la majorité du pétrole répandu proviendrait de sabotages dont elle n’est pas responsable. Or, le magistrat de la Haute Cour de Londres vient de lui donner tort et pour Daniel Leader, l’un des avocats londoniens de la communauté de Bodo, c’est un jugement déterminant : « C’est la première fois qu’un jugement dit clairement que Shell a des obligations de protéger ses oléoducs. Cela veut dire que pour la première fois Shell est potentiellement coupable et obligée de payer des dommages à des communautés s’ils n’ont pas bien protégé leurs pipelines contre le risque de ces attaques. »