Entretien avec Dr Dahas Jalel, directeur général de la Clinique Essouani Monastir, en Tunisie «Il faut creuser pour créer un partenariat fructueux entre nos deux pays dans le secteur de la santé»
Vous êtes DG de la Société médicale du Sahel, (SMS), clinique Essouani Monastir, pouvez-vous présenter brièvement votre structure à nos lecteurs ?
Merci de l'opportunité que nous offre votre organe pour parler de nos activités à l'occasion de la visite au Niger du Président Moncef Marzouki. Nous sommes une polyclinique multidisciplinaire. On a toutes les spécialités, que ce soit médicales ou chirurgicales. Actuellement, nous avons des patients nigériens qui viennent se soigner chez nous depuis pratiquement deux années et qui se disent très satisfaits de nos prestations.
C'est la première fois que vous venez au Niger. Quel est votre constat notamment dans le domaine qui vous concerne, celui de la santé ?
Je pense qu'il faut creuser pour créer un partenariat fructueux entre nos deux pays dans le secteur de la santé. Ce partenariat peut se faire à travers la création de structures mixtes nigéro-tunisiennes et aussi le transfert de savoirs. Par exemple, nos médecins peuvent venir exercer provisoirement ici avec leurs homologues nigériens. En même temps, on peut ouvrir des postes de stage de perfectionnement chez nous pour les médecins et les paramédicaux nigériens.
On sait que le transfert des connaissances est très important dans ce domaine, que peut faire votre structure dans cette logique ?
La Tunisie est un pays hyper ''médicalisé''. Nous avons des centaines de médecins dans chacune des spécialités. A titre d'exemple, nous avons 500 médecins ophtalmologues en Tunisie, alors que vous en avez ici une quinzaine seulement. En outre, même pour le perfectionnement des actes opératoires, nous utilisons les plateaux les plus sophistiqués. C'est pourquoi, nous voulons échanger nos expériences et c'est un grand plaisir pour nous de rencontrer nos collègues nigériens et d'échanger avec eux sur ce que nous pourrons faire ensemble.
Est-ce qu'on peut avoir une idée du nombre de patients nigériens que vous avez reçu depuis ces deux ans et quelles sont les pathologies pour lesquelles vous les recevez ?
A ce jour, en deux ans, nous avons reçu et traité entre 100 et 120 patients nigériens. Les maladies les plus fréquentes sont les pathologies cardiaques, les cancers et les pathologies chirurgicales, ophtalmologiques et orthopédiques puisque nous faisons les prothèses du genou, les prothèses de la hanche.
Avez-vous déjà des contacts au Niger pour pouvoir échanger en vue de renforcer la coopération dans le domaine des évacuations sanitaires ?
Ce sont des amis médecins, qui nous ont visité, en Tunisie, et qui ont une confiance dans nos structures. Mais, il y a aussi le bouche à oreille des patients. En effet, dès que le patient retourne dans son pays, il est satisfait, il parlera en bien de notre structure. Et c'est comme ça qu'on est en train de gagner en confiance à travers nos patients.
Le partenariat public-privé fait son bonhomme de chemin au Niger. Peut-on s'attendre à l'ouverture d'une branche de votre clinique au Niger ?
En effet, on espère créer une clinique multidisciplinaire avec des médecins nigériens. Ce sera un partenariat public-privé. Comme ça, s'il y a des équipements qui manquent dans le public ça peut être sous-traité dans le privé et inversement. En outre, nous allons regarder du côté législatif pour voir ce qu'il en est. En effet, tout investissement doit avoir un cadre juridique clair, ce qui peut encourager les investisseurs à venir investir. Je suis propriétaire d'une clinique privée, je connais bien l'investissement. On a une grande expérience au niveau de la gestion hospitalière et on a également un savoir-faire en matière de transfert des compétences. Nous sommes prêts à développer ce partenariat pour notre intérêt commun.
Quels sont vos attentes vis-à-vis des deux Etats nigérien et tunisien ?
Il faut dire que nous Tunisiens, nous sommes venus en retard au Niger et même en Afrique. C'est pourquoi, on doit mettre le paquet pour développer ce partenariat sud-sud. Nous devons travailler pour renforcer ce partenariat dans plusieurs domaines. Au niveau industriel, la Tunisie a un tissu industriel très développé. Les industriels tunisiens peuvent être intéressés par le Niger et pourront venir s'implanter ici. Au niveau des services (santé, tourisme, etc.,) nous avons un savoir faire avéré. A titre illustratif, la Tunisie est dotée de 240 000 lits avec chaque année 7 millions de touristes qui viennent pour 10 millions d'habitants, c'est un ratio très important. On peut transférer ce savoir-faire ici au Niger. Dans le domaine de l'agriculture, des investisseurs tunisiens pourront aussi être intéressés par le Niger. Il y a aussi le domaine aérien. D'ailleurs, ce matin le Président Issoufou Mahamadou a demandé à son homologue tunisien, la création d'une ligne aérienne Tunis-Agadez-Niamey. C'est ce que nous opérateurs économiques tunisiens souhaitons et attendons aussi pour nous faciliter l'accès au marché nigérien et je pense que c'est pareil pour les opérateurs nigériens.