Ouestafnews - Menacé de disparition par la pollution industrielle et l’ensablement dû à l’avancée du désert, le fleuve Niger est dans un piteux état, en dépit de la multiplication d’initiatives pour sauver ce grand fleuve qui regorge pourtant d’énormes potentialités.
« Le fleuve Niger est aujourd’hui en danger sur tout son parcours. Dans la région de Tombouctou, la navigation du fleuve est devenue problématique en divers endroits entre Koulikoro et Gao du fait des bancs de sable et divers aléas climatiques qui réduisent considérablement la période de navigabilité », avertit le ministère de l’Environnement du Mali, un des pays traversé par ce cours d’eau qui traverse aussi le Niger, le Nigeria, le Bénin et la Guinée.
L’ensablement du Niger, causé par l’érosion éolienne et aboutissant à la formation de dunes dans le lit du fleuve, préoccupe les gouvernements des pays concernés.
Avec le Burkina Faso et le Niger, touchés eux aussi par le phénomène, un programme multi-acteurs de « lutte contre l’ensablement » a été mis en place entre 2004 et 2009 pour un financement de 29 milliards FCFA.
Ce programme est une initiative de l’Autorité du Bassin du fleuve Niger (ABN), une organisation mise en place en 1980 et réunissant neuf pays : les cinq pays traversés auxquels il faut ajouter le Cameroun, le Tchad, la Cote d’Ivoire et la Guinée, qui estiment pouvoir tirer profit du potentiel offert par le bassin de ce « mythique » fleuve.
Toutefois l’initiative est loin de faire de l’ensablement du fleuve un mauvais souvenir. Pis, coté malien, ma mise en œuvre du deuxième volet du programme 2012- 2014, a été rendu impossible par la crise qui sévit au nord de ce pays.
Le 15 juin 2014, à Dakar, lors du sommet du Nepad sur le financement des infrastructures en Afrique, le président Ibrahim Boubacar Keita faisait figurer le Niger à l’agenda, appelant ses homologues à un « dragage rapide » du fleuve dont la navigation est entravée par l’ensablement et la pollution.
« Les principales industries et activités locales y rejettent leurs eaux usées. On estimait en 2002, pour la seule ville de Niamey, que 6.000m3 d’eaux usées étaient rejetées chaque jour dans le fleuve sans aucun traitement », écrit le site bancpublic.be.
Fortement menacé, le Niger annonçait en 2009 un plan de désensablement, d’un montant global de 76 milliards CFA
Avec une longueur de 4200 kilomètres, le Niger est le 3ème plus grand fleuve africain après le Congo et le Nil et selon les estimations, 100 millions de personnes dépendent de ses ressources pour leur survie.
En plus d’être vital pour le développement de l’agriculture dans la région du Sahel, le Niger dispose d’un potentiel largement sous exploité.
Selon une étude réalisée par l’Ong Wetlands, le Niger permet la pêche « de 40 à 130.000 tonnes de poissons en moyenne par an, même si cette production connaît une tendance à la baisse ces dernières années, à cause d’une surexploitation et de techniques de pêches inadaptées ».
A cela s’ajoute un potentiel agricole d’environ 2,5 millions d’ha dont 20% est actuellement exploité et un potentiel hydroélectrique important, avec un productible total estimé à 30 000 GWH, dont l’exploitation actuelle est de l’ordre de 6 185 GWH/an, soit 20,6% du total.