C'est le moins que l’on puisse dire. Ces derniers temps, les réunions se multiplient au niveau de l'opposition nigérienne regroupée au sein de l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République (ARDR). Non pas pour faire seulement le bilan de leur manifestation du dimanche 15 juin dernier et projeter de nouvelles à Maradi et Zinder, mais pour aussi parler de la cohésion et de la confiance en leur sein.
En effet, Seïni Oumarou Président du MNSD-Nassara, chef de file de l'opposition et Hama Amadou, président du MODEN FA-Lumana veulent se rassurer de l'engagement de Mahamane Ousmane dans le combat qu'ils ont engagé contre le Président de la République lssoufou Mahamadou, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS-Tarayya) et le régime en place. Les deux leaders de l’opposition voulaient s'assurer que Mahamane Ousmane de la CDS ne va pas les lâcher. En effet, le discours tenu par Mahamane Ousmane à l'occasion du meeting du 15 janvier 2014 était loin du «Trop c'est trop ! Ça suffit» que Mahamane Ousmane avait lancé au siège de son parti, la Convention Démocratique et sociale, au lendemain du procès qu’il a perdu en pourvoi en cassation face au vice-président Abdou Labo et ses compagnons. Le jour-là, Mahamane Ousmane a montré à l'opinion qu’il peut bien se mettre en colère quant il s'agit de ses propres affaires.
Le silence de Mahamane Ousmane depuis quelques temps intrigue donc ses amis politiques qui commencent à douter sur la probable candidature de ce dernier au Secrétariat Général de la Francophonie. Jusqu'à cette date, Mahamane Ousmane n'a dit mot à ses compagnons. Il n'a ni démenti ni confirmé l’information, tenant ses compagnons de lutte de l’opposition dans le suspens. Et il a suffi d’une visite pour présenter des condoléances chez un responsable politique de la majorité MRN au pouvoir pour que la suspicion revienne en force. Que cache encore Ousmane, s'interroge-on au niveau de l’ARDR ? Est-ce qu'il n'est pas en pourparlers très avancés avec le Président de la République Issoufou Mahamadou sur cette affaire de candidature au Secrétariat Général de l'OIF ? Autant de questions qui agitent les responsables de l'opposition et face auxquelles Mahamane Ousmane garde son silence légendaire. La semaine dernière, les deux principaux leaders de l'opposition ARDR se sont rendus chez Mahamane Ousmane pour avoir le cœur net. A l'issue de leurs discussions, les deux hôtes de Mahamane Ousmane ont quitté sur leur soif. Ils sont repartis comme ils sont venus, sinon qu'ils sont devenus davantage confus sur la position de Mahamane Ousmane qui leur a tenu un langage des plus alambiqués et indéchiffrables.
Pour le mettre davantage au test de fidélité, les responsables de l’ARDR ont projeté de tenir des meetings à Zinder considérée comme son principal fief et à Maradi. Ils attendent des grandes mobilisations indique-t-on dans les milieux de l'ARDR. Or, pour mobiliser les militants aujourd'hui, il faut des moyens et des arguments. Et en la matière, on le sait, on ne peut compter sur Mahamane Ousmane pour qu'il mette la main à la poche et qu'il ait des arguments va-t-en-guerre lui qui scrute désormais le fauteuil prestigieux d’une Organisation qui œuvre inlassablement pour la paix dans le monde. Tout le contraire de ce à quoi se livre l'opposition nigérienne qui joue à la politique de "la terre brûlée".
Déjà, dans les milieux du MNSD et de MODEN-Lumana, on reproche à Mahamane Ousmane de ne pas être très actif dans le combat que l'opposition livre au régime en place. Même au cours des dernières manifestations de l'opposition, Hama Amadou et Seïni Oumarou ont estimé que leur allié Mahamane Ousmane n'a pas mobilisé suffisamment ses troupes, préférant laisser les autres partis de l’opposition occuper la première ligne.
Autre motif de frisson de l’ARDR et surtout de Seïni Oumarou, président du MNSD est cette rencontre entre Tandja et certains responsables "dissidents" du MNSD. En effet, à l’invitation de Tandja Mamadou, en début de ce mois de juin, Albadé Abouba, Wassalké Boukari, Ada Cheiffou, Alma Oumarou, entre autres, ont défilé chacun chez le "vieux". Officiellement pour présenter des condoléances suite à la disparition de la mère de l'ancienne première Dame Laraba Tandja. Mais ce qui était intriguant, c’est Tandja lui-même qui les appelait un à un à son domicile, et à en croire des sources bien informées, les discussions ont débordé du cadre initial. C'est peut-être aussi une façon pour Tandja Mamadou de faucher l'herbe sous les pieds de Seini Oumarou et de Hama Amadou quand ils déclarent à tue-tête que la quarte Tandja Mamadou Mahamane Ousmane, Hama Amadou et Seini Oumarou constitue un front soudé contre les autorités actuelles. Dans tous les cas, l'opinion a bien compris les calculs qui étaient derrière ces déclarations de Hama et Seini Oumarou. Elles visaient tout simplement à rallier Tandja dans leur combat pour tirer les rentes de sa popularité à leurs propres profits.
Visiblement, le vieux a compris ce manège et-il tient à se démarquer de cette camorra de politiciens véreux qui cherchent à revenir en surface.
Ces séries de rencontres entre Tandja et le groupe de Albadé n'ont pas donc manqué de donner des frayeurs à Seïni Oumarou et à ses lieutenants qui continuent à soutenir qu'ils jouissent de la confiance de l'ancien président de la République et que Albadé et son camp sont rejetés à jamais par le "vieux". Seini Oumarou découvre béatement que les ponts sont loin d'être rompus entre Tandja et ses plus fidèles lieutenants qui l’ont soutenu en tout lieu et toute circonstance.
C'est dire que les choses s'annoncent difficiles pour I’AR'DR à deux ans des prochaines échéances. Difficile de trouver la cohésion et- de mobiliser les masses quant à l'interne se déVeloppent un climat de suspicion et un doute sur les engagements des uns et des autres.