La justice du Niger a levé l’immunité dont jouissait l’ex-président du pays Mamadou Tandja, renversé en 2010 par un putsch, afin d’être entendu dans une affaire de disparition de 600 millions d’euros des caisses de l’Etat, a appris l’AFP vendredi.
"La Cour de cassation a levé hier (jeudi, ndlr), l’immunité de l’ancien président Mamadou Tandja afin de permettre à la justice de l’entendre sur sa déclaration où il faisait état de quelque 400 milliards de FCFA (env 610 millions d’euros) qu’il aurait laissés avant de quitter le pouvoir", a annoncé une source proche du dossier à l’AFP.
L’ex-président "doit enfin pouvoir donner des clarifications sur ces fonds et dire où ils se trouvent exactement, s’ils sont en nature ou en espèce", a expliqué cette source.
Le porte-parole du Mouvement nationale pour la société de développement (MNSD), le parti de M. Tandja, Issoufou Tamboura a confirmé cette information judiciaire, évoquant "une banale affaire de 400 milliards FCFA".
Lors d’une rencontre en septembre 2013 avec une centaine de militants de son parti, M. Tandja avait déclaré avoir laissé "environ 400 milliards de FCFA (env 610 millions d’euros)" avant d’être chassé du pouvoir.
L’impact de ces révélations avait poussé le gouvernement nigérien à annoncer fin janvier l’ouverture d’une enquête sur la disparition potentielle de ces fonds.
Le montant avancé par Mamadou Tandja est considérable pour le Niger, un des pays les plus pauvres au monde.
Début février, l’ex-président a expliqué devant la presse qu’environ trois quarts de cette somme, soit 300 milliards de FCFA (460 millions d’euros), réunis par de "riches partenaires" du Niger et destinés à la construction d’un "barrage hydro-agricole" étaient "toujours stockés à la Banque islamique de développement" à Djeddah (Arabie Saoudite).
Les "quelque 100 autres milliards de FCFA" (env 152 millions d’euros) étaient destinés à l’achat de vivres et de matériel agricole, a-t-il remarqué.
Mamadou Tandja a également réclamé un audit sur la gestion du pays par la junte militaire qui l’a renversé en 2010.
"Il est impératif de faire cet audit. Il faut le faire afin que le peuple sache ce que je lui laissé avant d’être renversé par les militaires", a-t-il lancé en langue haoussa.