Une centrale thermique à charbon pour l'autosuffisance en électricité du Niger. Après la mise en route en 1975 de la centrale thermique à charbon d’Anou Araren, à 1.000 km au nord de Niamey, pour alimenter les villes du Nord et les usines d’uranium, le Niger vient de lancer la construction d’une nouvelle centrale à charbon dans la région de Tahoua et ambitionne de lutter contre la désertification en réduisant les coupes sauvages de bois à des fins domestiques et atteindre une autosuffisance énergétique.
Le Niger, un des pays les plus pauvres d’Afrique, perd chaque année 100.000 hectares de surfaces boisées, notamment à cause des coupes pour le bois de chauffe, principale source d’énergie pour les ménages, mais aussi pour les constructions et l’artisanat.
Face à ce constat quelque peu dangereux pour la forêt nigérienne et qui favorise la désertification, le gouvernement a décidé d’exploiter ses réserves de charbon minéral.
Le chef de l’Etat nigérien, Issoufou Mohamadou, a lancé jeudi les travaux de construction d’une nouvelle centrale thermique à charbon de 600 mégawatts à Salkadamna, à 80 km au nord-ouest de Tahoua , 600 km au nord-est de Niamey.
Entièrement financé par la société américaine Source California Energy Services (SCES), ce projet porte sur un champ de 30 km2 jusqu'ici explorés, pour des réserves exploitables d'environ 69 millions de tonnes de charbon de pouvoir calorifique variant entre 4.000 et 5.000 kcal/kg.
Selon le ministre nigérien de l'Energie et du Pétrole, Foumakoye Gado, c'est un projet structurant majeur qui a été conclu dans le domaine de l'énergie avec la société Source California Energy Services.
D’un coût global de 1,475 milliard de dollars américains, soit près de 740 milliards de francs CFA, ce projet porte sur la construction d'une mine à ciel ouvert, de la centrale thermique de 600 mégawatts, des lignes d'évacuation de l'énergie électrique vers les principaux pôles de consommation du pays.
Cela va permettre au Niger d’assurer son autonomie en énergie et lutter contre la désertification.
L’autre objectif est aussi d’arriver à commercialiser l’énergie vers les pays voisins, comme le Mali, le Burkina Faso ou le Bénin.
Le charbon minéral pourra servir à fabriquer des briquettes de charbon à usage domestique, l’usine ayant une capacité de production de 100.000 tonnes de briquettes de charbon carbonisé par an.
D’autres importantes réalisations sociales, notamment la construction de classes et d'hôpitaux ainsi que des points d’eau modernes, sont également prévues dans le cadre de ce projet qui permettra, à terme, de mettre fin au calvaire des délestages électriques, de favoriser le renforcement du réseau de transport et de distribution de l’électricité, de développer un pôle industriel, de créer des milliers d’emplois directs et indirects, etc.
En somme, selon le ministre, 'il s’agit-là d’un véritable projet intégré à multiples facettes qui va impacter considérablement le développement socio-économique de la région en particulier, du pays et de la sous-région en général'.
Le PDG de la compagnie Source California Energy Services, David McMillan, a réitéré l’engagement de sa société à contribuer à la prospérité du Niger, après avoir fait remarquer que le Niger était en train de devenir un acteur majeur dans le domaine de l’énergie grâce à Salkadamna, qui sera une centrale de production d’énergie de classe mondiale.
'Il y a une accélération qui est en train de se produire au plan économique pour le pays. Nous sommes en train de mettre en place des projets structurants', s’est réjoui le chef de l’Etat nigérien.
Le Niger, depuis plus de trente ans, est tributaire du Nigeria pour sa consommation d’énergie électrique.
Niamey, la capitale, toute la zone du fleuve et plusieurs villes du Sud du pays sont alimentées à partir des lignes d’interconnexion en provenance du barrage de Kaindji, au Nigeria.
La ligne d’interconnexion réalisée en 1976 ne permet d’importer qu’un maximum de 40 MW à Niamey.
Compte tenu de l’évolution de la charge de la zone fleuve, la société nigérienne d’électricité (NIGELEC) a entrepris la réhabilitation et le renforcement de sa capacité de transit pour la porter à 80 MW.