Avec l’incarcération de son épouse à la prison civile de Kollo, le ministre d’Etat, Abdou Labo se trouve dans une situation très embarrassante. Si les éléments à charge sur sa femme sont probants, il ne peut, moralement, s’indigner de sa mise sous écrou. ll est inimaginable que les autorités du pays, parmi lesquelles, il tient une place prépondérante, puissent à dessein lui faire subir, ce qui apparaîtra aux yeux du citoyen lambda, comme une humiliation, ou à tout le moins, comme cabale contre sa propre personne.
Nous imaginons, très mal, en conseil des ministres, assis, face ou à côté du chef de l’Exécutif, en train de le regarder les yeux dans les yeux.
Il reste qu’il se peut, comme le prétendent, certaines langues, qu’il ne soit pas au fait des frasques de son épouse.
Hypothèse assez difficile à avaler. Mais, admettons. Même dans ce cas de figure, sa position au sein du gouvernement n’en sera pas plus confortable. En fait, même exempt de tout reproche, le ministre d’Etat devrait donner sa démission sans retard, afin de ne pas embarrasser ses alliés aux commandes de l’Etat.
Rien ne sera plus désastreux que d’obliger le gouvernement à donner son autorisation pour qu’un de ses membres puisse être entendu par la justice. De quelque manière qu’il aborde la question, le ministre n’a pas énormément de choix. De facto, ses bases sont torpillées. Et ce n’est pas Mahamane Ousmane qui verserait de chaudes larmes.
Il faut aussi se demander, quels privilèges sont offerts lorsqu’on abandonne un camp pour se mettre sous l’aile, supposée protectrice, du pouvoir ? Quelle assurance ont, aujourd’hui, tous ceux qui, comme Abdou Labo, ont escompté, plus ou moins, consciemment, une forme d’impunité en étant du bon côté du manche ?