Signé depuis le 26 mai dernier, l’accord cadre sur les contrats miniers entre le Niger et le géant du nucléaire français, Areva a finalement été publié au Journal officiel, le 12 juin 2014. L’accord porte sur l’extraction des mines de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr) et la Compagnie minière d’Akouta (Cominak), toutes deux filiales d’Areva au Niger. La nouveauté contenu dans le nouvel accord cadre est la nomination des Nigériens aux postes de directeurs généraux des deux sociétés (la Somaïr et la Cominak) ; la construction d’un siège à Niamey ; le financement partiel de la reprise de la Route Tahoua-Arlit (RTA), dite route de l’uranium et le financement aléatoire de quelques projets de développement dans la zone d’exploitation du minerai. Si la nomination du DG de la Cominak doit intervenir dans deux ans, soit avant le 30 juin 2016, celle du DG de la Somaïr était prévue avant le 30 juin dernier.
Aujourd’hui encore, la nomination du DG de la Somaïr se fait toujours attendre. Qu’est-ce qui peut retarder la nomination d’un simple directeur d’une société ? La société civile nigérienne voit en ça, un manque de volonté. Pis, certains acteurs de la société civile se disent déçus du processus de négociations et du contenu de l’accord cadre Niger/Areva. Selon Ramatou Soli, coordinatrice du Groupe de réflexion et d’actions sur les industries extractives du Niger, intervenant sur la Radio France internationale (RFI), la société civile a été considérée comme «un trouble-fête» par les autorités nigériennes, tout au long des négociations. Et, a-t-elle poursuivi, toutes les recommandations faites par les organisations de la société civile n’ont pas été prises en compte lors de ces négociations. Pourtant, pour Mme Ramatou Soli, ces négociations offraient une chance historique de faire entendre les attentes des Nigériens sur le dossier des industries d’extraction de l’uranium.
«Mais, c’est également historique parce qu’on s’est offert l’occasion d’échouer», a déploré l’actrice de la société civile. Selon toujours Mme Ramatou Soli, «le ministre d’Etat, ministre des mines et du développement industriel et les autorités en charge de cette question ont toujours fait croire aux Nigériens qu’ils négociaient dans le sens des intérêts du Niger. Mais, s’est-elle désolée, vu les résultats obtenus, je pense que c’est un accord sur lequel le Niger a été grugé plus que d’habitude». «On n’a rien gagné du tout. On a fait semblant de conduire des négociations pendant près de dix-huit mois pour aboutir à rien», s’est-elle indignée. Pour l’actrice de la société civile nigérienne active dans les questions des industries extractives, quand Areva évoque une situation morose du marché de l’uranium, c’est juste un prétexte pour réduire les charges de production qui peuvent conduire soit à la réduction des salaires, soit à procéder à des licenciements. Toute chose que les nouveaux directeurs nigériens (quand ils seront nommés) auront du mal à faire accepter aux travailleurs de ces sites miniers.
Aux inquiétudes de la société civile, viennent s’ajouter celles des syndicats qui voient des conséquences sociales très peu prometteuses. En effet, les syndicats du secteur des mines dénoncent ce qu’ils appellent «les conséquences sociales des arrangements imposés par l’accord, notamment les pressions sur les employés qui vont devoir travailler plus». Bref, pour la société civile tout comme pour les syndicats nigériens du secteur des mines, le nouvel accord sur les contrats miniers entre l’Etat du Niger et Areva n’offre que des miettes aux Nigériens. Le plus gros bénéficiaire étant la société française Areva.