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Niger : l’accord avec Areva sur l’exploitation de l’uranium soulève des protestations (ANALYSE)
Publié le jeudi 10 juillet 2014   |  Xinhua


Uranium:
© Autre presse par DR
Uranium: les autorités du Niger pourraient renoncer à durcir la fiscalité sur Areva


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L’accord de partenariat stratégique entre l’Etat du Niger et le groupe nucléaire français Areva portant sur l’exploitation de l’uranium nigérien, plus d’un mois après sa conclusion, continue de soulever encore des protestations au sein de la population.
"Le Niger a été grugé", "encore des fausses promesses", "on s’est offert l’occasion d’échouer", "l’Etat doit retirer le permis d’Imouraren" (mine d’uranium, ndlr), telles sont les réactions des acteurs de la société civile et les syndicalistes.
Ceux-ci restent unanimes que le nouvel accord sur les contrats miniers entre le Niger et Areva n’a offert que "des miettes aux Nigériens". Le plus gros bénéficiaire étant la société française Areva.
Le gouvernement nigérien et le groupe nucléaire français Areva qui exploite depuis plus de 40 ans, à travers ses filiales la SOMA ÏR et la COMINAK, les gisements d’uranium d’Arlit, dans la région d’Agadez (extrême nord), avaient conclu le 26 mai dernier un nouveau contrat d’exploitation, après près de 18 mois d’intenses négociations.
Aux termes de cet accord de partenariat stratégique, avec notamment la mise en vigueur des dispositions fiscales du code minier de 2006, le Niger et Areva proposeront aux Conseils d’administration des deux sociétés (Somaïr et Cominak) des directeurs généraux de nationalité nigérienne avant le 30 juin dernier et le 30 juin 2016, respectivement.
Cependant, le démarrage de l’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren, 5.000 tonnes par an, est renvoyé aux calendes grecques. "Son exploitation dépendra de l’amélioration des conditions du marché international", ont convenu les deux parties.
Par ailleurs, quelques 90 millions d’euros seront injectés dans la réhabilitation de la route Tahoua-Agadez-Arlit dite "Route de l’uranium".
Mais pour la coordinatrice du Groupe de réflexion et d’action sur les industries extractrices du Niger, Mme Ramatou Solli, par exemple, vus les résultats obtenus, "c’est un accord sur lequel le Niger a été grugé plus que d’habitude".
"On n’a rien gagné du tout, on a fait semblant de conduire des négociations pendant près de dix-huit mois pour aboutir à rien, en fait", indique-t-elle.
Entre autres griefs, elle évoque tout d’abord la non finalisation de l’accord entre l’Etat du Niger et Areva, notamment la nomination des directeurs nigériens à la tête des sociétés d’extraction Somaïr et Cominak. En effet, la désignation par les deux parties du DG de Somaïr avant le 30 juin dernier, semble désormais caduque.
En outre, des licenciements de travailleurs ou des réductions sur les salaires sont en perspective consécutivement à la réduction annoncée des coûts de production et surtout l’arrêt des activités du site d’Imouraren pour lequel 552 employés ont déjà été licenciés dans la société Sinohydro.
A cela viennent s’ajouter l’épineux problème de la reconstruction de la route de l’uranium, en mauvais état, pour laquelle Areva propose 90 milliards de francs CFA (environ 180 millions USD) sur quatre ans, ce qui est manifestement très insuffisant, l’absence de prise en charge des questions de l’environnement, de la pollution des sites et de la santé des travailleurs.
Quant aux syndicats des mines, tout en dénonçant les conséquences sociales de cet accord, ils sollicitent l’implication davantage de l’Etat dans la préservation des intérêts des Nigériens.
"Nous estimons que si la situation continue à nuire à nos intérêts, il nous faudra sortir les gants et s’il faut aller dans la rue, on ira dans la rue", a mis en garde M. Moussa Ibrahim du syndicat national des mines.
Pour un des leaders du collectif "Sauvons le Niger", M. Nouhou Arzika, le groupe français Areva a manqué de respect au peuple nigérien qu’il continue d’exploiter après plus d’un siècle de colonisation.
"L’Etat doit carrément retirer le permis d’Imouraren à Areva et le reverser dans le patrimoine national, afin de pouvoir le replacer sur le marché sous peu", a-t-il proposé.
Enfin, société civile et syndicats ont constaté qu’avec cet accord la loi minière de 2006, accordant de redevances fiscales avantageuses pour le Niger, n’est pas appliquée entièrement et que cela les laisses sur leur faim pour tout le combat qu’ils ont mené sur le plan social.
Cette vague de protestations a suscité mardi dernier une réaction conjointe gouvernement nigérien-Areva, précisant que par rapport à cet accord de partenariat stratégique les deux parties se donnent les délais nécessaires pour finaliser les modalités de mise en oeuvre des différents points de l’accord.
En outre, ils confirment "la validité de cet accord qui est conforme à la loi minière 2006 et qui permettra de poursuivre un partenariat stratégique et durable pour les deux parties".
Le Niger, 4ème producteur mondial d’uranium, le 2ème fournisseur du groupe nucléaire français Areva, est paradoxalement, de nos jours, l’Etat le plus pauvre du monde.
Avec l’exploitation de la mine d’Imouraren (toujours dans le département d’Arlit), initialement prévue à partir de 2014 mais désormais reportée aux calendes grecques, le Niger devient le premier producteur d’uranium en Afrique, et deuxième au niveau mondial, après le Canada, avec une production annuelle qui passerait de 3.000 à 8.000 tonnes, d’après les études techniques d’Areva. Fin

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