54 voix pour, 40 contre c’est par ce vote que le projet de loi sur le statut des agents des douanes a été adopté par l’Assemblée nationale. C’était le jeudi 30 mai 2013. Notons que, contre toute attente ce sont les députés du Moden FA (Lumana, de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale et ceux du Rassemblement des démocrates composé du RSD-Gaskya et de l’UDR-Tabbat qui ont émis un vote favorable tandis que le PNDS-Tarayya et l’ANDP-Zaman Lahiya votaient contre.
Comme on peut le constater, les partis de la majorité n’ont pas parlé d’une même voix du moins cela est vrai pour les deux partis qui constituent les piliers de la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN) Est-ce là, le signe patent d’un malaise profond au sein du régime de la 7ème République ? Est-ce la preuve que l’alliance au pouvoir chancelle ?
Des prémices d’une cassure au sein de l’alliance au pouvoir Depuis quelque temps, de nombreux observateurs de la scène politique avaient diagnostiqué un scénario catastrophe dont le dénouement devait avoir lieu le 31 mai dernier, n’eut été le double attentat survenu à Arlit et à Agadez et qui a endeuillé le pays. En effet, il a été prévu le dépôt d’une motion de censure par les députés de l’opposition suite aux nombreux dérapages du régime quant à la gestion de la chose publique. Selon toute vraisemblance la préparation de ladite motion était fort avancée et tout indiquait qu’elle serait favorablement votée ce qui conduirait inéluctablement à une cohabitation et donc à la formation d’une nouvelle alliance.
De la succession des troubles sociaux Deux ans seulement après l’installation de la 7ème République, de nombreux indices ont montré que tout allait de travers au sein de la majorité au pouvoir. Les maladresses ont succédé aux bavures. Les soulèvements de Zinder, Gaya et Diffa sur fond d’affrontements sanglants avec morts d’hommes et des blessés par balles réelles, les grèves intempestives dans les secteurs de l’éducation et de la santé ayant paralysé l’école nigérienne et mis à mal la santé des populations, les attaques de l’opposition qui proteste contre la mauvaise gouvernance, les contre-attaques du gouvernement, les recours aux avis de la Cour Constitutionnelle, le double attentat ayant occasionné une trentaine de morts et de nombreux blessés et la toute dernière attaque de la prison civile de Niamey sont autant de signes d’un malaise profond au sein de l’appareil d’Etat.
De la formation d’une nouvelle alliance.
Le bilan de la gestion de la majorité au pouvoir qui a été fortement contesté par l’opposition a été perçu par les autres partis de la MRN comme celui du PNDS. De toute évidence, ils ne se sont pas sentis concernés parce que pas concertés. C’est du moins l’impression que donne la présentation du Bilan par le président de la république alors que cette présentation devait se faire de concert avec tous les autres car tous sont comptables de la gestion de ce régime. Les propos d’un des leaders de l’alliance sont assez illustratifs aussi bien au sein de l’hémicycle que lors des rencontres de son parti le Moden FA Lumana. On comprend bien pourquoi Hama Amadou n’hésite point à dire la vérité aussi crue soit elle pour montrer son mécontentement et parfois son ras le bol à la face de son principale allié à savoir le PNDSTarayya. C’est ainsi que dans les résultats du vote du statut des agents des douanes, beaucoup de Nigériens y ont vu la manifestation d’une volonté de sceller une nouvelle majorité constituée de Lumana et du MNSD, les deux frères ennemis d’hier qui donnent l’impression depuis un moment de vivre une vraie idylle. Souvenez-vous de la participation de Hama Amadou au 22ème anniversaire du MNSD-Nassara et le discours qu’il y a prononcé. A Dosso, lors de la commémoration du 4ème anniversaire du Lumana, une délégation de l’opposition conduite par le MNSD y était fortement représentée. « Car s’il est vrai que nous sommes de temps à autre des adversaires politiques, nous ne sommes nullement des ennemis. Au contraire nous sommes tous des alliés potentiels. L’inimitié sans concession ainsi que la haine inflexible, ne doivent donc en aucune façon imprégner, pour quelque motif que ce soit, les rapports que la convenance et les bonnes manières nous imposent d’observer entre nos partis, dans le cadre de la démocratie civilisée, à laquelle nous prétendons vouloir rattacher le système politique nigérien. Notre pays en effet, a besoin d’un exercice décontracté et apaisé de la liberté démocratique. Conséquemment, nos partis doivent apprendre à s’élever au-dessus des contingences de leur position respective du moment, pour évoluer vers des comportements et des rapports qui favorisent la paix, le dialogue, et avant tout l’intérêt national, intérêt qui exige souvent, et vous le savez sans aucun doute, des instants de complicité forte, entre tous les acteurs politiques du pays» a déclaré le leader du parti Lumana Hama Amadou avant d’ajouter que « le MODEN/FA Lumana-Africa, est membre à part entière de la mouvance présidentielle au pouvoir et qu’il en est, je dirai même, sans esprit de gloriole, la deuxième force politique. Beaucoup de gens pensent que c’est là une position à la fois avantageuse et enviable. Mais dans les faits, je dirai pour ma part que c’est la position la moins confortable dans l’alliance. La moins confortable parce que le parti dominant l’observe avec suspicion, interprétant chacun de ses faits et gestes avec méfiance et agacement alors que les autres membres de l’alliance, quant à eux, croient au contraire qu’il est le privilégié, à qui l’on accorde tout à leur détriment. Il est bon qu’on le sache donc, Alliance ne signifie pas pour un parti de l’envergure de Lumana, renoncer à ses propres ambitions ni s’accommoder des apparences du privilège, et être obligé, d’avoir à réclamer constamment son droit à une participation réelle, effective et équilibrée dans la gestion de l’Etat. » Là, tout est dit. Hama n’a pas caché la vérité à ses alliés.