Quelle mouche a donc piqué le Président de la transition centrafricaine pour émettre un mandat d’arrêt international contre son prédécesseur, François Bozizé, alors qu’il eût été fait pour lui de venir rencontrer Paul Biya pour trouver une issue au problème. Dans l’entourage du Chef de l’Etat camerounais, on considère que c’est un geste ouvert à ses homologues, à ses pairs de la sous-région qui essaient de comprendre ce qui a poussé le Président de la transition centrafricaine pour qu’il agisse de la sorte. Par qui Michel Djotodia a été poussé, conseillé d’agir de la sorte? Pourquoi a-t-il pris cette décision deux jours après la décision prise par le Chef de l’Etat Paul Biya d’ouvrir les frontières entre cette République sœur et la nôtre? Craint-il comme on le dit que des membres de l’ancienne équipe dirigeante pourraient quitter le Cameroun et aller les attaquer là-bas? Autant de questions auxquelles il faut répondre.
En attendant d’y répondre, nous pouvons évoquer les mesures de rétorsion que Paul Biya peut prendre pour rendre la vie difficile à Michel Djotodia. Imaginons seulement que le Cameroun ferme l’axe routier Douala-Yaoundé et la frontière centrafricaine aux marchandises, c’est l’asphyxie totale pour ce pays enclavé. Mais seulement, Paul Biya ne pratique pas ce genre de politique. On peut créer des problèmes aux Centrafricains en renforçant les contrôles le long de l’axe routier Douala-Yaoundé-frontière. On sait ce que ces tracasseries coûtent aux transporteurs et hommes d’affaires centrafricains. Mais une fois de plus Paul Biya ne joue pas à ce jeu-la.
Paul Biya a une très grande capacité de nuisance contre la Centrafrique: il peut garder, armer et soutenir ceux qui ont quitté le pouvoir à Bangui, comme Idriss Déby ltno du Tchad a formé, équipé et soutenu jusqu’au bout les rebelles dont Michel Djotodia, qui ont renversé le régime de François Bozizé. Le Président de la transition centrafricaine craint que ce qu’il a fait à son prédécesseur ne lui arrive. Et la meilleure manière pour parer à toute éventualité c’est de venir rencontrer Paul Biya en personne et d’en parler de vive voix. Il peut même en parler à Denis Sassou Nguesso du Congo, ami de Paul Biya, chez qui il était en séjour ce week-end afin qu’il intercède pour lui auprès du Chef de l’Etat camerounais. Le bon sens a donc manqué au Président de la transition centrafricaine, mais il est encore temps pour venir rencontrer Paul Biya et faire ainsi amende honorable. Quant à l’ex-Président centrafricain, il séjourne toujours à Yaoundé. Joint au téléphone hier en fin de matinée, un de ses proches a déclaré: «où voulez-vous que nous allions?». C’est tout dire pour qui sait lire entre les mots et phrases.