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Affaire des pétits ibos ou le « babygate Nigérien » le choc, le secret et les vraies questions
Publié le samedi 19 juillet 2014   |  tamtaminfo


Bébés
© AFP par BOUREIMA HAMA
Bébés nés à la maternité de Niamey
NIGER, Niamey : Babies are seen in incubators at the maternity of Niamey on April 24, 2014. Niger`s government and humanitarians fight against the very high maternal mortality in Niger, a poor country with the highest fertility in the world.


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Dans ce même journal et dans bien d’autres paraissant régulièrement au Niger, maints interve- nants ont écrit et disserté sur les aléas de la politique et surtout sur la situation sociale actuelle caractérisée par ce qui est en passe d’être (certainement) le plus grand scandale social et moral de notre pays.
Ce scandale a pris une autre dimension lorsqu’on a découvert aux premières loges de ce trafic d’enfants étrangers, des personnalités politiques de premier ordre, dont particulièrement un homme qui, comme par « magnétisme aux turpitudes », traine, attire et capte toujours en lui tous les vices et toutes les taches de notre société.
Mais, pour une fois, il n’est pas seul dans cette affaire et donc les responsabilités présumées sont égales tant pour le Président du parlement, que pour le Ministre d’Etat, tant pour le banquier que pour le responsable de la Chambre de commerce, etc… Du choc aux premières spécula- tions, les Nigériens se posent un certain nombre de questions, avec plus ou moins de mauvaise ou bonne foi selon le cas. Petite revue des questions-clés du dossier et de son développement : quel secret ? Qui a trahi qui ? Pourquoi Hama veut-il (toujours) discréditer la justice ? Etc.

1. Le choc : La nouvelle de la découverte d’un tel scandale porté par des personnes bien connues fut pour les Nigériens et l’essentiel de l’opinion internationale un grand choc. C’est le deuxième choc, après celui qui a suivi la vision sur les écrans de télévision du monde entier , il y a quelques mois, des engins qui démolissaient au Nigeria des maisons présentées comme des « usines à bébés » ou « Baby factories », comme on les appelle là-bas au Nigeria. Aujourd’hui, il n’y a nul doute que cette affaire a montré aux Nigériens jusqu’où certaines personnes peuvent aller, pour escompter tromper Dieu et les hommes. Suivant la religion et suivant simplement notre statut d’êtres humains, nous avons un rapport unique avec les enfants.

C’est au-delà de la sacralité. Quand la forfaiture se mêle à l’imposture sur la question la plus sérieuse, la plus intime et la plus sacrée, à savoir la pro- création, il devient dès lors né- cessaire, voire impératif que la société se protège et protège ses membres les plus faibles, les enfants eux-mêmes. Justement et pour que les en- fants restent à leurs parents, pour que personne ne brise vio- lemment et aveuglement ce lien filial, et que la vie des enfants ne dépende pas de la capacité ou des caprices et fantaisies de ceux qui ont l’argent ou le pou- voir, il incombe à chacun de contribuer à ce que la justice se meuve et mette fin à ce trafic ignoble et honteux.
C’est une action de salut public. C’est une action de moralisation de notre société que d’imposer à ceux d’entre nous qui ont acheté des êtres humains dans les « usines du Nigeria » de payer main- tenant devant la justice de notre pays ou de tout autre pays qui se saisirait de cette affaire. L’action de la justice engagée dans cette affaire est une garantie que notre société refusera de se dépraver et de permettre que tout soit possible, même l’incon- cevable ! Bien sûr, il se trouvera des personnes pour défendre le contraire, mais en l’occurrence, ces personnes-là ne parlent au nom d’aucune morale, ni d’aucune valeur de civilisation. Elles ne parlent qu’au nom d’affinités inavouables et méprisables.
Notre conception de la société est que tous les enfants de- vraient grandir et être élevés auprès de leurs parents et lors- qu’ils sont chez d’autres personnes, ces enfants devraient vivre dans le cadre de l’adoption ou de toute autre forme sociale- ment acceptable. Mais pas en étant là, comme des biens privés importés dans les conditions les plus brutales et les plus insupportables. Jamais, dans ce pays, on n’avait envisagé et imaginé qu’une telle situation se produisît dans notre communauté, si rigoureuse dans ses mœurs, si intransigeante sur ses valeurs. On sait maintenant, de manière définitive, que nous sommes capables du pire sur les êtres les plus innocents. Une autre chose m’insupporte dans ce dossier, c’est cette hypocrisie collective qui s’est emparée de certaines personnes faisant mine de ne pas croire que ces enfants sont issus d’un trafic bien établi. Alors que beau- coup d’entre nous savaient. Comme on dit, couramment, c’était un secret de polichinelle…
2. Le secret de polichinelle Le secret de Polichinelle, nous savons tous ce que c’est, mais je vous en livre une définition bien faite, extraite d’une encyclopédie électronique. « Un secret que tous et toutes connaissent, mais qui n’est pas d’une con- naissance partagée. Il se distingue d’un véritable secret par le fait que les détenteurs du secret de Polichinelle ne manifestent pas librement la connaissance qu’ils ont (parce qu’ils croient qu’il vaut mieux, pour eux ou pour d’autres, ne parler qu’avec des gens de confiance ou même complètement se taire), et par conséquent qu’ils ignorent le niveau de connais- sance des autres. On est alors dans la situation où « les apparences sont sauves », « personne n’a perdu la face ». Le secret ne porte donc pas sur l’information primaire, mais sur le degré d’information qu’on ma- nifeste et qu’on suppose aux autres. »

Voilà la définition du secret de polichinelle et voilà donc exactement notre situation par rapport aux « bébés impor- tés » au Niger ! Pour revenir à l’affaire elle- même, elle est toute simple dans son fonctionnement, mais terri- ble sur son sujet. Il se trouve que des femmes ne pouvant (plus) avoir d’enfants, grisées par le pouvoir ou (le pouvoir de) l’argent, ont décidé d’aller ac- quérir au Nigeria des enfants et de les présenter comme les leurs, ici, au Niger, une fois de retour. C’était quasiment un secret de polichinelle et dans tout Niamey on chuchotait les noms de ces maris qui ont « acquis chèrement » leurs enfants à l’étranger.
Que celui, d’entre nous qui ne savait pas, y compris de Maitre Souley à Maitre Mossi, que ces enfants provenaient de la filière nigériane lève la main ! C’est donc connu et bien su de tout Niamey. Au demeurant, on est obligé de croire qu’il y a quelque chose de spécial à cette ville perdue du sud du Nigeria où systématique- ment on accouche que des jumeaux ! Statistiquement, selon l’INED, en Afrique, seuls deux accouchements sur cent sont gémellaires. En Europe, ce taux baisse à 1,2 et à 0,7 en Asie. Cette filière du Nigeria est donc manifestement une exception mondiale où sur sept accouchements, six sont gémellaires ! C’est stupéfiant…

A la vérité, ils et elles savaient tous. Ils savaient bien dans quel projet ils s’étaient embarqués. La plupart du temps, même pour faire la fatiah, les « heureux pères » étaient gênés de l’organiser proprement. Un parmi eux, et le plus illustre d’ailleurs, s’était même fendu d’un communiqué (radio-télé svp) pour dire qu’elle ne sera pas publique « à cause des inondations » et que personne n’y était convié. Les Niaméens s’étaient bien gaussés de cette piètre parade. Nous savions donc tout cela et nous en parlions assez souvent dans nos salons. Maintenant, que l’affaire a éclaté et que des gens sont en prison, des commentaires divers font jour et quelque fois, ils sont teintés d’une mauvaise foi patente.
La plus grande mauvaise foi se traduit lorsqu’on évoque à l’occasion de cette affaire que le Président a trahi Hama et Abdou labo, parce que les deux ont leurs épouses impliquées dans l’affaire. La plus grande trahison n’est-elle pas le viol de certaines valeurs ? La trahison n’est-elle pas le manque de loyauté de celui qui avait un autre agenda, même lorsqu’il était au sein de la majorité ?

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