Après l’épisode de la petite crise diplomatique sur la provenance des auteurs des deux attentats à Agadez et à Arlit, entre le Niger et la Libye, deux grands voisins, on tente de calmer le jeu et de s’atteler aux choses sérieuses, à travers un communiqué plus diplomatique.
Le Niger, dont le président a sorti les mots qui ont aussitôt irrité la Libye, a lancé, via le chef de la diplomatie, un appel à la communauté internationale pour aider la Libye à se stabiliser, face à cette situation qui constitue une menace réelle aussi bien pour sa propre stabilité que celle de ses voisins. Excuses, rectificatifs, précisions ? Peu importe la qualification qu’on peut en donner au communiqué du ministre Bazoum, ministre d’Etat, des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur et aussi très proche du chef de l’Etat.
Toute la gymnastique diplomatique est qu’on soit compris du côté des nouvelles autorités libyennes qui, déjà montées contre l’asile de plusieurs dignitaires de l’ancien régime libyen notamment le fils du défunt guide, ont accentué la pression sur le pouvoir de Niamey et multiplié et des actions de représailles, ces derniers jours, à l’encontre des Nigériens résidant en Libye, rapatriés manu militari au Niger. Tout compte fait, le Niger n’a nullement l’intention de nuire à la Libye, semble-t-on indiquer dans le communiqué. Crainte de la poursuite des représailles ou recherche de faveur au profit des migrants nigériens dont beaucoup ont été chassés, ces derniers temps, de la Libye ?
On n’en sait rien. Toutefois, «…le ministère des Affaires étrangères et de la coopération du Niger exprime une fois de plus le soutien sans équivoque du Niger aux autorités que le peuple libyen s'est souverainement données à travers sa révolution et réitère l'estime du Président Issoufou Mahamadou au Premier ministre Ali Zeidane, dont l'amitié pour le Niger est par ailleurs bien connue.», précise le communiqué. Erreurs d’interprétation ? En tout cas, c’est ce que semble démontrer les propos du ministre d’Etat Bazoum qui explique, de fond en comble, pourquoi et comment les deux Etats entretiennent des relations de longue date.
«Lorsque les autorités du Niger, parlant des attentats du 23 mai, affirment que leurs auteurs viennent du territoire libyen, elles n'entendent nullement insinuer que les autorités libyennes y ont une part quelconque de responsabilité.», a déclaré le chef de la diplomatie nigérienne. Quelques caresses dans le sens des poils aussi dans la rédaction de ce communiqué qui apporte des précisions sur la guéguerre qui s’est emparée des deux voisins depuis le double attentat à Agadez où le chef de l’Etat Issoufou Mahamadou avait avoué que les terroristes seraient venus du sud libyen. Une estimation mélangée au sentiment de louanges à l’endroit de ce pays qui menaçait, depuis 2011, de rompre ses relations avec le Niger, s’il s’entêtait à garder Saadi Kadhafi.
‘’Les autorités nigériennes savent que la Libye est dans un processus révolutionnaire en voie de stabilisation et que pour cette raison l'Etat n'a pas encore pu réaliser la plénitude de son contrôle sur l'ensemble de son vaste territoire.’’, a expliqué le ministre d’Etat Bazoum à la nouvelle Libye. Pourtant, on connaît la situation qui a suivi la chute de l’ancien guide Mouammar Kadhafi. De quelle révolution parle-t-on encore ?