A l’occasion de la visite, effectuée le vendredi 18 juillet dernier à Niamey par le Président français François Hollande, les tenants du pouvoir en place ont posé un certain nombre d’actes malheureux qui feront que certains nigériens garderont des mauvais souvenirs de cette visite
. Il s’agit notamment de la fermeture d’un des principaux marchés de Niamey et de la chasse à l’homme organisée contre les responsables et militants du collectif de la société civile dénommé «Sauvons le Niger».
La fermeture du célèbre marché Djémadjé
Deux jours avant l’arrivée de l’illustre hôte, les autorités de la ville de Niamey avaient procédé à la fermeture de la principale entrée du célèbre marché de Djémadjé où les habitants de Niamey s’approvisionnent en fruits, légumes et viande principalement. Des tôles et du fer ont été commandés, sans doute à grands frais pour fermer toute cette importante partie de ce marché située sur le passage du cortège présidentiel. Cette mesure des autorités de la ville de Niamey avait-elle été prise pour des raisons de sécurité ou bien pour éviter que le «patron» français ne découvre une des «saletés» de Niamey ? Quelque soit la raison, avouons que cette mesure était disproportionnée. Si c’était pour des raisons de sécurité, il suffit d’une vingtaine d’éléments des forces de défense et de sécurité pour sécuriser les lieux. Si c’est le décor de ce marché qui gène les responsables de la ville de Niamey, il suffisait tout simplement de demander aux occupants de ce marché de se mettre au bord de la route pour accueillir l’illustre hôte et en même temps cacher ce que certains ne voudraient pas voir. Mais une fois encore nous sommes en Afrique et particulièrement au Niger où les dirigeants ne font qu’à leur tête, au nom du fameux principe de la raison d’Etat.
L’arrestation de plusieurs acteurs de la société civile membres du collectif «Sauvons le Niger»
Pour avoir simplement appelé les citoyens à porter des fanions jaunes en guise de protestation à la mainmise de la France sur l’uranium nigérien, le collectif «Sauvons le Niger» s’est attiré la foudre des tenants du pouvoir, la veille et le jour de l’arrivée de François Hollande au Niger. Plusieurs de ses membres furent interpellés et gardés pendant plusieurs heures dans les locaux de la Police judiciaire et à l’Ecole nationale de la police. C’est ainsi que le jeudi 17 juillet, quelques heures seulement après la publication de la déclaration de ce collectif, un de ses responsables fut interpellé et interrogé pendant quelques heures par la Police judiciaire. Il s’agit de M. Ali Idrissa, coordonnateur du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB-Niger). Après sa libération, l’intéressé a indiqué à la presse avoir été auditionné sur la déclaration du collectif «Sauvons le Niger». Il a toutefois déclaré que son interpellation ne peut en rien émousser leur élan à démontrer à François Hollande l’insatisfaction de certains Nigériens face au comportement de son pays dans ses rapports avec le Niger par rapport à l’exploitation de l’uranium. Le lendemain vendredi 18 juillet, entre 5h et 6 h du matin, le même Ali Idrissa est arrêté à son domicile et reconduit dans les locaux de la Police judiciaire où il trouva deux autres responsables du collectif «Sauvons le Niger» : Nouhou Mahamadou Arzika, président du Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable (MPCR) et Gamatié Mahamadou, secrétaire général du Syndicat des conducteurs de taxis (SYNCOTAXI). Les trois hommes furent libérés quelques heures après. Mais entre-temps, la police a déjà procédé à l’arrestation d’une vingtaine des militants du collectif «Sauvons le Niger» qui portaient les fanions jaunes et qui s’apprêtaient à venir au bord de la route «accueillir» François Hollande. Eux ont été transférés à l’Ecole nationale de la police où ils ont pratiquement passé la journée du vendredi 18 juillet. Et pourtant, à analyser les choses avant un minimum de sérénité, on s’aperçoit très vite que la chasse à l’homme organisée contre les responsables et militants du collectif «Sauvons le Niger» a plus desservi les tenants du pouvoir que le collectif lui-même. D’abord, le fait que des citoyens portent des simples morceaux de tissu pour manifester un mécontentement une pratique qui est comprise et acceptée, y compris au sein des prisons, dans les pays où la démocratie est véritablement en bonne santé. Ensuite, le monde que le collectif allait mobiliser pouvait enrichir le décor de l’accueil de François Hollande et dans le feu de l’action, ce dernier pourrait ne même pas se rendre compte qu’il y a une manifestation qui se fait contre son pays au même moment.