L’affaire de suspension du Secrétaire général de l’Assemblée nationale, par le premier vice-président de cette institution, risque de constituer un autre élément de crispation de la crise politique que le Niger traverse depuis quelques mois.
En effet, de son retour du voyage, le Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou a pris un arrêté pour abroger celui pris par son vice- président Daouda Mamadou Marthé, réhabilitant ainsi M. Issa Kanga dans ses fonctions de Secrétaire général de l’Assemblée nationale. Mais c’était sans compter avec l’obsession maladive du pouvoir en place d’affaiblir le Président de l’Assemblée nationale, en le privant de ses principaux collaborateurs, après l’avoir dépouillé de sa sécurité. C’est ainsi qu’avec le soutien de six autres membres du bureau, tous des partis de la mouvance présidentielle, le premier vice- président de l’Assemblée nationale rejeta cette décision du Président Hama Amadou, en signant et persistant que M. Issa Kanga n’est plus Secrétaire général de l’Assemblée nationale.
Dans un communiqué de presse qu’ils ont publié à cet effet, Daouda Mamadou Marthé et ses amis ont même reproché au Président Hama Amadou d’avoir méconnu le règlement intérieur de son institution, avant d’annoncer le dépôt d’une plainte contre M. Issa Kanga. Comme à ses habitudes, le 4ème vice-président de l’Assemblée nationale Mohamed Ben Omar, qui fait aussi partie du groupe, a sauté sur l’occasion pour encore faire montre d’un zèle inouï, afin sans doute d’impressionner les tenants de ce pouvoir dont il était, il y a encore quelques mois, un des grands adversaires. C’est ainsi que non satisfait de la large diffusion dont a bénéficié leur communiqué de la part des médias d’Etat et même certains du privé contrôlés par le pouvoir du Guri System, l’intéressé a animé un point de presse à son domicile pour se livrer à une analyse «juridique» de l’acte posé par le Secrétaire général de l’Assemblée nationale et de l’arrêté pris par le Président Hama Amadou pour le réhabiliter, après sa suspension par le premier vice-président.
A entendre le sieur Mohamed Ben Omar crâner, on a le sentiment d’être en face d’un de ces éminents juristes qui savent décortiquer et expliquer les différents textes de loi et tous les actes administratifs se référant à nos instruments juridiques. Or, il n’en était absolument rien. Tel que les Nigériens le connaissent assez suffisamment, celui qui jurait que son plus grand regret était d’avoir soutenu la candidature du Président Issoufou Mahamadou à l’élection présidentielle de 2011, n’a fait que du vacarme pour impressionner les esprits qu’il peut encore impressionner. Quand Mohamed Ben Omar soutient que les vice- présidents jouissent des mêmes prérogatives que le Président de l’Assemblée, lorsqu’il dit que les premiers ne sont pas les adjoints du second, il fait tout simplement preuve d’ingratitude à l’égard du Président Hama Amadou qui, dès sa prise de fonction, a décidé volontairement de céder certaines de ses prérogatives aux différents vice- présidents. C’est ainsi que des prérogatives qui était avant exercées par le seul Président de l’Assemblée nationale ont été confiées à des vice-présidents.
Tout historien qu’il est, Mohamed Ben Omar n’a qu’à aller fouiller les archives de l’Assemblée nationale et il se rendra compte que jusqu’à cette sage décision du Président Hama Amadou, le poste de vice-président de l’Assemblée nationale n’avait presque aucun contenu, si ce ne sont les avantages pécuniaires et protocolaires qu’il donnait à son titulaire. C’est vrai qu’en un an beaucoup d’eau a coulé sous les deux ponts de Niamey et que l’actuel Président de l’Assemblée nationale n’est plus cet homme d’Etat pour qui Mohamed Ben Omar a plus d’égards et de considération. Mais est-ce que le nouvel admirateur du Président de la République Issoufou Mahamadou pense sincèrement que le Président Hama Amadou peut prendre un acte administratif lorsqu’il sait que les textes en la matière ne l’y autorisent pas ?
Pourquoi Mohamed Ben Omar veut être plus royaliste que le roi, en se mettant en première ligne contre le Président de l’Assemblée nationale, alors même que les vrais adversaires de ce dernier sont les responsables du PNDS-TARAYYA, un parti que lui Mohamed Ben Omar a quitté quand il traversait un de ces moments les plus difficiles à l’opposition ? En principe quand on est historien de formation, ce n’est pas seulement pour enseigner l’histoire aux autres, mais on doit aussi s’intéresser, de temps en temps, à sa propre histoire.