Washington DC, Etats-Unis - Des organisations et militants des droits de l’homme invitent le président américain, Barack Obama, et les dirigeants africains devant assister au Sommet de trois jours Etats-Unis/Afrique à Washington, à se pencher en priorité sur les atteintes aux droits de l’homme et autres menaces à la liberté d’expression en Afrique.
Dans une lettre ouverte distribuée lundi à Washington DC, le groupe accuse des gouvernements africains d’utiliser des ’lois draconiennes, une législation restrictive pour les médias, des chefs d’inculpation vagues, la répression contre les groupes minoritaires et dissidents, mais aussi les défenseurs des droits humains’ pour freiner la liberté d’association, de parole et de mouvement dans leurs pays.
Parmi les signataires de cette lettre, figurent : Human Rights Watch, Frontline Defenders, Human Rights’ Campaign, Council for Global Equality, African offices of the International Commission of Jurists and Lawyers for Human Rights, des organisations de femmes, des organisations de la société civile et des militants des droits de l’homme.
Selon eux, le thème ’Investir dans la prochaine génération’ signifie que le rôle de la société civile, des femmes et des jeunes doit être abordé concernant le développement de l’Afrique, mais aussi la nécessité d’implanter totalement les valeurs des droits de l’homme sur le continent.
’L’espace pour la société civile dans beaucoup de pays africains se rétrécit, de même que le respect pour les droits de l’homme’.
’De nombreux gouvernements combinent les menaces directes aux lois oppressives et aux politiques étatiques pour saper le travail des médias indépendants, des défenseurs des droits de l’homme et d’autres qui cherchent à exprimer pacifiquement leurs points de vue’, ont-ils dénoncé.
Ils notent que dans des pays tels que l’Angola, l’Egypte, l’Ethiopie, le Mozambique, le Soudan, le Swaziland et l’Ouganda, ’la réponse aux manifestations pacifiques a été l’usage excessif de la force par les forces de sécurité de l’Etat’.
D’autres nations comme le Burundi, le Zimbabwe, la Gambie et l’Afrique du Sud ont imposé des lois restrictives pour les médias ou bâillonné les organisations de médias indépendants, tandis que l’Egypte a récemment emprisonné trois journalistes d’Al-Jazeera.
’Pour démontrer leur engagement à assurer la sécurité et le développement, les leaders et autres participants au sommet doivent publiquement condamner les atteintes aux droits de l’homme en Afrique et exhorter les dirigeants africains à s’engager à respecter la liberté d’expression, d’association, de manifester pacifiquement ainsi que les droits humains fondamentaux’, ont-ils insisté.
Ils ont également appelé les leaders à prendre des mesures visant à éliminer la discrimination généralisée à l’égard des femmes en Afrique, qui freine leur pleine participation à la vie publique, et invité les leaders à s’efforcer également de promouvoir et renforcer l’égalité entre les sexes dans leurs pays respectifs.
’Ce sommet doit s’assurer qu’un cadre des droits de l’homme est conçu, de sorte qu’il y ait la transparence et la responsabilité de rendre des comptes, afin de faciliter la bonne gouvernance et de garantir les valeurs démocratiques’, ont-ils ajouté.
Bien qu’une session soit consacrée à la gouvernance lors de ce sommet, les militants estiment que le calendrier n’accorde pas assez d’attention aux questions des droits de l’homme et de la démocratisation.
Pour Adam Shapiro, activiste des droits de l’homme basé aux Etats-Unis, également membre de Frontline Defenders, on devrait offrir aux organisations de défense des droits humains l’occasion de participer pleinement aux discussions sur les questions de sécurité et de bonne gouvernance.
’Nous sommes critiques à l’égard de certains dirigeants invités à ce sommet, parce qu’ils ont été accusés de différentes atteintes aux droits de l’homme dans leurs pays’, a-t-il fait savoir.
Toutefois, le secrétaire d’Etat-adjoint aux Affaires africaines, Mme Linda Thomas-Greenfield, a expliqué que les organisateurs du sommet avaient décidé de mettre les activistes dans un programme séparé parce que ’le sommet actuel est un sommet entre leaders, et nous voulons avoir des discussions franches avec ces leaders sur les questions que la société civile a posé sur la table’.
Le gouvernement américain avait précédemment annoncé qu’il n’avait pas invité les présidents d’Erythrée, du Zimbabwe, du Soudan et de la République centrafricaines en raison de leurs bilans en matière de violations des droits de l’homme’.