Fin du Sommet extraordinaire de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD), à N’djamena (Tchad) : refondation de la CEN-SAD en vue de consolider la paix, la sécurité et le développement
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM. Issoufou Mahamadou, a regagné Niamey, samedi en début de soirée, de retour de N’djaména, au Tchad, où il a pris part, au sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens. A sa descente d’avion à l’Aéroport international Diori Hamani de Niamey, le Chef de l’Etat a été accueilli par le Premier ministre, SEM. Brigi Rafini, avant d’être salué par les présidents des institutions de la République, les membres du gouvernement, ainsi que plusieurs autres personnalités civiles et militaires.
A son arrivée, vendredi après midi à N’Djaména, SEM. Issoufou Mahamadou, a été accueilli à sa descente d’avion par son homologue tchadien, SEM. Idriss Deby Itno. Les deux Chefs d’Etat ont ensuite eu un entretien en tête-à-tête au salon d’honneur de l’aéroport. Plusieurs Chefs d’Etat ont également fait le déplacement. Il s’agit de Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré du Burkina Faso , Omar Hassan El Béchir du Soudan , Ismaïl Oumar Guelleh de Djibouti , Thomas Yayi Boni du Bénin, François Bozizé du Centrafrique, Mohamed Ould Abdoul Aziz de la Mauritanie, Macky Sall du Sénégal, et Dioncounda Traoré du Mali. A ceux-là s’ajoutent le vice-président des Comores, les Premiers ministres égyptien et libyen, ainsi que les ministres des Affaires Etrangères des autres pays membres.
Plusieurs allocutions ont ponctué l’ouverture de ces assises dont celle du Président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, qui d’abord, au nom de ses pairs, a remercié le Chef de l’Etat Idriss Deby, pour l’accueil chaleureux qui leur a été réservé à N’djamena, mais surtout sa participation au dernier sommet extraordinaire de la CEDEAO tenu à Abidjan. En effet, a-t-il indiqué, la présence à ce sommet du Président tchadien avait valeur d’un symbole, celui de sa solidarité à l’endroit de l’Afrique de l’ouest et notamment du peuple malien. «Votre décision courageuse d’envoyer plus de 2000 soldats aux côtés des autres forces africaines confirme cette volonté et votre sens de solidarité’’, a dit le Président en exercice de la CEDEAO à l’adresse de SEM. Idriss Déby Itno. Ce sommet de N’djamena a mis l’accent entre autres sur des questions de sécurité et de développement, mais aussi sur la crise malienne, cette crise «qui nous impose de nous convaincre à garder notre sens de solidarité et continuer de lutter pour le développement économique de nos pays car, l’amélioration des conditions de vie de nos populations l’exige et c’est pourquoi, je me réjoui de constater que la sécurité et la paix sont au cœur de notre agenda pour nos discussions d’aujourd’hui», a poursuivi le Chef de l’Etat ivoirien. SEM. Alassane Ouattara est convaincu que ce sommet verra se consolider davantage la solidarité et la responsabilité des pays africains car «c’est ensemble que nous devons agir pour combattre le terrorisme et assurer la sécurité de notre espace commun». La sécurité, la paix et la stabilité demeurent les conditions de développement des différents Etats et du bien-être des populations. Alassane Ouattara a annoncé que « la CEN-SAD peut se donner les moyens juridiques de se rénover mais également mettre en place des structures nécessaires pour que notre organisation fonctionne de manière plus durable avec beaucoup plus d’efficacité ».
Dans son allocution d’ouverture, le Président en exercice de la CEN-SAD, le Chef de l’Etat tchadien Idriss Deby Itno, a rappelé que cette assise se tient à un moment très particulier depuis les évènements qui ont secoué la Libye. Ce qui a créé « la nécessité de notre organisation de trouver les voies et moyens de remettre sur les bons rails, après la tourmente libyenne qui l’a ébranlé gravement », a annoncé le Président Deby. Il a ensuite rendu un hommage au premier ministre libyen Ali Zeidan, pour avoir restitué le siège de la communauté ainsi que ses biens au personnel qui a trouvé les ressources nécessaires pour la redynamisation de la CEN-SAD.
Depuis, «nous avons pris un engagement de créer un conseil permanent pour le développement durable de l’espace sahélo saharien, et nul ne peut contredire la nécessité de la création de ce conseil permanent de paix et de sécurité en tant qu’organe essentiel de la CEN-SAD afin de combler le vide révélé avec la cruauté des drames qui frappent les pays membres de la communauté » a indiqué le président Deby. L’objectif de la présente conférence, « c’est de relancer la communauté dont beaucoup doutait de l’aptitude à devenir une organisation internationale» avait-il ajouté. Le Chef de l’Etat tchadien a surtout la lueur d’espoir de paix au Soudan et en Somalie et les a encouragé à aller davantage. A la Centrafrique, il appelle à faire preuve de dépassement en mettant en œuvre l’accord de Libreville en vue de restaurer une paix non pas durable mais définitive.
Parlant précisément du cas malien, il a dit qu’il les incite tous à accélérer les mesures qui s’imposent pour l’avenir, « c'est-à-dire l’activation des forces africaines en instance dont il faudra sans doute prévoir le statut en attendant d’imaginer un mécanisme plus innovant et autant qu’efficace’’. M. Idriss Deby, a réitéré ses remerciements à la France ‘’dont la réaction salvatrice a servi de déclic à sa résolution’’. Selon lui, de l’avancée du désert à l’assèchement du lac Tchad et du fleuve Niger, «aucun pays n’échappe à ces tragédies résultant des changements climatiques dont nous avons tous débattu à Rio+20 et dont je formule le vœu que nos travaux produisent de grands résultats». Une photo de famille a sanctionné la suspension de la séance pour un déjeuné à la présidence de la République offert par le président tchadien à toutes les délégations.
A la reprise, les travaux se sont déroulés à huis clos avec la mise en place du bureau, l’adoption du projet de l’ordre du jour, le rapport du Secrétaire général intérimaire de la CENSAD ainsi que le rapport du président du conseil des ministres et ont pris fin avec la lecture du communiqué final.
Au sortir de ces assises de la CENSAD, le Chef de l’Etat Issoufou Mahamadou a annoncé que ce sommet « est très important pour la communauté qui est restée longtemps paralysée suite à la crise libyenne où nous assistons à une renaissance de cette organisation importante pour notre sous-région ». Cette renaissance «coïncide avec la prise de conscience sur le fait qu’il y a un lien inséparable entre la sécurité et le développement, et c’est pour cela qu’on a décidé de la révision du traité qui a mis en place la CEN-SAD en 1998 qui prévoit la mise en place de deux nouveaux
organes», a-t-il ajouté. Il s’agit d’un organe relatif au Conseil permanent de paix et de sécurité dans la zone sahélo-saharienne et le deuxième organe est relatif au développement durable. Le Chef de l’Etat, SEM. Issoufou Mahamadou a par ailleurs indiqué que le sommet a également mis l’accent sur un certain nombre d’institutions spécialisées comme la banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC) et dont « nous avons particulièrement insisté sur le fait que cette banque doit mettre l’accent de plus en plus sur le financement des investissements et non pas du commerce».
Bien sûr a aussi précisé le Chef de l’Etat, «le sommet a été l’occasion de traiter des cas particuliers et des situations particulières comme la crise malienne où on a décidé d’appuyer le Mali afin de le sortir de la crise dans laquelle il se trouve, mais au-delà du Mali, on a mis l’accent sur la nécessité d’éradiquer le terrorisme et les narcotrafiquants dans l’ensemble de la zone sahélo saharienne», a affirmé le Président de la République. Organisation internationale regroupant 28 Etats africains, la CEN-SAD a été créée le 4 février 1998 à Tripoli (Libye) à l’issue du sommet réunissant les Chefs d’Etat de la Libye, du Mali, du Niger, du Soudan et du Tchad.
Le Chef de l’Etat est compagné dans ce déplacement du ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Etranger, M. Bazoum Mohamed, du ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies de l’Information, M. Salifou Labo Bouché, du ministre directeur de cabinet du Président de la République, M. Hassoumi Massoudou, et du ministre conseillé du Président de la République, M. Issoufou Katambé.