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Conférence de presse: Hollande met Issoufou en garde
Publié le mercredi 6 aout 2014   |  Le Monde d’aujourd’hui


Visite
© Présidence par DR
Visite d`amitié et de travail du président Mahamadou Issoufou au Gabon
Mardi 15 avril 2014. Gabon. Le président de la république, Issoufou Mahamadou a effectué une visite de 48h les 15 et 16 avril 2014. Photo : Le président de la république, Issoufou Mahamadou


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Je vais terminer aussi sur la relation exem- plaire, sur la transparence, et sur le pluralisme. Le Niger, je veux le souligner, est un pays démocratique. Ce qui fait que ses dirigeants sont issus d’élections libres et la France est attachée à ce que ces principes là soient mises en valeur et surtout soient mises en œuvre.

C’est aussi le sens que nous donnons à la relation entre la France et le Niger. La démocratie est un levier pour le développement et une condition de la sécurité. Et elle ne peut pas souffrir d’atteinte au prétexte qu’il y a des menaces.
Pour conjurer les menaces, il faut faire encore plus de dialogue, et plus de démocratie … » tels sont les propos du François Hollande lors de la conférence de presse qu’il a animée conjointement avec le président nigérien Issoufou Mahamadou. Aussi innocentes qu’elles parais- sent, ces paroles s’apparentes pourtant à une mise en garde sans équivoque. C’est ce que nous allons analyser dans ce papier.
Rappelons d’abord que c’est le 18 juillet 2014 que le chef de l’Etat français est venu au Niger. Il a reçu, à l’occasion, un accueil digne de son rang. La capitale nigérienne a littéralement été colorée aux couleurs de la grande France et aux effigies du grand Toubab.

Les citoyens ont été mobilisés à l’aéroport et tout au long du trajet présidentiel pour applaudir l’hôte. Séances de travail entre les délégations, visites d’entreprises françaises au Niger et conférence de presse ont ponctué cette visite de François. C’est justement cette dernière qui nous intéresse puisqu’elle contient les paroles que vous avez lu ci-haut. Pourquoi le président Hollande a dit ce qu’il a dit ? Difficile à préciser. Cependant, un président de la puissante France ne dit pas n’importe quoi, chaque mot prononcé a un sens très profond, que les spectateurs le perçoivent ou non. Il faut également dire que le socialiste français est ami de longue date du socialiste nigérien.

Mais la France n’a pas d’amis mais des intérêts. Ceci explique assez bien que François Hollande s’inquiète de la situation politique du Niger. Les intérêts économiques de son pays y sont fortement concernés. En dehors de l’uranium nigérien dont il ne peut se passer, le Niger est devenu très stratégique pour l’affirmation de la présence militaire française en Afrique Subsaharienne.
Donc, l’ancien colonisateur a tout intérêt à ce que le pays demeure stable. Cela est un fait. Mais alors, qu’est-ce qui menace la stabilité du Niger au point d’inquiéter Hollande ? La remise en cause de la démocratie. Ça, il l’a dit sans ambages en réaffirmant avec insistance l’attachement de la grande France à la démocratie.

Il va même plus loin. En disant « la menace » ne peut être « un prétexte » pour mettre à mal la démocratie. Et si l’on remplace le mot « démocratie » employé par Hollande par le mot « liberté » on se rend compte que le cas Niger n’est pas très loin. N’allez pas vous imaginez que le grand toubab ne sait pas exactement ce qui se passe chez nous. A quoi servirait alors l’ambassade de France au Niger.
Les valises diplomatiques envoyées chaque semaine renseignent la Grande Métropole sur tout ce qui se passe dans le pays. Si Hollande est bien informé, cela veut dire qu’il est au courant des mesures de répression et d’interdiction de manifestations publiques dont sont victimes l’opposition politique et les organisations de la société civile qui ne chantent pas les louanges du régime.

Et peu avant sa visite dans notre pays, une manifestation du Collectif Sauvons le Niger a été interdite sous le « prétexte » de l’insécurité liée aux organisations terroristes. Et quand le président français dit :
« pour conjurer les menaces, il faut faire encore plus de dialogue, et plus de démocratie »
on ne peut pas ne pas faire le lien avec la violation des libertés de manifester dont le Guri system s’est rendu spécialiste. Si la démocratie n’était pas menacée au Niger pourquoi François Hollande a fait ce rappel, disons cette leçon ? Mieux, le président français, avec la fermeté d’un fermier blanc des années 30 rappelle que la France ne transigera pas sur les questions de respect du cadre démocratique:

« la France est attachée à ce que ces principes là (ndlr, de la démocratie) soient mises en valeur et surtout soient mises en œuvre » Les paroles de François Hollande sont assez clai- res pour quiconque veut réellement comprendre.
Le président français semble dire au président nigérien : « mon ami, je suis inquiet de la situation politique dans ton pays.
Mais si tu continues à maltraiter les libertés individuelles et collectives, ne compte pas sur moi pour te tirer d’affaire ». Et voilà qui serait bien dit si seulement Hollande l’avait dit ainsi à son hôte devant tout le monde. Hélas ! La diplomatie a ses règles et tous sont tenus de les respecter même les puissances coloniales


Amadou BELLO

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