Le verdict du PNUD portant sur le rapport mondial sur le développement humain 2013 est tombé, le 24 juillet dernier, tel un couperet.
Une fois de plus, dans le rapport, notre pays, le Niger, occupe la 187ème place sur 187 pays en indice de développement humain. Pour tout Nigérien imbibé, ne serait-ce que d’un brin de patriotisme, ce rang pas du tout enviable attribué à notre pays a été ressenti comme un véritable coup de massue.
Loin de nous l’idée d’engager une polémique inutile du genre à jeter du discrédit sur ce rapport mondial élaboré par le PNUD, qui se trouve être un des principaux partenaires actifs pour soutenir notre pays dans ses efforts de développement.
Mais, convenez avec moi, qu’il apparait, dans ce classement, des situations sur lesquelles il est difficile de convaincre le commun des mortels.
Par exemple, les experts auront beaucoup de mal à nous convaincre, nous autres qui ne sommes pas dans le secret des critères de calcul de cet indice, comment il peut se faire que des pays littéralement ravagés par des crises sécuritaires graves, dépassent d’autres Nations ayant passé des mois entiers à mettre en œuvre des projets de société et des programmes de développement fiables, souvent même magnifiés et soutenus par les partenaires au développement.
Qu’on vienne expliquer aux novices que nous sommes, comment des pays en crise perpétuelle, où l’administration a longtemps cessé de fonctionner, où les enfants ont cessé d’aller à l’école, où le tissu économique a été littéralement saccagé, où les droits les plus élémentaires sont bafoués, et où les populations sont jetées en masse sur les chemins de l’exil, pourront, mine de rien, se classer en bonne place devant tant d’autres pays qui ont su assurer la quiétude sociale favorable à leurs citoyens, leur permettant ainsi de se mobiliser en toute quiétude sur les chantiers du développement.
C’est faute de convaincre les observateurs sur toutes ces questions qu’à chaque fois, la publication de ce classement des pays a suscité des interrogations, des frustrations, voire des désapprobations pures et simples. Par exemple, à l’issue du classement 2005, lorsque le Niger avait été classé à la dernière place, c’est le Représentant de l’ONU à Niamey en personne, qui a pris son courage pour déclarer que les indicateurs sur la base desquels notre pays avait été noté ne reflétaient en rien la réalité du Niger.
A titre illustratif, il avait précisé que le taux de scolarisation de 21% qu’on avait attribué au Niger pour servir de base au classement, »ne reflète pas la réalité, et a donc faussé le classement établi par le PNUD ».
Dans la même foulée, lors du classement 2009, le Sénégal et le Maroc ont réagi énergiquement en portant réserve sur la fiabilité de ce classement.
A Dakar, les autorités de l’époque ont clairement suggéré que les éléments, le mode et la composition de cet indice soient carrément revus, estimant que dans son contexte actuel, l’indice ne traduit pas réellement les efforts de développement des pays, les aspects qualitatifs n’étant pas mis en avant.
Le débat est de fait lancé. Et entre autres questions, beaucoup d’observateurs en sont arrivés à craindre que ce classement mondial IDH, dans son contexte actuel, n’aboutirait pas au contraire l’effet escompté.
Car, si en définitive, l’objectif visé est d’inciter les Etats à fournir davantage d’efforts pour se hisser sur la voie du développement, les auteurs de ce rapport risqueraient, dans certains cas, de frustrer les acteurs et les décideurs de nos pays, et même de les décourager dans la mise en œuvre des programmes conçus pour apporter des améliorations sensibles dans la vie des citoyens. Ce qui serait un parfait gâchis…
A propos de l'auteur