Avant, on se plaignait à tue-tête des coupures intempestives du courant électrique. Mais maintenant, on a passé le cap de la lamentation pour se morfondre dans la totale désolation. En effet, depuis bientôt quatre jours, les lumières se sont éteintes pour ne plus scintiller, ne serait-ce que durant quelques minutes, dans la plupart des quartiers de Niamey.
Conséquence, ces derniers temps, les nuits sont devenues noires et très longues pour les habitants de la capitale. Fuyant les laideurs du masque opaque de la nuit qui enveloppe la ville, les gens s'empressent de rentrer chez eux, à l'abri de la tentation des malfrats de tous poils et autres esprits maléfiques qui guettent, prêts à sévir dans le noir. Mais une fois à la maison, il faut encore affronter les affres de l'ennui et de la chaleur torride qui vous plonge dans une profonde angoisse.
Plongés de longue heures dans les ténèbres de la nuit, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. Mais si pour les plus grands, l'on s'efforce de faire contre mauvaise fortune bon cœur, les bambins, eux, ne l'entendent pas de cette oreille. Ne pouvant plus supporter ce calvaire qui n'a que trop duré, les enfants, déjà tracassés par la phobie de l'obscurité, sombrent dans le désarroi. Ce qui explique un tollé de cris suraigus et de lamentations fusant ici et là dans les quartiers, nos ''petits anges'' effarouchés, n'en pouvant plus.
Mais le plus dur, avec cette interruption de la fourniture du courant électrique, c'est le chamboulement général qu'il implique dans l'activité économique. Tandis que les femmes voient leur petit commerce de vente d'eau fraiche s'écrouler autour d'elles, les commerçants et autres vendeurs des boissons gazeuses, produits facilement périssables, comme les laits et yaourt, évaluent, la mort dans l'âme, l'ampleur des dégâts enregistrés. Pire, même au sein de l'administration, le manque de l'indispensable courant électrique bloque la machine. Et ce n'est pas le recours à un groupe électrogène, aussi puissant soit-il, qui pourrait vous mettre à l'abri des désagréments. Ces engins étant conçus pour fonctionner à des temps limités, entre deux coupures, ils finissent par s'essouffler, puis s'estomper les uns après les autres. Ce qui fait que les réparateurs de groupes électrogènes sont actuellement débordés, tant ils sont sollicités ici et là dans la ville. Finalement, ces derniers sont les seules âmes qui voient leurs affaires monter en flèche en ces moments de pleine déconfiture.