Réuni ce vendredi 13 juin 2013 à son siège, sis quartier Koubya à l’effet d’examiner la situation très difficile qui prévaut dans la distribution du courant électrique suite à l’effondrement du réseau au Nigeria, le Collectif pour la Défense du Droit à l’Energie (CODDAE), fait la déclaration suivante.
Depuis trois semaines des coupures d’électricité de longues durées d’une ampleur exceptionnelle interviennent sans cesse à Niamey. Pire, ces derniers jours, la capitale du Niger est victime d’un black-out presque total et les programmes de délestages se déroulent d’une manière peu professionnelle. Les organisations des consommateurs ne sont pas informées, les périodicités des délestages ne sont pas communiquées, les horaires ne sont jamais respectés pour permettre aux usagers de s’organiser en conséquence.
Aux grands centres, c’est le calvaire, marchés et commerces fonctionnent au ralenti. Certains citadins ne voient plus d’éclairage public, l’eau coupe à chaque instant, plus de programmes TV, plus de conservation au froid, plus d’ordinateur, plus de production dans les ateliers, plus de charges de téléphones portables, l’administration chemine au rabais, les usines et les sociétés s’arrêtent, la santé des populations menacée, la productivité et le business affectés. Ce qui était très disponible et bon marché est devenu rare et de plus en plus cher pour de simples raisons d’offre et de demande. Par exemple, l’eau fraiche qui se vendait à 10 FCFA, le sachet plastique est revendu à 50 FCFA au quartier Poudrière, Wadata et Tallagué.
Il s’agit là d’un paradoxe pour un pays comme le nôtre, pays du Professeur Abdou Moumouni Dioffo et du Professeur Albert WRIGHT, pionniers africains du solaire, et d’autre part un pays détenteur de ressources naturelles comme l’uranium, le pétrole, le gaz, le charbon, etc.., d’être confronté à un sérieux besoin d’électricité à un moment décisif de hautes chaleurs où la température ambiante monte jusqu’à 44° à l’ombre.
Présentement, tous les quartiers sont rentrés dans une nouvelle phase où les usagers enregistrent quarante-huit à soixante-douze heures de coupures non-stop. Les consommateurs se disent être abandonnés à leur sort puisqu’ils ont juste eu droit qu’à quelques brefs communiqués de la Nigelec. Malgré cela, aucun programme de communication véritable n’accompagne cette grave situation qui mérite un autre traitement. Il n’y a que les quartiers des privilégiés qui se frottent les mains, alors que tout le monde doit souffrir en pareille circonstance.
Toutefois, il faut reconnaitre que les problèmes actuels doivent découler très certainement de plusieurs années de mauvaise gestion technique et financière à la Nigelec. Cependant avec l’arrivée des nouvelles autorités, les Nigériens étaient en droit de voir propulser une nouvelle dynamique de gestion de l’électricité associant toutes les compétences nationales tant est crucial le sujet de l’énergie en matière de développement dans un pays comme le nôtre.
A cet égard, le CODDAE attire l’attention du Directeur Général de la Nigelec et du Gouvernement de la 7ème République que le moment est enfin arrivé pour prendre le taureau par les cornes afin de mettre fin à la souffrance que vivent les usagers chaque année à pareil moment. Cette crise énergétique doit surtout conduire les Nigériens à ne plus considérer l’électricité comme un simple produit de consommation, mais comme un vecteur prioritaire dans l’amélioration des conditions de vie et de travail.
Le CODDAE relève que dans certains pays voisins, ce genre de situation se pose très rarement et dans un délai relativement court du fait de la structure et de l’organisation fiable du réseau électrique. Pour pallier aux difficultés, certains consommateurs ont élu domicile dans leur cour où ils dorment à la belle étoile. D’autres se ruent sur des moyens de production d’électricité à faible ou moyenne puissance dont des groupes électrogènes, des photovoltaïques mais quels qu’ils soient, ce sont des produits très onéreux pour nos paisibles citoyens.
Il y a donc urgence à créer les conditions opérationnelles pour assurer la continuité et la régularité des services, en attendant l’aboutissement des projets Kandadji en construction, la centrale thermique de Gorou Banda de 100 MW, la centrale à charbon de Salkadamna et les futurs chantiers d’énergies renouvelables. Aussi, il y a fondamentalement un besoin pressant d’une réflexion du Conseil Economique, Social et Culturel (CESOC) sur la production électrique nationale en lieu et place de la dépendance du Nigéria voisin pour nous éviter les lourdes épreuves et autres tracasseries inutiles.
Le CODDAE constate malgré la présence de plusieurs groupes en location inaugurée par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, que cette nouvelle crise électrique prend de plus en plus de l’ampleur alors que le droit à l’énergie est prescrit aussi bien dans les Principes Directeurs des consommateurs adoptés par les Nations Unies que dans la Loi fondamentale à son article 147. C’est pourquoi, le CODDAE attire l’attention de l’Assemblée Nationale sur la nécessité de convoquer d’urgence une session extraordinaire pour se pencher véritablement sur la question de la fourniture d’énergie électrique au Niger.
Aussi, le CODDAE condamne la fuite en avant de certains agents de la Nigelec et leur mépris vis-à-vis des consommateurs quant à la gestion inéquitable des délestages. Demande au Ministre de l’Energie et du Pétrole de communiquer sur cette crise énergétique en apportant toutes les précisions nécessaires afin de mettre fin aux rumeurs qui circulent à Niamey.
En matière d’énergie électrique, il vaut mieux dire la vérité aux consommateurs car la solution technique n’est pas simple et ne peut être immédiate. Elle demande du temps et de l’argent.
A cet effet, interpelle particulièrement le Président de la République à porter de nouveau une attention particulière à ce problème qui n’a que trop duré.
Dans un tel contexte d’insécurité qui préoccupe tous les Nigériens, que représentent d’autres efforts financiers supplémentaires du Gouvernement si l’on se rapporte aux conséquences humaines, sociales et économiques de cette situation, même s’il s’agira de centaines de milliards de FCFA à injecter aussitôt dans le secteur électrique ?
C’est pour toutes ces raisons que le CODDAE demande aux partenaires et aux investisseurs de venir en aide au Niger pour faire face à cette situation, car le développement c’est surtout les infrastructures énergétiques dans un pays.
En tout état de cause, le CODDAE se réserve le droit de manifester si aucune mesure n’est envisagée.