La révocation, le 31 juillet sur décision du Conseil des Ministres, du Maire Central de la Ville de Maradi, Kassoum Moctar soulève des vagues à Maradi car, l’effet de surprise passé, la population commence à réagir.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est le parti RSD Gaskiya lui-même qui risque de prendre un coup sérieux si rien n’est fait pour désamorcer la bombe.
Dans une déclaration qu’ils ont rendue publique, les responsables des 17 quartiers de la Ville de Maradi ont décidé de « suspendre toutes les activités du parti » dans leurs structures. Ils ont en outre sommé le Président du parti, Cheiffou Amadou de se présenter personnellement à Maradi afin de donner des explications aux militants de base parce que selon la déclaration, les militants rejettent en bloc les explications fournies par une mission dépêchée sur place. Dans la même lancée, les auteurs de la déclaration ont exigé « la convocation immédiate de l’Assemblée Générale et du congrès du parti au plus tard dans deux mois ».
Quelques jours plus tard, c’est à la jeunesse du Rassemblement Social-Démocrate (RSD Gaskiya d’emboîter le pas à ses aînés afin de poser les mêmes revendications. Au-delà des structures, ce sont des militants influents du RSD Gaskiya qui commencent à manifester leur ras-le-bol. Pour cause ? Ces militants du RSD Gaskiya n’ont pas encore fini de digérer la pilule amère que leur a fait ingurgiter le régime de la 5ème république en balayant l’ensemble des maires des 3 communes, notamment Mansour Dan Bello, Illiasou Garba et feu Sani Ali ; mais aussi le Président de la Communauté urbaine de l’époque, en l’occurrence feu Idi Mallé. Selon eux, aucun Président de Parti ne peut accepter un tel affront de la part de ses alliés. Aujourd’hui que l’histoire se répète, avec la révocation subite du Président du Conseil de Ville de Maradi, Kassoum Moctar, l’incompréhension est encore plus grande. Elle est si grande que tous y voient la main cachée du président du parti.
Cette colère qui commence à sortir au grand jour risque de porter un grave préjudice au RSD Gaskiya. On se rappelle que certains militants de ce parti, et pas des moindres, s’étaient vivement opposés à la décision de Cheiffou Amadou de soutenir le candidat du PNDS Tarayya lors des dernières élections présidentielles. Avec « l’affaire Kassoum Moctar », nombreux sont ceux, au sein du RSD, qui commencent à penser que l’histoire a fini par donner raison à tous ceux-là qui refusaient toute idée de soutien au PNDS. Et au regard du poids électoral dont ils disposaient et de l’évidente sympathie dont ils jouissent, un frustré de plus, en l’occurrence Kassoum Moctar, ne peut que donner le coup de grâce à un parti jadis chancelant et à qui la présidence de Kassoum Moctar de la Mairie de Maradi a commencé à redonner vie. Qu’on le veuille ou non, cette révocation a créé une forte sympathie pour la personne de Kassoum Moctar dans la ville de Maradi, dans une large majorité des Rassemblement Départementaux (RADEP) que compte le RSD dans la région de Maradi mais aussi jusque dans les rangs de certaines personnes qui ne le portaient pas dans le cœur.
Autre couche sociale dans laquelle la révocation de Kassoum Moctar a suscité de la rage, c’est celle des petits revendeurs et commerçants. En effet, ces derniers sont reconnaissants envers Kassoum pour le simple fait que, conformément à un accord passé en 2010 lorsqu’il s’était agi de démolir le marché, le principe a été retenu de les privilégier dans l’attribution des boutiques du nouveau marché.
Ces revendeurs et commerçants avaient même accepté de renoncer au dédommagement, d’environ 2 milliards de francs CFA, qui devrait leur revenir. Le comité mis en place afin de procéder à l’attribution des boutiques a effectivement pris en compte ce paramètre en réservant 835 boutiques aux anciens occupants, malgré la pression exercée par certaines grosses fortunes du Nigeria qui auraient demandé plus de 200 boutiques ! Or, s’il faut tenir compte de la demande des populations de Maradi, la totalité des boutiques n’auraient pas suffi. Et s'il faut octroyer plus de 200 boutiques à une seule grosse pointure, il n’y a pas plus grande injustice qui pourrait être commise. Beaucoup, à Maradi, estiment que si Kassoum a coulé, c’est pour défendre un serment : celui de privilégier les commerçants et petits revendeurs de Maradi dans l’octroi des boutiques.
En exigeant la tenue immédiate de l’assemblée générale du rassemblement régional du parti orange, les signataires des déclarations, ci-haut citées, selon de sources proches du RSD, entendent régler définitivement les incompréhensions qui minent la vie du parti. Il s’agirait de faire en sorte que militants et responsables du parti parlent le même langage et regardent dans la même direction. En exigeant la tenue du congrès, selon toujours nos sources, il ne s’agit pas de défier l’autorité du Président Cheiffou Amadou, mais de créer les conditions d’un échange fructueux entre les militants du RSD afin d’assurer sa survie dans le gotha politique nigérien.
Quoi qu’il en soit, les multiples démarches entreprises par le bureau politique national, notamment la mission d’explication dépêchée à Maradi, ne semblent calmer les militants du RSD Gaskiya. Le président Cheiffou Amadou saura-t-il entendre cet appel pressent de sa base ? saura-t-il mettre en avavnt les intérêts de son parti ? Seul le temps permettra de répondre à ces questions. Pour l’heure, la tension germe de plus en plus et c’est l’avenir du RSD qui demeure en jeu.