Ces dernier temps, l'inquiétude règne! Pour le moins qu'on puisse dire, il ne fait pas bon de voyager par-delà les frontières en Afrique de l'Ouest.
Ebola oblige, la règle sacro-sainte de la libre circulation des personnes et des biens dans l'espace sou-régional a pris un sérieux coup.
Dans un réflexe de survie, les pays se sont ''barricadés'' derrière un mur de mesures préventives. Tandis que certains pays comme le Sénégal et la Guinée ont carrément fermé leurs frontières avec les pays à risques, les autres pays de la sous-région n'ont pas lésiné sur l'application des mesures recommandées par l'OMS en vue de circonscrire l'épidémie. Ainsi, les voyageurs sont-ils soumis à des contrôles intensifs et assez rigoureux dans les aéroports et au niveau des différents postes frontaliers.
La situation est plus critique dans le secteur du transport aérien où, après que des cas ont été détectés, sur certaines lignes, la vigilance prend l'allure de mesures contraignantes. D'ailleurs, des vols ont même été suspendus sur les lignes desservant les pays touchés. Toute une batterie de mesures qui viennent fouler aux pieds les conventions obtenues de hautes luttes par nos organisations d'intégration sous-régionale telles que la CEDEAO et l'UEMOA.
Et à l'intérieur des frontières, aussi bien dans les pays touchés par le méchant virus que ceux qui en sont encore épargnés, la panique règne. Elle se traduit par la méfiance à l'égard des gens souffrant d'une quelconque maladie se manifestant par une fièvre aiguë.
De nos jours, il suffit que quelqu'un présente des signes de diarrhée ou de vomissement, qu'on commence à le craindre. Personne ne se sent plus en sécurité. Les gens évitent les hôpitaux de peur d'être infestés par des maladies incurables, et surtout par les agents de en contact permanent avec toutes sortes de maladies.
Dans cet ultime élan d'instinct de survie, les gens en sont arrivés à bafouer les valeurs cardinales chères aux sociétés africaines, à savoir celles de la solidarité et de la compassion, face aux difficultés du moment.
Ainsi, dans les zones touchées par le fléau, la stigmatisation des malades soupçonnés d'être atteints de l'Ebola mène droit à la mort lente et dans la solitude la plus absolue. Le cas le plus pathétique est venu de Ballajah, un village du Liberia. Dans ce hameau fantôme hanté par la peur de la fièvre hémorragique, les habitants ont cess
é d'être des ''humains''. Vaincus par la phobie du virus, ils en sont arrivés à emmurer deux des leurs atteints de la redoutable maladie. Il s'agissait d'une femme et de sa fillette de 12 ans, la nommée Fatou Sherrif. Après avoir tenu une semaine entière aux côtés du corps de sa mère, sans nourriture ni eau, comme le rapporte un confrère de l'AFP, la petite Fatou Shérrif rendit finalement l'âme à son tour, dans l'indifférence totale des autres habitants du village.
Dire que jusqu'au 20 juillet, date où le virus mortel a été suspecté dans sa famille, cette adolescente menait une vie sans histoire avec sa famille dans une parfaite harmonie au sein de ce village qui l'a vue naître et grandir...C'est dire qu'en plus de détruire des vies humaines, le maudit virus d'Ebola détruit aussi nos valeurs sociales jusque-là restées sacrées.