Comme tous les observateurs sincères le savent désormais, si la fameuse affaire dite des bébés importés connaît tout le boucan qu’elle connaît depuis son déclenchement, c’est en réalité parce que l’une des épouses du Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou y est impliquée.
C’est en effet un secret de polichinelle que les tenants du pouvoir du Guri System déploient toute leur énergie pour liquider leur ancien allié qui passe aujourd’hui pour être leur principal ennemi. Après l’échec de leurs tentatives entreprises lors de la 1ère session ordinaire de l’Assemblée nationale pour régler ses comptes à l’encombrant opposant, les responsables du Guri System pensent maintenant trouver dans l’affaire dite des bébés importés une occasion en or pour finir au plus vite avec Hama Amadou. Dans un premier temps ils s’étaient lancés dans une véritable campagne médiatique, en s’appuyant sur leur presse, pour démontrer à l’opinion que l’affaire dite des bébés importés est d’une gravité telle que toutes les personnes qui y sont impliquées doivent être bannies de la société nigérienne.
Mais l’objectif recherché n’avait visiblement pas été atteint car, dans leur écrasante majorité, les Nigériens n’ont pas accordé un réel intérêt à cette affaire. La mort dans l’âme, le Guri System s’est ensuite tourné vers la justice en demandant au Parquet de se saisir de la fameuse affaire. Une enquête fut alors ouverte, qui aboutit à l’arrestation de plusieurs personnes, dont les femmes accusées d’avoir importé les bébés. Là aussi la soif du Guri System n’a pas été étanchée car, même après avoir mis son épouse sous mandat de dépôt au Camp pénal de Kollo, la justice ne s’est pas encore intéressée à la principale cible qu’est Hama Amadou. Mais le Guri System ne semble pas pour autant baisser les bras. Décidé à obtenir la liquidation de Hama Amadou au moyen de cette affaire, y compris en sacrifiant le Ministre d’Etat Abdou Labo qu’il utilise pour casser le parti CDS-RAHAMA de Mahamane Ousmane, il vient de recruter de nouveaux mercenaires au sein de certaines orga- nisations de la société civile.
La mission de ces mercenaires consiste à exercer une forte pression sur le juge chargé du traitement de l’affaire dite des bébés importés pour qu’il demande la levée de l’immunité de Hama Amadou. C’est ainsi que le week-end dernier, les Nigériens ont vu beaucoup d’acteurs de la société civile, désormais au service du Guri System, monter aux créneaux pour, soi-disant, exiger une justice équitable dans le traitement de l’affaire dite des bébés importés. Le samedi 9 août, certains de ses acteurs de la société civile ont même entrepris d’organiser un meeting pour exiger de la justice qu’elle s’intéresse aux autres personnes qui pourraient être impliquées dans cette affaire, notamment le Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou.
Mais les Nigériens ont refusé de suivre ces aventuriers qui se sont retrouvés seuls dans le petit auditorium de la Maison des jeunes Diado Sékou de Niamey. Et comme ils ne connaissent pas la honte, les organisa- teurs de cette manifestation, ils ont tenté de justifier l’impopularité de leur action par le fait qu’à cause de la pluie qui s’était abattue le samedi sur Niamey, les populations n’ont pas pu sortir. Or, on a vu les mêmes populations assister à des cérémonies de baptêmes et mariages et à s’occuper de leurs activités quotidiennes. Le dimanche 10 août, c’est un autre groupe d’acteurs de la société civile, visiblement acquis à la solde du Guri System aussi, qui a été invité à un débat, manifestement arrangé sur la même affaire dite des bébés importés, organisé par une télévision privée de la place dont tout Niger connaît désormais la nouvelle ligne éditoriale.
Malgré la présence d’un avocat qui tentait de donner une lecture juridique du traitement de cette affaire, ces acteurs de la société civile se sont déployés à démontrer que l’affaire dite des bébés importés est une vraie histoire et que le juge chargé de son instruction doit aller vite, en écoutant ou même en arrêtant le Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou et l’autre victime collatérale qu’est le Ministre d’Etat Abdou Labo. Des principes universellement consacrés comme la présomption d’innocence, ces justiciers d’un autre genre s’en moquent éperdument ! Mais il eut fallu au moins qu’ils exposent des preuves matérielles sur la culpabilité de toutes les femmes arrêtées dans cette affaire et celle de leurs époux.
Mais au lieu de cela, nos pauvres acteurs de la société civile se sont simplement agrippés aux propos tenus par le Procureur de la Républi- que adjoint et le Ministre de la jus- tice. Faisant comme si les Nigériens ne savent pas qui ils sont, les ac- teurs de la société civile présents à ce débat du dimanche se sont même érigés en donneurs de leçons sur la façon dont il faut constituer une fa- mille dans la société nigérienne. Ces acteurs de la société civile qui voci fèrent sur les médias pensent-ils pouvoir impressionner le juge en charge de cette affaire pour qu’il agisse dans le sens qu’eux et leurs commanditaires veulent ? Le Niger a cette chance d’avoir ces dernières années une nouvelle génération de magistrats, jaloux de leur indépendance et respectueux de l’éthique et de la déontologie de leur profession, qui résistent à toute pression d’où qu’elle vienne.
Mais apparemment il y a encore des Nigériens qui n’ont pas compris cela et qui pensent qu’il suffit de venir faire du bruit sur les médias pour influencer les porteurs des toges noires. Dans une affaire aussi compliquée que celle dite des bébés importés, l’honnêteté, la prudence et l’impartialité ne commandent-elles pas à un acteur de la société civile digne de ce nom de mener ses propres investigations ou, à défaut, laisser la justice qui est déjà saisie du dossier finir son enquête et apporter les éléments de preuve culpabilisant les personnes accusées, avant de réagir? Malheureusement, ici au Niger, certains ne sont acteurs de la société civile que de nom. Ils utilisent juste ce titre pour tromper le peuple et les bailleurs de fonds. Mais le peuple, lui, a commencé à comprendre, à travers son refus de répondre aux appels de ces acteurs qui, dans un passé récent, arrivaient à le mobiliser par des simples claquements des doigts.